I- Si la rentrée était une fête, je ne la célèbrerais pas...

231 22 6
                                    

Je n’ai que 17 ans. Enfin, c’est ce que la société me dit en supposant qu’une année existe bien dans le temps. L’humain a toujours essayé de quantifier les choses censées être impossible à quantifier, afin de se repérer dans ce monde. Je ne réfute pas ce fait, mais je ne dis pas qu’il est vrai aussi. Bref, je ne suis qu’une personne totalement ordinaire, qui vit pour mourir.
Aujourd’hui, c’est la rentrée. Voir de nouveaux visages m’importe peu. Revoir le mien, tous les matins, dans le miroir, me trouble beaucoup par contre. Ces cernes, nées d’une lutte infinie contre ces longues nuits d’insomnie, marque mon corps à jamais des cicatrices du passé. Cela est ennuyant, j’aurais encore à entendre les commentaires de mes camarades sur ce changement sur mon visage. Très ennuyant. Je déteste la rentrée comme toutes personnes normales, cependant, je ne pense pas partager les mêmes raisons qu’eux. Voir tous ces visages, entendre tous ces bruits nuisibles, produits par la bouche des élèves, se sentir stressé dans la cours, entouré de toutes ces personnes qui se croient supérieures… Tout cela fatigue mon âme. Y’a-t-il une solution à tout cela ? OUI…s’effacer…disparaître jusqu’au point de devenir invisible. Mais cela m’est malheureusement impossible car, même si le fait de me faire rejeter par la société ne devrait pas me préoccuper, je ne veux pas être seul. Je veux me faire accepter par ce monde, avoir ma place dans ce monde, qui n’est pas censé être mien. Même si je me sentirais comme un vagabond, un errant, une âme égarée, je veux avoir mon nom dans la liste des personnes existantes…
Notre professeur principal, dont je ne connais toujours pas le nom, malgré qu’il l’ait répété plusieurs fois, vient de nous donner le programme de cette année. Les intellos ont trouvé notre emploi du temps intéressant, les élèves cool l’ont trouvé « merdiques », mot pour mot. Moi, je ne vois qu’un simple tableau…J’ai beau essayé de voir plus loin, je ne vois qu’un tableau sans qualificatif particulier.
Les minutes passent et la sonnerie retentit enfin. Ces grelots de la liberté résonnent comme une douce harmonie à mes oreilles et me libèrent enfin de cette atmosphère lourde et ennuyante de la classe. Je peux à présent respirer, inspirer, expirer.
Je rentre enfin chez moi. Ou devrais-je dire l’endroit où je dors et je mange, car en pensant aux origines, la Terre est l’endroit où les humains sont censés vivre; alors mon chez moi est censé être partout, mais le problème est que je pense différemment. Mon chez moi n’est encore nulle part. Il n’existe pas, pas encore, je ne l’ai pas encore trouvé. Je le saurais quand je le trouverais. Mais pour le moment, là où mes parents vivent peut être considéré comme mon chez moi. Bref, me voilà à la maison. Revoir mon lit, m’enfoncer dans mon lit, me noyer dans mon lit, m’effacer dans les douceurs de mon lit suffit à remplir le vide que pourrait occuper une femme dans ma vie. J’aime mon lit.
Ainsi, allongé dans mon lit, je pense et je réfléchis. Je pense à toutes ces personnes que je verrais encore et encore tous les jours, tel un cycle sans fin. Je réfléchis à ce que je pourrais faire pour changer ma situation, mais malgré tout, mes pensées profondes m’emmènent encore et encore à  penser à Mary. Réfléchir sur n’importe quoi m’emmène toujours à penser à elle. Pourquoi Pensée me fais-tu cela ? Ou bien est-ce toi Réflexion ? Cœur, si c’est toi, je t’en supplie arrête. Tu tortures mon âme à chaque souvenir que tu envois à mon cerveau. Tu es si cruel avec moi. Toi qui est mien, pourquoi veux-tu ma…non…notre fin. Mary, pourquoi perturbes-tu mon bon sens et mon bonheur ?
Qui est donc Mary? Mary est juste une fille de mon âge.

Pensées vagabondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant