Chapitre 44

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1 semaine plus tard.

Ma mère va de mieux en mieux ; sa mémoire revient petit à petit, au fil de mes histoires sur son passé et des souvenirs évoqués. Il était très difficile pour moi d'y retourner le lendemain de la première entrevue. Mais je me suis dit que si je voulais des réponses à mes questions restées sans réponses depuis si longtemps, je n'avais pas d'autres choix que de l'aider à se rappeler. Alors j'ai fait ce que j'avais déjà exécuté auparavant : aller la voir tous les jours.

A chaque fois, je lui ai apporté un objet, une photo, les maigres témoignages de mon passé que je n'aurais jamais voulu ressortir, mais qui sont la seule façon de lui faire remémorer les évènements.

J'ai encore pleuré en retournant à notre ancien appartement, escortée de policiers, puisqu'il ne nous appartient plus depuis la semaine dernière, et qu'il est à l'abandon en attendant que ma mère soit en capacité de pouvoir se rappeler et de prendre ce qu'elle souhaite garder, avant qu'il ne soit complètement démeublé. Ils m'ont demandé d'emporter les affaires que je voulais éventuellement conserver. A vrai dire, je n'ai pas pris grand-chose. Juste les quelques habits qui restaient dans l'armoire de ma chambre restée à l'identique, dans l'état où je l'avais laissée, et où mon passé est enfermé. Quelques bibelots, et la boîte où j'ai mis tous mes souvenirs. C'est tout. J'ai fait un dernier tour de cet appartement, minuscule, sentant le renfermé et au papier peint décollé, avant de lui dire adieu définitivement, ainsi qu'à cette cité HLM qui nous ont accueillis pendant près de 3 ans. Pas vraiment de regrets, vous dirais-je, puisque je n'y ai vécu que des emmerdes et les plus douloureux moments de ma vie. Mais tout de même un petit pincement, mélangé à un soulagement profond ; le début (enfin je l'espère) d'une vie, de MA vie, que je passerai heureuse.

Je suis rentrée à l'issue de ma dernière fois dans mon ancien habitat, assez enjouée. Austin n'étant pas là, je suis montée directement dans sa chambre (qui du coup est aussi la mienne), pour me reposer. J'ai mis la musique à fond dans le casque, et j'ai lu un livre. Les hauts de Hurlevent de Emilie Brontë. Ma playlist, renouvelée il y a peu de temps, passe une à une mes chansons : Havana, Harden my heart, 7 years, Hurt so good, Grand piano,...

J'éprouve toujours de la mélancolie en écoutant 7 years, dont les paroles me rappellent mon enfance, mais aussi le manque ressenti à cause de l'absence de mes parents ces dernières longues années.

Quant à Harden my heart, cela caractérise mes agissements des 3 ans passés :

I'm gonna harden my heart, (je vais endurcir mon cœur)

I'm gonna swallow my tears, (je vais sécher mes larmes)

I'm gonna turn, and leave you here. (je vais me retourner et te laisser ici)

Sécher mes larmes. Endurcir mon cœur et ne rien laisser paraître. Être froide, ne pas parler aux autres, me refermer sur moi-même ; me retourner et les laisser ici.

Pleins de musiques me rappellent mon passé, comme si elles avaient été écrites spécialement pour moi. Pour tout dire, je ne sais pas si je dois en pleurer ou m'en réjouir. Je m'endors sur ces douces paroles, fort tôt.

Le lendemain.

Je me réveille, Austin à mes côtés qui dort encore. J'ignore à quelle heure il est arrivé dans la chambre, car j'ai dormi profondément. Cela faisait longtemps que je n'avais pas passé une aussi bonne nuit, vraiment riche en sommeil. D'habitude, je les utilise pour réfléchir et penser à ma désastreuse vie. Il faut croire que les problèmes s'amenuisent au fil du temps, ce qui me permet enfin de dormir paisiblement.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 02, 2018 ⏰

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