Il m'a fallu plusieurs minutes avant de me décider à me lever. Maintenant, je me tiens devant mon miroir, fixant mon reflet et me posant des tas de questions. Vide. Juste le vide qui se ressent dans mon cœur, dans mon corps, partout en moi. Quelle sensation horrible. Se sentir seule, abandonnée, sachant que la seule personne capable de résoudre ça est à seulement quelques pas. Et pourtant, tu ne peux avancer vers elle. Parce que si elle n'est pas là, ce n'est de la faute de personne d'autre que toi. Si elle est si proche et pourtant si loin, que tu sens que tu pourrais la toucher mais qu'elle s'éloigne petit à petit, c'est parce que tu n'as pas eu la force de lui dire que tu la voulais avec toi. Comme animé par sa seule volonté, mon poing vient se figer dans la glace, la faisant voler en éclats. Un liquide rouge et chaud s'écoule abondamment de ma main mais je ne fais rien pour l'arrêter. Je refuse de ressentir quoi que ce soit. Je ne me referais pas souffrir comme avant.
Prenant un morceau de verre, je viens rajouter une cicatrice à celles déjà présentes sur mon ventre. Le souvenir des mains de Jake sur celles ci, de ses questions, pleines de douceur et d'inquiétude, vient me frapper de plein fouet. Je chancelle et me rattrape de justesse au lavabo. Qu'est-ce qui me prend d'être aussi sensible ? Ressaisis toi bon sang. Récupère le, fais le sortir d'ici et ne les laisse pas faire. Mais surtout, pardonne toi. Pardonne toi de les avoir laissé te le prendre. Pardonne toi de ne pas avoir eu la force de le repousser. Pardonne toi de ne pas avoir su, une fois encore, protéger une personne qui compte tellement pour toi.
Sur ces belles paroles je vais chercher des habits dans mon armoire, et je tombe sur un corset noir accompagné d'un mot.
"Mets le pour venir me voir. Et soit gentille, pour une fois, obéis. Peut être que je serais plus clement avec toi."
Connard. Il a dû placer ca ici quand je dormais. Malgré moi, je décide d'obéir comme il me l'a demandé. Comme un chien ferait avec son maître Émilie... Je serre donc ce fichu corset au maximum.
-Umph.
Cette invention du diable va bien finir par me tuer. J'enfile ensuite mon jean noir, ma veste en cuir et mes bottines, me maquille puis me dirige vers le bureau de l'homme responsable de tout ça.
Une fois arrivée devant la porte, je ressens un pincement dans mon cœur. Sans prendre la peine de toquer, j'ouvre la porte et découvre mon exécrable psy assis à son bureau.
-Laissez-le partir.
-A une seule condition.
-Je vous écoute.
-Que tu acceptes de te soumettre.
-C'est hors de question. Je ne me soumettrais pas à vous.
-Alors il mourra.
-Non !
J'avais crié. J'avais crié et plaqué mes mains sur son bureau, ce qui eu pour effet de le faire lever la tête. Je le vois passer derrière moi et passer ses mains sur mes hanches. Pourtant, je suis incapable de bouger, sentant les larmes perler au coin de mes yeux. D'un geste, il m'enlève ma veste, levant mes mains du bureau pour la jeter à l'autre bout de la pièce. Je tremble à présent. Quelque chose de dur se presse contre mes fesses et je refuse d'imaginer ce qu'il va me faire. À vrai dire, je n'en ai pas vraiment besoin.
-Je vais te faire revivre ce que ton père te faisait. Après tout, n'est-ce pas pour ça que tu l'as tué, lui et toute ta famille ?
Je ne dis rien, les mains toujours plaquées sur son bureau et les larmes dévalant à présent mes joues. A sa merci. Je le sens déboutonner sa chemise et ouvrir sa braguette et instinctivement, je ferme les yeux. Sa main passe à l'intérieur de mon pantalon et il commence à me toucher, tout en se touchant lui même. C'est alors que je le revois. Ce jour là, il était entré dans ma chambre et s'était jeté sur moi. Je suis sortie de mes pensées par un cri de douleur. Il venait d'entrer en moi d'un coup sec et commençait ses vas et viens tout aussi brutalement. Ses grognements vulgaires emplissent la pièce tandis qu'il m'oblige à me coller plus au bureau et m'attrape par les cheveux.
-Je veux t'entendre crier, souffle-t-il dans mon oreille.
-Rêve.
Sur ses mots, il donne un coup de bassin plus violent encore que les autres et je me mords la lèvre pour ne pas crier. Il me tire alors pas les cheveux, allant plus vite et plus fort. Je le sens se contracter dans mon dos et soupirer.
-La prochaine fois, je te ferais crier.
-Il n'y aura pas de prochaine fois, dis-je en attrapant un ouvre lettres sur son bureau.
Je me retourne et frappe rageusement avec dans sa gorge. Je le regarde tomber, et remonte mon pantalon, récupère ma veste et pars en courant. Mes pas me mènent dans la salle commune où des dizaines d'yeux se posent sur moi. Un infirmier se précipite vers moi, je l'attrape alors par le col et le plaque contre le mur.
-Où est-il ? Emmène moi a lui.
-Alors ca y est ? Il t'a baisée ?
-Va te faire foutre.
Mon poing part de lui même dans sa joue et je profite qu'il soit au sol pour lui frapper dans le ventre.
-Dis moi où il est ou je te jure que je t'explose la tronche !
De puissants bras m'entraînent en arrière et je me débats avant d'entendre une voix calme m'intimer de lui faire confiance. Étrangement, je le fais sans trop savoir pourquoi. Je me retourne pour découvrir que ce n'est pas un autre infirmier qui m'a calmée, mais un patient.
-Suis moi.
Il se dirige vers un couloir sombre, éclairé par de faibles ampoules et des cris déchirants me parviennent. Il me désigne la porte au fond du couloir d'un doigt tremblant avant de prendre la parole.
-Tu retrouveras celui que tu cherches derrière cette porte.
-Pourquoi m'aidez vous ?
-Parce que je suis ici depuis trop longtemps. Je t'ai observée Émilie, et je pense que si quelqu'un peut tout faire changer, c'est bien toi.
-Que vous est-il arrivé ? je demande dans un souffle.
-J'ai été interné ici avec ma femme, commence-t-il avec un sourire nostalgique sur les lèvres. Malheureusement, après les nombreuses séances d'électrochocs, je ne me souviens plus de la raison. En revanche je me souviens bien de ce jour où ils ont emporté ma Lucie derrière cette porte. Elle avait refusé de partir en isolement, et ils avaient décrété que c'était un "cas perdu". Je me rappelle ses cris, les suppliant de la lâcher, me suppliant de l'aimer toujours.
-Je te promets de la venger, dis-je en posant ma main sur son épaule.
-J'aurais aimé le faire à ta place.
-Tu l'as fait, je t'assure. Tu la venge en me montrant où aller. Ne pleure pas, elle aurait détesté ça.
-Au lieu de me dire quoi faire, pourquoi tu ne te dépêche pas de sauver l'homme que tu aimes ?
-Je ne l'aime pas, qu'est-ce qui te fait dire ça ?
-Personne ne passerait cette porte, si ce n'est par amour.
-Alors c'est bien la preuve que je suis folle.
Sur ces mots je me dirige vers cette fameuse porte, non sans murmurer un merci à l'homme qui m'avait aidé.
En ouvrant la porte -non verrouillée par je ne sais quel miracle- je découvre des escaliers. Le dernier étage... Je marque un temps d'arrêt, mais me reprend bien vite. Je monte rapidement, les cris d'un homme que je connais trop bien se faisant plus précis à mesure que je gravis les marches. Je ne l'aime pas, pourtant, le savoir loin de moi me brise le cœur.
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Psychopathe
Teen FictionJe m'appelle Emily Jenkins. On m'a enfermé dans un hôpital psychiatrique après une sombre affaire, et mon seul but est de m'en échapper. Enfin ça, c'était avant qu'il entre dans ma vie, et détruise tout. ⚠️parfois détaillé⚠️