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— Arnaud Briel ! Tiens, tu ne m'avais pas manqué toi ! apostrophe Alessia.

À peine arrivée au lycée, elle a aperçu le Scotch qui tentait tant bien que mal de s'arrimer à Lizzy. SA Lizzy.

Le Scotch, c'est le nom que les deux jeunes amoureuses ont donné à Arnaud à la suite de leur discussion par message hier soir. Cela lui va très bien, après tout.

En entendant son nom crié à travers la cour du lycée, l'interpellé se retourne. Il pâlit un peu en apercevant Alessia. Il faut dire que l'italienne à une réputation de fille franche et même provocante au sein de l'établissement. Sans oublier que son léger accent italien, bien qu'un peu endommagé par son apprentissage du français à un très jeune âge, ne l'aide pas à passer inaperçue.

— Alessia...

— Tu connais mon prénom ? Waouh, je vois que tu ne vis pas dans une grotte, réplique la brune, sarcastique.

Elle lance un regard à Lizzy, faisant semblant de la prendre comme une amie plus qu'une petite-amie.

— Bonjour Lizzy. Alors comme ça, on vient se frotter à Briel ?

La rousse s'approche d'Alessia et lui fait la bise. Étouffant un gloussement, elle essaie de se retenir de rire devant le ridicule de la situation.

— Je n'ai pas eu tellement le choix en fait... laisse-t-elle échapper.

— Je me disais bien aussi. Briel, tu n'as toujours pas compris que non c'est non ? demande-t-elle en se tournant à nouveau vers Arnaud.

Ce dernier, qui a un peu repris confiance, se relève et fait face à Alessia.

— Chacun son tour, Di Marzio, fait-il en haussant les épaules. Si tu veux sortir avec moi, attends que j'en ai finit avec Lizzy.

Alessia ouvre grand les yeux. Attendez, cet abruti a cru qu'elle était intéressée par son petit ego gonflé à bloc et ses airs de grand supérieur à la gente féminine ? Que ses pulsions animales lui donnait le droit de marcher sur les platebandes de toutes les filles qu'il croisait ?

Alessia prit une grande inspiration. S'il fallait remettre à sa place cet énergumène, elle le ferait sans soucis.

— Attends, quoi ? s'esclaffe-t-elle. T'as cru que tu m'intéressais ? Que j'en avais quelque chose à faire de ta tête de bouffon ? Mais espèce de raclure, j'écrase ta tentative de virilité achetée sur eBay, et j'écrase tes convictions toxiques de connard. Étouffe-toi bien entre mes seins, espèce d'enfoiré.

— Mais t'es une salope en fait... Moi j'ai été gentil ! Comme d'habitude, vous vous tournez vers les connards et après vous vous plaignez...

— Tu fais parti des connards ! réplique Alessia, choisissant délibérément d'ignorer le premier commentaire. Ni Lizzy ni moi ni personne d'autre ne te devons quelque chose. T'as été gentil ? C'est bien ! Tu veux une médaille ? Un trophée ? Un cookie ? Un certificat ? On ne te doit rien. Pas un mot, pas un sourire, pas un rendez-vous, pas même cinq minutes de notre temps trop précieux pour les individus dans ton genre. Être gentil ne veut rien dire, parce que c'est normal. Personne ne te devra jamais rien parce que tu as été gentil, Arnaud Briel.

Alors même qu'Arnaud ouvrait la bouche dans l'intention évidente de couper à nouveau Alessia, cette dernière reprit :

— Héhéhé ! Tu la fermes, je n'ai pas fini. Tu veux être vraiment gentil ? Tu laisses tomber ton honneur et tu pars. Tu laisses tranquille Lizzy.

— Hey ma belle, tu t'emballes beaucoup pour rien... réplique Arnaud avec une condescendance couverte de mépris.

Alessia s'étouffe en entendant le jeune homme. Mais il se prend pour qui ce débile ?

— "Ma belle" ? "Ma belle" ?!! Tu veux savoir un truc Arnaud ? Va bien te faire foutre. Je ne suis pas ta "belle". Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans le mot "non" ? Tu veux quoi ? Un mot signé par mon père ? Une autorisation de refus ? Mon pied dans ton système solaire ?

— Écoute, ma belle, je...

— Si tu ne veux pas que j'atomise ta descendance, bouge de là.

— ... pense sincèrement que tu te mêles de ce qui ne te regardes pas. Allez, laisse-moi avec Lizzy maintenant, je dois conclure moi tu sais... Ce n'est pas parce que tu aimerais m'avoir que tu dois te comporter comme une hystérique. Tu t'es trop emballée pour rien. Trouve-toi un mec et apprends la vie, sale pute.

Arnaud a à peine terminé sa phrase que le genou d'Alessia s'écrase dans ses parties, provoquant les gémissements du propriétaire.

— J'espère au moins que ça freinera ta production de testostérone, bâtard.

Tournant les talons, Alessia s'éloigne rapidement pour rentrer dans le lycée, ne souhaitant pas rester une minute de plus en la compagnie du Scotch. Lizzy est obligée de courir pour la suivre.

— Alessia ! Attends !

La rousse finit par rattraper sa copine dans le couloir du rez-de-chaussée et l'arrête. Elle constate d'ailleurs et avec beaucoup d'étonnement que de petites perles mouillées dévalent les joues de l'italienne.

— Pourquoi tu pleures, Lessie ? chuchote Lizzy.

— Pardon... renifle la jeune femme en essuyant maladroitement ses yeux emplis de larmes. J'en ai marre... Il me tape sur les nerfs...

— Je comprends... Moi aussi... Oublie-le, Alessia...

La rousse prend sa copine dans ses bras, la serrant aussi fort que possible. Elles se cachent à l'abri des regards, dans le recoin du couloir, essayant de passer inaperçues, bien que leur câlin pourrait tout à fait être considéré comme amical.

L'italienne se calme rapidement sur l'épaule de sa petite-amie. Après tout, pourquoi pleurer ? Ce gars-là n'en vaut pas la peine. Elle se redresse, les yeux rouges mais de nouveau déterminée.

— Tu sais quoi Liz' ? On va l'ignorer. S'il recommence, je le prive encore une fois de toute lignée. Et s'il est vraiment con et qu'il insiste, on ira porter plainte pour harcèlement.

La rousse sourit en voyant Alessia mettre ses poings sur ses hanches. Elle admire énormément sa brune, même avec son caractère tout feu tout flamme et ses sautes d'humeur constantes. En fait, cela fait tout simplement parti d'elle. Elle est parfaite avec son accent de bilingue et ses expressions italiennes placées au hasard de ses phrases. Elle est magnifique avec son 85B et sa - très - grande taille. Elle est magnifique avec tous ses défauts, tout compte fait.

Elle est magnifique parce que quand on s'appelle Alessia Di Marzio et qu'on est vue à travers les yeux de Lizzy Richards, on est forcément magnifique.

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