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-Qu'est-ce que tu veux dire par-là ? Tu la connaissais ?
-Non, dis-je en mettant sa chemise et me levant. Oublie ça.
Quelqu'un toque à la porte au moment où j'allais entrer dans la salle de bain. Jake n'a pas le temps de se lever qu'elle s'ouvre à la volée.
-Émilie Jenkins ! Le boss veut te voir.
-Laisser moi m'habiller.
-Non tu iras comme ça. Dépêche ! crie-t-il en m'attrapant par le bras.
Et c'est ainsi que j'arrive dans le bureau du psy en culotte et chemise. Son visage sévère et pervers se tourne vers moi, il passe sa main dans ses cheveux poivre et sel, l'air passablement énervé. Je refuse lorsqu'il m'ordonne de m'assoir.
-Je vois, dit-il en rigolant. Alors ? Tu t'es bien amusée hier soir ?
-Je ne comprends pas.
-Je ne te parle pas de ce que tu as fait avec Jake. Tu as découvert ce que tu voulais ? Tu sais maintenant pourquoi il est dans ta chambre. Seulement, tu n'es pas sans savoir que ce genre d'infraction est très sévèrement punie.
À l'entente de cette dernière phrase, le mensonge sort tout seul.
-Je ne comprends toujours pas.
Avec rage, il me tend un sachet, avant de le laisser tomber sur son bureau. Je découvre une lampe, pleine de sang. Je relève mes yeux pour les planter dans les siens, animée par une envie de jouer un peu.
-C'est censé me faire réagir ?
-Tu as assommé un gardien avec cette lampe Émilie ! A son réveil il a dit t'avoir vue sortir de mon bureau et qu'au moment où il allait t'emmener à moi, vous l'avez assommé !
-Et vous le croyez ? Cet homme ment. Il ne m'a pas vue sortir de votre bureau, mais des toilettes. Et il a jugé bon de m'entraîner dans cette pièce pour abuser de moi. Je n'ai fait que me défendre.
Il m'apostrophe alors que je me dirigeais vers la sortie.
-Il a tué Lya, Émilie. Tu viens de coucher avec l'homme qui a assassiné ta meilleure amie.
-Vous voyez, ça, j'en doute.
Devant sa mine incrédule je poursuis.
-Mes parents ont demandé au commissaire chargé de l'enquête de modifier les faits. Ils ne voulaient pas que la police ne fouille trop dans leurs affaires.
-Explique toi.
-J'avais invité Lya à la maison. Mes parents ne voulaient pas qu'elle dorme chez nous, j'ai donc proposé qu'elle reste chez mon voisin le soir. On ne m'avait juste pas prévenue que c'était un pervers cannibale.
-Et c'est donc cela qui a déclenché ton trouble.
-Mon trouble... je murmure en lui tournant le dos. Je vois où vous voulez en venir. Vous me parlez d'elle en espérant que je vais me dévoiler.
Avec rage, je plaque mes mains sur son bureau. Toutes mes veines ressortent et je suis prête à parier que mes orbites sont pratiquement totalement noires. Comme ce jour là.
-Ne faites plus jamais ça. Et si vous touchez ne serait-ce qu'un cheveux de Jake, je vous jure que je vous arrache chacun de vos membres, à commencer par celui dont vous semblez être le plus fier.

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Lorsque je reviens dans la chambre, Jake était en train de faire les cent pas. À ma vue, il se presse dans ma direction et me prend dans ses bras.
-Qu'est-ce que tu lui as dit ?
-J'ai menti.
-Et il t'a crue?
-Je ne pense pas. Il faut que je te fasse sortir d'ici, dis-je en allant vers l'armoire. Ils doivent déjà être en train de venir. Aide moi.
-Comment ca il ne t'a pas crue ? Émilie ? Émilie !
-J'ai flanché, d'accord ! J'ai laissé la colère l'emporter, et j'ai sûrement fait une erreur. Dépêche toi de m'aider maintenant.
Il s'exécute sans dire un mot. Alors qu'on était en train de finir son sac, j'entends des pas dans le couloir.
-Vas dans la salle de bain.
Voyant qu'il refuse, je le pousse et ferme la porte à clé. J'ai juste le temps de mettre le sac sous le lit avec mon pied et les gardes entrent dans la chambre.
-Il est où ?
-Pourquoi tu ne viendrais pas le chercher ?
Le gros porc me fixe puis se jette sur moi tel un sanglier chargeant sa proie. Il sort un couteau de son dos et je me décale au moment où il arrive près de mon visage. L'arme vient se planter dans le mur et je profite de son moment d'étonnement pour lui mettre un coup de pied dans les couilles et récupérer le couteau.
-Et qu'est ce que tu comptes faire ? On est trois contre toi.
Je lui plante l'arme dans la gorge pour toute réponse.
-Plus que deux.
Les deux autres en question sortent leur matraque électrique et fondent en même temps sur moi. J'ai un petit rictus en plongeant sur le lit. Ça faisait longtemps. La matraque passe à quelques centimètres seulement de ma tête alors que je tombe sur le sol. La chute me coupe le souffle. Je me relevais quand on me tire par les pieds. Instinctivement, je les passe autour du cou de mon agresseur et bascule pour le faire tomber. L'autre arrive derriere moi tandis que je resserre mes jambes. Il passe son bras sous ma tete et commence à m'étrangler. Avec la force de mes cuisses, je brise la nuque du premier et saisis le bras du second pour le faire passer au dessus de moi. Il s'écrase sur le mur et je lache un soupir soulagé. Malheureusement, j'entends bien vite d'autres pas dans le couloir. Je n'ai même pas le temps de me relever que déjà 15 gardes pénètrent dans ma chambre, tous armés de leur matraques. Mes pensées vont directement à Jake, encore enfermé dans la salle de bain. Dans un dernier effort, je me lève et essaye d'avancer vers les gardes, mais ils m'électrocutent. Je tombe une nouvelle fois au sol et observe, impuissante, Jake se faire enlever.

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Ce sol est vraiment dur. Mais alors vraiment. Mes muscles sont tout endoloris, j'ai un mal de crâne horrible et je ne vois presque plus rien.  Au fur et à mesure que ma vue revient, les formes de ma chambre se précisent et je tente de me lever. La tâche de sang sur le sol me ramène bien vite à la réalité. Je me précipite à la salle de bain et tombe à genoux en me rappelant ce qu'il s'est passé. Ils l'ont pris. Ils l'ont pris et tu n'as rien fait. Merde. Merde, merde, merde, merde, merde. Je vais les tuer. Je vais tous les tuer. Je veux bien qu'ils fassent du mal à tous les connards présents ici, y compris moi, mais pas à Jake. Ne pensant plus à la douleur, je me relève rapidement. Je fais seulement quelques pas et je retombe sur mon lit. Mais d'abord, je dors.

Psychopathe Où les histoires vivent. Découvrez maintenant