Jour cinq.

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    Il était quatre heures du matin lorsque je me réveillais cette fois ci. Il ne faisait toujours pas beau, puisque j'entendais la pluie marteler la fenêtre. C'était bizarre, je ne reconnaissait pas vraiment ces draps. Puis il y avait un mur à ma droite, alors que chez Hygan le lit est au centre de la chambre.

En panique, je me levais allumer la lumière. Enfin, instinctivement je cherchais l’interrupteur sur les murs, sans réellement savoir ou il était, et la pièce fut complètement éclairée lorsque je l'allumais.

J'étais chez moi.

Mon étonnement fut tel que je reculais devant la surprise. Je n'étais pas allée dans ma chambre que depuis quelques jours, mais j'avais l'impression que ça faisait une éternité. Mon cœur se mit à tambouriner ma poitrine, est-ce que tout ça n'était qu'un rêve ? C'était bizarre de voir mes volets fermés et mon réveil à l'heure. En panique je cherchais mon téléphone, mais il n'était pas sur moi, ni même sur ma table de chevet. Je sortis alors, presque affolée, rejoignant la cuisine qui faisait aussi salon. Chez moi il n'y avait qu'un seul étage, ce qui était pratique pour chercher quelqu'un. Et il n'y avait personne.

Je suis même sortie dehors, histoire de vérifier s'il n'y avait pas Victoria ou un des garçons ici. Je suis re-rentrée alors, scrutant la moindre chose qui avait bougée, ou même changée, mais toujours rien.

Et si c'était un rêve, j'étais en retard pour l'ouverture de la boutique. En regardant mon réveil ultra-sophistiqué, je sus qu'on était le six mai deux mille dix-sept, et qu'on était un samedi. Et le samedi, je suis la seule à la à la boulangerie, les employés ayant réservés leur week-end habituel.

Je me rappelais comme dans un lointain souvenir ou se situait la boulangerie Adams, et son enseigne encore mouillée par la pluie qui venait tout juste de s'arrêter. Je n'avais pas oublié les clefs, toujours au même endroit, et rapidement je repris mes habitudes de boulangère. Je replaçait le pain correctement, vérifiant s'il était encore bon, déballait les pains aux chocolats pour les exposer, replaçant les confiseries sur les vitres transparentes. Il était cinq heures lorsque je me perdis dans mon travail, retrouvant les joies de celui ci. Mais je ne perdais pas l'idée que ces derniers jours pouvaient être le simple fruit de mon imagination. Regret ou soulagement ? Certainement un peu des deux. Et puis finalement, je fini par oublier, les mains dans la pâte à pain.

L'horloge affichait six heures lorsque je mis à cuite les rouleaux de pain à cuire. Dans une heure j'ouvrai la boutique, mais il semblait que certaines personnes n'étaient pas de cette avis. Je n'avais pas fermé la porte derrière moi mais la pancarte indiquait quand même que c'était fermé. M'occupant à débarrasser la poussière du comptoir, comme chaque matin et chaque soir, alors je ne pris pas la peine de lever la tête du chiffon. De plus, j'étais perdue dans mes pensées de comment j'allais exposé le pain aux céréales s'il me manquait un bac ?

- Nous sommes fermés, dis-je en soupirant, frottant une tâche qui ne voulait pas partir.

- Mais je ne souhaites pas commander.

Mon cœur s'arrêta de battre. C'était comme au début, comme la répétition, un effet de "déjà vu". Je ne comprenais pas. Un rêve prémonitoire ? Ou alors je n'avais pas rêvé. Mais Hygan était... mort.

Je levais le regard brusquement, si bien que ça m'en craqua le cou. Le souffle heurté, je regardais l'homme bouclé en face de moi, les yeux verts émeraudes impénétrables. Et j'eus l'impression de tomber amoureuse. Une nouvelle fois.

- H., soufflais-je, au bord des larmes.

Il ne sourit pas, et moi j'avais envie de pleurer. Est-ce qu'il me détestait, est-ce qu'il m'aimait encore ? M'avait-il déjà aimé, par ailleurs ?

DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant