Epilogue

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— J'arrive Doréa, mon cœur, j'arrive.

Dans un soupir, Alessia repose son livre sur l'accoudoir du canapé. Après avoir repoussé l'horrible plaid violet offert par sa mère il y a des années de ça, elle se lève, dépliant son corps endolori par une heure de lecture sans bouger. Le tissu tombe à terre sans un bruit. Le brune jette un coup d'œil distrait à l'un des derniers objets en sa possession qui la lie avec sa famille. La vue de cette chose décolorée et décousue la ramène des années en arrière, lui rappelant tous les souvenirs, agréables ou non, accrochés à l'étoffe. Mais bien vite, les plaintes la ramènent au présent.

— Doréa ? Mon bébé ? J'arrive, répète la jeune femme.

Elle monte rapidement les marches de l'escalier, manquant de tomber dans sa précipitation. Elle a entendu son petit bébé pleurer, et elle ne supporte pas d'entendre sangloter les gens qu'elle aime.

La brune finit par pousser la porte de la chambre, massant son coude qui a malencontreusement heurté la commode du couloir de l'étage. Bien mal placée, celle-là.

— Shhh trésor, chuchote la brune en prenant Doréa dans ses bras. Je suis là. Qu'est-ce qu'il ne va pas ?

Lizzy claque son miroir de poche, agacée. L'affluence des quais du métro de Paris l'insupporte de plus en plus. Toutes ces têtes blasées d'une vie faite de répétitions la hantent jusque dans son sommeil. Tous ces gens enfermés dans leur insupportable routine, qui n'arrivent même plus à sourire devant les choses simples, lui donnent la nausée.

Faisant claquer ses talons sur le sol, la rousse joue des épaules pour rejoindre la surface. Elle est réellement éreintée, en plus d'énervée. Cette journée a été une torture. Sa nouvelle secrétaire est un espèce de greluche hystérique qui crie à la moindre occasion et surtout sans motif valable. À force de hurler comme un animal, elle a réussi à filer un puissant mal de tête à Lizzy.

Tout en arpentant les rues de la capitale, la jeune femme fait tourner son alliance autour de son annulaire gauche, essayant de penser à sa famille pour se calmer. Elle s'est mariée il y a trois ans, peu après avoir fini ses études. Elle a une fille aussi, elle a presque un an. Un adorable bébé.

Sa vie est finalement banale mais heureuse. Elle n'aurait pu espérer mieux. Elle n'a jamais aspiré à une vie faite d'opulence et de gloire, et son poste de notaire, dans un quartier tranquille de Paris, lui convient parfaitement bien puisqu'il ne correspond à aucun des deux adjectifs cités plus hauts.

— Je suis rentrée ! lance la jeune femme en poussant la porte de l'appartement.

— Je suis rentrée !

Alessia relève la tête en entendant la voix de Lizzy. Un immense sourire vient éclairer son visage. La rousse est rentrée.

— Tu viens Doréa ? Lizzy va être contente de te voir, chuchote-elle à sa fille.

La brune se lève, son bébé toujours dans les bras. Doréa ouvre de grands yeux noirs, ses pleurs calmés par la berceuse italienne chantée par sa mère.

— Chérie ? appelle la voix de la rousse, au rez-de-chaussée.

— Je suis là Lizzy. Je descends.

— Je... Hé ! Adelia !

Alessia rejoint sa femme, accroupie au pied de l'escalier, en train de caresser Adelia. Malgré son âge avancé, la chienne d'Alessia ne manque jamais de faire la fête à Lizzy quand elle rentre. Une réjouissance qui perd progressivement de sa vigueur avec les ans, mais la petite boule de poils n'a jamais manqué ce rituel depuis une décennie. Ensuite, elle retourne se coucher sur son coussin, où elle dort pratiquement toute la journée.

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