Vingt-six

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PDV Jungkook

5 mois plus tard

Mes journées devenaient de plus en plus déprimantes, moroses et sombres.

Le travail devenait épuisant, pour Hae Soo et pour moi. Cette fatigue se ressentait bien entre nous, plus aucun contact, on se voyait à peine. Et au début, j'étais heureux de la voir progresser à mes côtés dans son boulot. Je pensais avoir l'occasion de la voir plus souvent au bureau, mais je m'étais trompé. Elle m'avait pourtant prévenu qu'elle se couperait de notre relation avec son nouveau travail, elle tâchait à ce que tout fonctionne bien en s'y concentrant dessus. Mais cette coupure était devenue trop importante.

On a commencé à se disputer au sujet de tout et de rien, la fatigue montant en nous. On était submergés de travail, et on se laissait emporter pour un petit rien trop facilement.

Depuis la journée où Hae Soo m'a proposé d'inviter mes parents à dîner, elle persistait encore plus. Elle utilisait mon refus catégorique comme une raison de s'énerver contre moi. Alors les rares disputes sont désormais une étape quotidienne de notre vie.

J'étais mal au plus profond de moi. Je ne voulais pas la perdre comme j'avais perdu Sohye auparavant. Mais j'avais déjà l'impression de la perdre, d'une autre façon.

Je ne voulais pas non plus lui révéler mon passé. Si elle l'apprenait, elle prendrait peur et penserait que mes parents sont des monstres. Ce n'était pas ce que je désirais.

J'avais l'esprit vide, le cœur lourd. Je voulais simplement retrouver nos jours heureux.

Je me dirigeai maintenant vers notre appartement, je revenais d'un dîner avec une collègue de travail, pour un nouveau projet. Mais pendant toute la soirée j'étais déconcentré, les pensées volaient dans chaque recoin de ma tête et j'en avais plus qu'assez, je voulais juste rentrer et dormir.

À ma plus grande surprise, je découvris un appartement vide à mon arrivée. Hae Soo avait des horaires de travail raisonnables et ce n'était pas non plus son genre de traîner dehors dans le froid.

Alors je fis réchauffer un vieux plat venant du frigo dans le micro-ondes. J'observai les aiguilles tourner en mangeant, attendant patiemment le retour de ma belle.

J'entendis le bruit des clés tournant dans la serrure. Hae Soo fit son apparition peu après, puis elle me rejoignit à table après m'avoir déposé un tendre baiser sur la joue.

"Tu reviens drôlement tard aujourd'hui" fis-je remarquer, curieux.

"Oui, j'ai dû rester au boulot un peu plus longtemps, on avait besoin de moi."

Je connaissais parfaitement ses heures de travail et le planning de l'entreprise, étant un assistant du patron. Je savais donc, que le lundi soir, au plus tard vers vingt heures, l'entreprise fermait pour permettre l'acheminement plus efficace et rapide des lourdes livraisons de nouveaux produits logistiques.

"Tu mens."

"Comment ça ?"

"Comme chaque lundi soir, l'entreprise ferme ses portes plus tôt pour les livraisons."

"Ah-bah oui ! Ils avaient besoin de bras musclés pour tout transporter, alors aimable comme je suis, je les ai aidés."

"Hae Soo..." dis-je, exaspéré de l'entendre me raconter des mensonges.

"Quoi ?"

Elle se leva pour prendre son plat préparé chauffé au micro-ondes avant de le déposer violemment sur la table en face de moi, exprimant son épuisement et sa colère.

"Pourquoi tu me mens ?"

Elle fixa ses pâtes et ne releva pas son regard vers moi.

"Je ne mens pas" répondit-elle.

"Si" rétorquai-je fermement.

"Bon eh bien, si tu veux tout savoir, OUI je te mens. Je suis allée faire la rencontre de tes parents sans toi, et ils étaient très sympathiques figure-toi."

Hae Soo s'était levée de table, munie de son plat, décidée à quitter la pièce pour rejoindre le salon afin de manger en tranquillité.

Je ne perdis pas une minute pour aller la rejoindre d'un pied ferme et avec les poings serrés.

Elle était déjà installée sur le canapé et fixai la télévision allumée.

"Hae Soo..."

Celle-ci m'ignora et se concentra sur l'écran devant elle.

"PUTAIN HAE SOO !" criai-je pendant que je cachais la télévision.

"QUOI ?"

"Tu m'énerves à agir comme ça. Sérieusement j'ai l'impression d'être en face d'une petite fille."

Elle soupira avant d'augmenter le son de la télé. Pris de colère, j'arrachai la télécommande de ses mains pour éteindre l'écran.

"Laisse-moi."

"Non. J'en ai vraiment marre de ton comportement là, tu m'épuises."

Son regard était baissé, elle m'écoutait lui crier dessus. Et sur le coup, je laissai mon cœur s'exprimer sans penser aux conséquences.

"T'en fais qu'à ta tête, je t'ai dit un bon nombre de fois de ne pas y aller et tu persistes ! Alors vas-y retourne les voir mes parents, ça sera sans moi !" repris-je.

Je me dirigeai vers la chambre, jusqu'à ce qu'elle prenne la parole et m'obligea à me retourner vers elle.

"Je voulais juste voir et rencontrer tes parents Jungkook ! En quoi c'est un problème ? Elle fit une pause, les larmes commençant à lui montrer aux yeux. Tu me caches quelque chose ?"

En aucun cas je comptais lui avouer les raisons, c'était trop compliqué à lui révéler.

"Je... Je suis pas encore prêt pour cette étape" avouai-je.

Elle se leva, les larmes coulaient à flots sur son visage.

"Si tu n'es pas prêt pour ça Jungkook, tu ne seras prêt pour rien" dit-elle, avant de me devancer et rejoindre la chambre.

Elle prit un gros sac de l'armoire et le remplit de quelques de ses vêtements.

"Tu fais quoi ?" demandai-je.

Tout allait très vite, et je ne contrôlais plus rien. En un rien de temps, elle était munie de son manteau, prête à partir.

"Je m'en vais."

"Où ça ?"

"Loin de tout ça. T'auras le temps pour tes projets avec ta collègue comme ça, crois-moi."

Je faisais de mon mieux pour lui bloquer le chemin, n'ayant pas envie de la laisser s'échapper.

"Écoute, laisse-moi, juste quelques heures, quelques jours, quelques mois, je sais pas... S'il te plaît, laisse-moi seule, ne tente pas de venir vers moi" dit-elle, enfin parvenue à se détacher de mon étreinte.

"Alors c'est comme ça que tu règles tes problèmes ? Tu vas fuir toutes les responsabilités ?" répondis-je sur le coup de la colère.

"Ouais, tout à fait."

Puis elle partit, claquant la porte. Sans échanger un dernier regard.

Et c'est après l'avoir vue s'en aller, que je regrettai mes derniers mots, mais c'était déjà trop tard.

Je restais planté devant cette porte, impuissant, espérant qu'elle revienne en disant que c'était qu'une simple blague, mais ça n'en était pas une.

À ce moment-là, elle ne comptait plus franchir le seuil de cette porte, et moi, je n'en savais rien.

not again | jjkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant