Chapitre 18 : Jugement

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Finalement le jour du jugement d'Astoria Malfoy était venu, plusieurs semaines après son emprisonnement sous caution. Tout le monde avait évité Draco la semaine le précédent. Les préjugés avaient repris le dessus. Pas qu'ils n'aient jamais disparu, mais s'étaient plutôt atténué. Seuls ses collègues ex-mangemorts lui parlaient encore normalement. Malfoy ne se plaint pas de voir que tous le laissait en paix, loin de là. Ce qui l'embêtait néanmoins était qu'Harry Potter, étant l'Auror qui l'avait accompagné, devait venir témoigner. Ça le dérangeait de le revoir durant cette épreuve qu'il devait traverser. Il ne voulait surtout pas de sa pitié. Il ne voulait pas non plus savoir son point de vue sur la scène de démence d'Astoria. Malfoy fit donc de son mieux afin de ne croiser le brun nul part. Il venait tôt le matin et partait tard le soir. Il prenait sa pause déjeuner après tout le monde et ne partait en mission qu'à condition qu'il connaisse à l'avance l'Auror qui l'accompagnait, il refusait lorsque c'était Potter.

Le jugement aurait lieu le matin à 10 heures. Draco n'avait pas revu sa femme depuis ce fameux jour où elle avait tenté d'assassiner son ex-amant. Il appréhendait de voir ses traits tirés, ses cheveux emmêlés, ses yeux vitreux. Les détraqueurs n'étaient pas connus pour leur empathie et Astoria avait sûrement beaucoup souffert.

9 heures 30. Les témoins furent conviés à s'assoir dans le tribunal.

9 heures 45. Les juges prirent place.

9 heures 55. L'accusée entra dans la pièce.

10 heures.

"La session est ouverte. Madame Malfoy, connaissez-vous les accusassions qui vous sont portées ? demanda sobrement le Président.

- Oui."

La voix calme d'Astoria choqua quelque peu son mari. Son apparence également, elle s'était coupé les cheveux près du crâne et semblait presque chauve, ses vêtements étaient sales et déchirés, elle devait avoir perdu au moins 10 kilos et la pâleur de son visage était comparable à la blancheur d'une feuille de papier, toute autre couleur semblait s'être évaporé de son corps

"Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense avant que les témoignages ne débutent ? continua le Président.

- Ça n'est pas de ma faute, dit-elle en tournant son regard vers Draco, comme si elle dénonçait silencieusement le véritable coupable.

- Que voulez-vous dire ? la voix du juge était toujours aussi monotone, il avait l'habitude de ce genre de commentaires.

- Il m'a poussé à le faire, accusa Astoria.

- Mais qui donc Madame ?

- Lui, répondit-elle en pointant son mari du doigt. Il me blessait constamment.

- Physiquement ? interrogea le juge avec un peu plus de vie dans sa voix.

- Non, mentalement. Il me torturait mentalement. C'est de sa faute si je suis devenue hystérique, dénonça l'accusée. Et pour me faire encore plus de mal, il ne m'a même pas permis de voir mon fils aujourd'hui."

Draco écoutait cet échange en fixant le banc devant lui. Il ne pouvait pas regarder sa femme dans les yeux. Il l'avait poussé à agir de la sorte. Encore une fois, tout était de sa faute. Il le savait déjà mais l'entendre de quelqu'un d'autre, surtout d'elle, lui fit l'effet d'un pieux qui s'enfonçait lentement dans son coeur torturé. Il n'était qu'à demi conscient, son corps s'était éteint afin de ne pas succomber. Sans savoir comment, Draco Malfoy gardait son visage de glace, son sérieux, il gardait de sa superbe.

"Monsieur Malfoy, voudriez-vous bien vous avancer devant la barre des témoins je vous prie.

- Oui Monsieur le Président, Draco se déplaça précautionneusement en direction de l'espace pointé par le juge.

- Monsieur, Madame votre épouse vous accuse de n'avoir pas amené votre fils ici dans l'espoir de l'atteindre émotionnellement, est-ce vrai ? demanda posément le juge.

- Non Monsieur, la raison pour laquelle mon fils est absent est qu'il est dans un coma profond depuis plus d'un mois. La tristesse a eu raison de lui et il s'est écroulé. Mais je dois avouer que même si cela n'était pas la cas, Scorpius ne serait pas présent aujourd'hui, développa Draco en essayant du mieux qu'il put de ne pas regarder sa femme à sa droite, et de concentrer toute son attention vers la personne qui l'interrogeait.

- Et pourquoi cela ?

- Car j'ai moi-même assisté au procès de mon père lorsque j'avais 18 ans et que cette expérience m'a profondément marqué. Je ne souhaite pas que mon fils vive la même chose, voir un de ses parents emporté loin de lui dans la prison la plus rude du monde sorcier, tout en sachant pertinemment qu'il ne le retrouverait jamais comme avant, que la sentence du juge allait changer à tout jamais le cours de sa vie et qu'il ne pouvait rien y faire. Je ne voulait pas qu'il voit la peur dans les yeux de sa mère si celle-ci venait à être condamnée à passer plusieurs années à Azkaban. Je ne voulait pas qu'il subisse les questions destructrices du juge, ni qu'il entende les réponses. Je voulait simplement qu'il garde un peu d'innocence Monsieur le Président." déclara Draco l'âme en peine.

Toute l'assistance pouvait sentir son mal-être et les blessures non-cicatrisées qui le composaient. Draco avait gardé les yeux baissés durant toute la durée de sa tirade mais les releva au mot "innocence". Ce mot ne pourrait plus jamais le définir.

"Je comprends." répondit simplement le juge sans voix.

Astoria fut condamnée à 17 ans de prison, qu'elle passerait à Azkaban, pour utilisation répétée de sorts impardonnables et pour tentative de meurtre sur un Auror. La séance fut levée à 11h42.

Harry rattrapa Draco et lui prit le poignet afin qu'il s'arrête de marcher.

"Que veux-tu ? aboya Malfoy qui n'était pas d'humeur à confronter l'ancien Gryffondor. Ne penses-tu pas que cette journée a été suffisamment difficile pour moi sans que viennes rajouter ton grain de sel ?" cette fois-ci le blond devint cruel, il ne voulait pas flancher devant lui, il en était hors de question.

Alors Harry lâcha Draco et le laissa partir. Les paroles du blond l'avaient écorchées mais il savait que Draco ne les pensait pas réellement. Il regarda longuement dans la direction dans laquelle celui qui venait de perdre sa femme pour 17 ans s'était enfui. Puis il quitta les lieux également.

Draco était parti à Poudlard afin de voir son fils.

"Ne m'abandonne pas aussi, je t'en supplie. Je n'y survivrai pas." pria Draco Malfoy en toute sincérité.

Il ne pleurait pas, il avait seulement énoncé un fait.

IntensémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant