Chapitre 38

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Je note l'adresse dans mon téléphone, avant de me jeter sur le canapé, fatiguée d'avoir cherché aussi longtemps. Mais ces efforts ne furent pas vains : j'ai trouvé l'adresse, cette fameuse qui pourrait changer le cours de ma misérable vie. Je suis tout de même stressée d'y aller, j'ai vraiment peur de l'accueil qui me sera réservé, après trois ans sans qu'il m'ait vu. Je réfléchis si profondément, qu'Austin me secoue l'épaule pour que je sorte de mon état de réflexion.

- Où étais-tu donc partie ? dit-il en rigolant.

- Loin, je pensais à demain.

- Laisse-moi deviner... Tu te demandes comment tu vas être reçue, ce que ton père pourra te dire. S'il te fera rentrer chez lui, prendre le thé et te présenter à sa nouvelle famille. Ou bien s'il va t'ignorer royalement avant de te fermer violemment la porte au nez.

- Comment tu as fait pour tout comprendre ?

- Je lis en toi comme un livre ouvert !

- Vraiment ? dis-je, espiègle.

- Non pas toujours... Mais là, ce n'était pas bien compliqué !

- C'est vrai, et tu as raison sur toute la ligne. J'appréhende sa réaction. Je ne lui demande pas de m'accueillir chaleureusement, ni de m'offrir le thé (je ne peux m'empêcher de rire à cette pensée), mais juste de m'écouter.

- Je n'ai pas envie d'être pessimiste, mais ne t'attends pas à de grandes choses de sa part.

- Que veux-tu dire ? Tu penses que je ne devrais pas lui rendre visite ? Que je suis idiote ?

- Ça ne va pas bien non ! Tu es loin d'être idiote, et tu le sais bien. Tu as bien raison d'aller le voir, mais il ne risque pas de t'accueillir à bras ouverts, pour la simple et bonne raison que tu vas tout chambouler dans sa vie en moins de deux minutes. Il n'a peut-être jamais parlé de toi à sa nouvelle compagne, et encore moins à ses autres enfants qu'il a potentiellement eu avec elle. Alors s'il te ferme la porte au nez, il est normal que tu sois en colère, mais ne baisse pas les bras. Laisse-le assimiler tout cela, et retournes-y un peu plus tard.

- Mais je ne peux pas me permettre d'attendre ! Ma mère est à l'hôpital je te rappelle.

- Je le sais bien, Louise. Mais tu ne peux pas le forcer à t'aider directement. Il faut lui laisser un peu de temps.

- OK, très bien. Tu es désormais ma Voix de la sagesse.

- J'en suis honoré, madame.

Nous rigolons, puis il fond sur mes lèvres en les embrassant avidement. Des millions de papillons se déchaînent dans mon ventre, comme les vagues lors d'une tempête. C'est fou comme un baiser peut déclencher autant de sensations et de bien-être en moi-même. Merci, Austin.

La soirée se passe lentement, dans un climat doux et paisible. Nous sommes détendus, cela faisait bien longtemps que cela ne m'était pas arrivé. Je décompresse enfin de cette semaine forte en émotions, bien au chaud dans les bras d'Austin, qui ne cesse de me raconter des petites anecdotes drôles sur lui, quand il était encore petit garçon.

- J'aime bien passer des soirées comme celles-ci, à ne rien faire, en parlant de sujets simples, lançai-je doucement.

- Moi aussi. Surtout en ta compagnie, répliqua-t-il, avec son petit sourire en coin.

- Je t'aime, babe.

- Moi aussi, tellement, princesse. Mais tu ne voudrais pas changer un peu de surnom ? dit-il en essayant de cacher son fou rire.

- Arrête de te ficher de moi ! Je t'ai dit que je ne voulais pas être fleur bleue ! répondis-je en lui assénant un léger sur l'épaule, qui ne semble absolument pas l'atteindre.

Ne t'approche pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant