Jour trois, partie deux.

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N'avez vous jamais eu peur au point de ne plus pouvoir bouger ? De vouloir intervenir, mais vos membres semblent paralysés ? N'avez vous donc jamais manqué de salive, manqué de souffle, manqué un battement de coeur ?

Encore couchée sur le lit, ma tachycardie grandissante, j'étais en train de goûter à la véritable frayeur. L'horreur pure.

Mais pas une peur comme une autre. J'ai beau être arachnophobe, j'aurais put avoir une araignée à mes côtés et refuser de bouger tout de même.

J'avais peur de mourir.

Enfin, les coups de feux s'arrêtèrent. Mais bizarrement, la tension du silence qui régnait même dans une autre pièce que le salon me donnait la chair de poule. Lentement, je me levais en sortant de ma cachette. La porte entrouverte me permis de sortir de la pièce sans bruit. Sur la pointe de mes pieds nus alors, je rejoignis le haut des escaliers et m'acroupis de façon à observer la scène sans me faire repérer. Je voyais l'étage inférieur à travers la barreaux, et j'avais collé mon dos contre une petite étagère. Il y avait si peu de bruit que je retint un maximum ma respiration. D'ici, je pouvais voir Victoria, un flingue à la main. Il n'était pas braquée sur quelqu'un, et les trois hommes en face d'elle ne la regardait plus. La porte d'entrée avait claquée, et les quatre personnes en bas regardaient dans la même direction. La porte d'entrée à vrai dire, que je ne voyais pas. Je tentais alors de me lever un peu, ma tête cognant contre un objet froid en métal qui semblait être posée sur l'étagère. L'objet tangua, et déséquilibré, il tomba de mon côté. Par réflexe de survie, afin d'éviter un bruit qui me coûterais la vie, je rassemblais mes mains afin de réceptioner la masse de métal. Je fermais les yeux lorsque je sentit le froid pour me concentrer sur le bruit et tenter de l'estomper. Le coeur battant, je rouvris les paupières, et retint un cri de frayeur. J'avais dans la main un véritable revolver. Je me retint également de le lancer, sachant bien évidemment que ça ferait du bruit. Mais de tout façon, du bruit j'en avais déjà fait, et personne n'avait semblé trouver ça suspect, puisqu'ils étaient tous occupés à regarder la porte d'entrée. Il y avait un silence pesant, brisé par le simple claquement de chaussures sur le sol. Un peu tremblante, je regardais le pistolet posé aux creux de mes mains et déduisit qu'il était chargé de véritable balle.

J'avais déjà tiré avec un pistolet à bille un jour, à la fête foraine. Mais si je ratais un ballon, je perdais un nounours, pas ma vie. Je répétais cependant les mêmes gestes. L'oeil dans la lucarne, le souffle régulier, et le doigt sur la gâchette. Je n'avais pas oublié de charger avec le moins de bruit possible, et j'avais vérifié d'enlever la sécurité de l'arrière. Et actuellement, je priais pour que je sache viser.

Il faut dire que je n'ai jamais loupé un ballon de ma vie, et j'ai toujours eu mes nounours.

J'avais visé la tête d'un des mecs en bas. Celui qui avait la main sur son propre flingue en fait. S'il touchait à Vicky, j'essayerais de le tuer.

- Alors Bill, on pénétre dans ma maison sans demander ?

Mon coeur s'arrêta définivement, et ma tête sembla hésiter entre le soulagement et l'augmentation de ma peur. Je la connaissais cette voix, à présent.

C'était Hygan. Il était là. Et j'avais juré que les gars avaient peur.

- Vous pouvez toujours vous enfuir mais je vais tout de même vous tuer.

Je regardais Victoria qui avait recouvert le sourire. Moi, je déglutis difficilement, sachant que j'allais assister à une scène de crime par la bande de mon cousin. De mon meilleur ami, mon frère, mon Louis. Faisait il ça lui aussi ? Tuait-il sans remord, sans coeur, sans doute ? Non. Pas lui.

DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant