Chapitre 14 : Dépression

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Draco n'avait pas pu rester plus longtemps qu'une semaine au chevet de son fils, le Ministre l'ayant rappelé à l'ordre. Mais le coeur n'y était pas. Il ne partait plus en mission. Il restait cloitré toute la journée dans son bureau à donner des ordres de loin et avait demandé à être dérangé le moins possible. Il ne voulait pas se faire prendre en flagrant délit. Oui, car Draco Malfoy pleurait souvent. Si souvent qu'il ne sentait même plus les larmes rouler sur ses joues la plupart du temps. La douleur trônait seule dans son existence. Il ne vivait que pour mourir. Son fils n'allait toujours pas mieux. Il était désormais sous assistance respiratoire. Draco ne pouvait s'empêcher de penser que sans lui, rien de tout cela ne serait arrivé. La dépression emplissait le coeur de l'ancien Serpentard. Il avait rangé sa pensine dans son placard et l'avait refermé. La clef trônait désormais fièrement autour du cou de Malfoy, cachée sous les fibres de ses vêtements.

Une semaine plus tard, le fils de Draco n'était toujours pas sorti d'affaire. La tristesse et le malheur emplissaient de plus en plus la vie du blond au regard d'acier. Il ne savait plus quoi faire. Madame Pomfresh, qu'il voyait tous les soirs en allant veiller sur son fils, le menaçait de le faire interner à Sainte Mangouste s'il ne ressentait pas un peu plus de joie. Il risquait de tomber dans le même coma que son fils, ou pire. Malfoy ne dormait plus, ne mangeait plus, il passait tout son temps entre son bureau au Ministère et l'infirmerie de Poudlard.

"Monsieur, deux personnes souhaiteraient voir votre fils, vous permettez ? demanda l'infirmière.

- Oui, faites-les entrer, répondit Malfoy d'un ton monotone.

- Bonjour Draco, j'espère qu'on ne te dérange pas trop, Albus m'a prévenu que Scorpius était à l'infirmerie et je voulais te soutenir, dit une voix que Malfoy aurait pu reconnaître entre milles. Je suis désolé de ce qu'il t'arrive. Je serais là pour t'aider si tu en as besoin. Je te le promet. Enfin si tu l'acceptes.

- Merci Harry, répondit Draco avant de fondre en larmes, il ressentait trop de sentiments à la fois et n'avait pas pu retenir les gouttes salées de dévaler son visage fatigué.

- Albus, tu veux bien veiller sur Scorpius un moment ? Je vais emmener son père ailleurs pour qu'il puisse se calmer, proposa doucement l'homme à la cicatrice. Viens Draco."

Le blond se leva pour rejoindre l'homme qui promettait de lui rendre le sourire ne serait-ce qu'un instant. Harry le prit dans ses bras quelques secondes avant de le faire sortir de l'infirmerie. Ils déambulèrent longtemps dans les couloirs de l'école sans parler, seulement interrompus par les reniflements de Malfoy de temps à autre.

"On y est, déclara le brun en s'arrêtant.

- Où ? demanda Draco sans se donner la peine de lever les yeux, il n'avait plus la force de bouger.

- Tu vas voir." répondit mystérieusement Harry.

Le brun tourna trois fois sur lui-même avant d'entrer dans une salle où un énorme fauteuil trônait, un fauteuil assez grand pour deux. Harry Potter guida l'homme en souffrance jusqu'au siège puis s'installa lui aussi à l'intérieur avant de prendre Draco dans ses bras pour la seconde fois. Bercé par la douceur des gestes du brun, l'ancien Serpentard s'endormit rapidement.

Poudlard, 6ème année, Infirmerie.

Le toucher de ses lèvres, la douceur, le bonheur... Les pétillements dans l'estomac, les battements du coeur...

Lorsqu'il se réveilla, Draco Malfoy mit un temps fou à se rappeler d'où il était. Il sentait des bras qui l'enserraient dans une étreinte douce et apaisante. Une main passait lentement dans ses cheveux. La mémoire lui revint.

"Harry ! dit-il en un sursaut.

- Bien dormi ? demanda ce dernier, une lueur de fatigue de le regard.

- Oui, merci." répondit Draco embarrassé en se raclant la gorge.

Il retourna dans les bras de l'homme qui le troublait tant. Il aurait voulu que le temps s'arrête, que le temps les oublie afin de toujours pouvoir profiter de la sérénité qu'il ressentait lorsqu'il était avec lui. Il n'avait jamais arrêté de l'aimer et il le savait, mais il ne se souvenait plus de l'extase qu'il ressentait lorsqu'il était si proche de lui. Ce fut la première fois que le souvenir de l'homme aimé ne donnait pas à Draco l'impression de mourir sur place, d'avoir tout perdu.

"Tu te rappelles la dernière fois qu'on était ici ? demanda le brun en brisant le silence.

- Comment l'oublier ? Draco sentit son coeur battre plus fort.

- Pourquoi ta femme a dit qu'il n'y en avait toujours eu que pour moi ? interrogea Harry d'une voix frêle, il mourrait d'envie de poser cette question depuis l'arrestation d'Astoria Malfoy.

- Parce que... Parce que je t'aime encore. Parce que je n'ai jamais cessé de t'aimer."

Le coeur de Draco aurait tout aussi bien pu s'arrêter qu'il n'aurait pas senti la différence. Il serra un peu plus fort le corps du Survivant et n'osa pas lever les yeux vers lui.

"Ah... répondit le brun qui ne savait pas comment réagir.

- 'Ah' ? C'est tout ?" s'énerva le blond qui se senti mourir un peu plus à l'intérieur.

Draco se leva furieusement du siège et fit quelques pas en arrière. Le Survivant ne se sentait pas au meilleur de sa forme, il regrettait d'avoir parler.

"Qu'est-ce-que tu veux que je te réponde ? questionna Harry sur la défensive, il avait entendu ce qu'il espérait entendre sauf que maintenant que c'était dit, que fallait-il faire ?

- Je sais pas mais pas un 'ah'. Tu ressens plus rien toi ? T'en as plus rien à foutre de moi, n'est-ce pas ? Alors dis-le ! cria Draco en s'écartant un peu plus, il était dans tous ses états et faisait de la tachycardie.

- Je ne sais pas..." se découragea Harry, qui baissa les yeux car les larmes n'étaient pas loin, encore.

Draco sortit de la Salle sur Demande d'un pas enragé. L'amour de sa vie ne ressentait plus rien pour lui, son fils était dans un coma à cause de lui et sa femme était incarcérée à Azkaban. Que rêver de plus ? Après avoir marcher pendant plusieurs dizaines de minutes, Draco s'effondra sur le sol et pleura toutes les larmes de son corps. Il ne supportait plus cette vie de souffrance. Il voulait en finir.

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