Chapitre 11 : "Someone has to take the first step."

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Les pas des chevaux martèlent fougueusement le sol à l'unisson, tandis que celui des hommes les accompagnant le fouettent avec fureur. Je sens mon cœur battre violemment, comme si ma cage thoracique ne pouvait le retenir de s'échapper. Je déglutis et relève pourtant fièrement le regard. Autour de moi, la forêt semble me hurler son envie de survivre à ce qui se prépare, elle semble m'implorer de l'épargner, elle et toute la vie qu'elle héberge en son sein. Juste devant moi, la croupe du cheval de Lexa se balance au rythme de ses hanches. Ou peut-être est-ce l'inverse, c'est difficile de le savoir tant elles fusionnent parfaitement. Son dos, son port de tête, ses cheveux si gracieusement tressés... Tout chez elle respire le respect et l'envie de vaincre. Sa détermination porte non seulement sa vie, mais aussi celle de tout notre peuple. J'esquisse un sourire discret, révélant toute l'admiration que je lui porte. Puis je décide de talonner mon cheval un peu plus fort, et comme portée par les grognements et cris de nos hommes, je m'avance à sa hauteur et lui appuie un regard déterminé. Elle me sourit, et derrière son maquillage de Heda, me salue moi, mais salue aussi WanHeda. Parce qu'aujourd'hui, malgré cette petite pointe de peur que je sens toujours présente au fond de moi, je me sens plus forte que jamais. Je me retourne légèrement, et les observe derrière nous, sous le regard fier et confiant de Lexa. Polis n'est maintenant plus qu'à un kilomètre à peine, et bientôt nous allons pouvoir apercevoir la cité, juste de l'autre côté de la colline qui s'élève face à nous. L'humidité de la forêt perle sur mon visage, mais il pourrait pleuvoir que rien ne nous arrêterait. Depuis que nous sommes sur Terre, tout n'a été question que de survie, et il s'agira là de notre dernière bataille. Tout du moins je l'espère, j'espère que Raven va réussir, et que Roan se montrera raisonnable. Lexa a l'air plus optimiste que moi sur la question et lorsque je la regarde, j'ai du mal à me souvenir de ce temps qui me paraît si lointain où je la pensais dénuée de tout sentiment.

Brutalement, elle lève le br as, et signifie ainsi à l'armée entière de s'arrêter. Ses ordres ne sont pas contredits, et elle ne tarde pas à s'élancer au galop un peu plus loin devant. Je talonne à mon tour ma monture et m'empresse de la suivre, pour finir par la rejoindre en haut de la colline. La vue sur Polis est parfaitement dégagée d'ici, elle le savait parfaitement. Sa connaissance de ses terres ne cesse de m'impressionner, et au loin s'élève désormais cette Tour que je connais si bien. Lexa s'appuie sur le dos de son cheval et se relève, comme pour mieux se rasseoir. Son regard se durcit rapidement, pendant qu'elle reste silencieuse. Luna ne tarde pas à nous rejoindre au galop, pendant que j'inspire profondément et vois avec crainte ce qui inquiète Lexa. Elle serre les dents. Nous sommes là, toutes les trois à cheval, en train d'observer d'en haut cette capitale que ne comptons bien reprendre. Mais ce que nous voyons ne nous permet pas de savoir réellement si nous y parviendrons, parce qu'à nos pieds c'est une Polis que nous ne reconnaissons pas qui s'offre à nous. Lexa ne la reconnaît pas, parce que cela fait bien longtemps qu'elle n'y est pas venue, et surtout parce que la ville qu'elle a laissée derrière elle n'existe plus. Je peux sentir son désarroi mêlé à sa colère, et je sais qu'elle en est torturée intérieurement. Ses mains se crispent sur ses rênes, tout comme le font les miennes. Seulement mes raisons sont surement différentes des siennes. Mes yeux parcourent les murs, bien que loin devant nous, et se plissent alors que je n'arrive pourtant pas à y trouver ce que j'y cherche.

- « Comment allons-nous entrer ? » murmuré-je, d'abord à moi-même, puis en détournant la tête vers elles, en sachant pertinemment que les mots qui vont suivre ne seront pas ceux que j'espère entendre.

Pour toute réponse, je n'ai qu'un silence porté par un regard tellement déterminé de Lexa, qu'il me laisse malgré tout entrevoir un espoir.

- « Difficilement. » se contente t'elle de répondre avant de faire faire volte-face à son cheval violemment, et de s'élancer en arrière.

Mebi oso na hit choda op nodotaimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant