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Je m'appelle Émilie. Émilie Jenkins. Je ne suis pas le genre de fille à étaler ma vie, mais aujourd'hui, j'en ai besoin. J'ai 17 ans et je vis dans une sorte de maison d'accueil pour "Jeunes en difficulté". La traduction ? Nous sommes des psychopathes, des tueurs en série et autres criminels dangereux. Moi? Je suis diagnostiquée psychopathe. Sous mes allures de jeune fille calme et joyeuse se cache une partie sombre, en colère, emplie d'une telle rage que je peux exploser à tout moment. Mon histoire est courte, triste et enterrée six pieds sous terre. Mais aujourd'hui, je vais la raconter, car un évènement soudain est survenu, quelque chose qui va changer ma vie à jamais. Mais avant ça, revenons au jour de mon arrivée à Ravenfalls.

22 mai
-Allez, avance.
La femme qui me parle est en blouse blanche. On est devant une sorte de maison -plutôt de manoir- gris, sombre, horrible. Il doit y avoir au moins 5 étages, et mes yeux s'attardent sur le dernier. Les fenêtres sont murées, je ne vois donc rien, mais cela me suffit pour deviner qu'il est inoccupé. Je sens qu'on me pousse et je n'ai pas d'autre choix que d'avancer. Mes chaînes traînent sur le sol, car oui, je suis attachée du cou jusqu'aux pieds, en passant par ma taille. Je rentre dans un hall mais ne regarde pas autour de moi. Je vais y rester bien assez longtemps de toute manière. Je fixe un point droit devant moi, sans aucune émotion sur mon visage.
Quelques minutes plus tard, une lumière blanche m'aveugle. Il y a une chaise de dentiste à ma gauche, mais sans appareils de dentiste et avec des sangles pour les chevilles et les poignets. Des diplômes de psychiatrie me donnent une petite idée de l'endroit où je me trouve. L'infirmière m'abandonne et ça m'arrange, elle sentait la cocotte c'était insupportable. Un homme assez jeune s'approche de moi et je le fixe droit dans les yeux. Je sais qu'il va me parler, il a dégluti 3 fois depuis que je le regarde.
-Émilie. Assied toi, me dit-il en m'indiquant la chaise en face de son bureau.
Je ne me dépêche pas et me laisse tomber sur la chaise. Il ouvre un dossier et me montre des photos. Sans doute essaye-t-il de me faire réagir, mais ça ne marche pas. Je ne ressens rien.
-Regarde ça Émilie. C'est toi qui a fait ça. J'aimerais que tu me dise pourquoi.
-...
-Regarde les photos, m'ordonne-t-il.
Je baisse les yeux et esquisse un sourire. Oui c'est moi qui ai fait ça. Et non, je ne le regrette pas.
-Ça te fait rire? Tu es fière de toi?
Il ne sait pas à quel point. J'ai pris un plaisir malsain à faire ce pourquoi je suis ici.
-Sais-tu pourquoi tu es ici? Est-ce que tu comprends ce que tu as fait ?
-...
-Mais parle bon sang!
-Vous voulez que je parle ? dis-je après un long silence. Vous n'allez pas être déçu. J'ai fait ce que j'ai fait parce que c'était nécessaire. Je ne regrette pas, pas plus que je ne m'excuserai pour ça. Si vous avez fini, j'aimerais beaucoup que vous arrêtiez de me casser les couilles. Je sais parfaitement ce que j'ai fait. Je suis folle, pas débile.
Il ne répond rien et se contente de se lever et de s'assoir à côté de moi.
-Mon devoir, ce n'est pas de jouer au gentil psy. C'est de vous détruire. Comme vous avez détruit ceux que vous avez blessé. Tu ne vas jamais ressortir d'ici, sauf le jour où tu auras craqué.
-Bonne chance pour ça.
Il m'attrape le menton et me force à le regarder.
-Je pense que tu sais de quelles blessures on ne guérit jamais. Et je pense aussi que tu sais ce qu'un homme est capable de faire à une fille comme toi.
Je ne lâche pas son regard et me contente de sourire. S'il pense qu'il me fait peur... alors il ne me connaît pas.

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