VIII- Si nos pensées étaient des armes, on serait tous mort...

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Toujours assis autour de cette table, placée entre les deux canapés, nous nous sommes mis d’accord pour aller commander quelque chose. Par coïncidence, Laure et Sirius sont allés à la  caisse voir ce qu’il y avait de bon à manger, me laissant ainsi seul avec Mary. L’heure était ainsi au règlement de compte… Pour une fois de ma vie, mes pensées allaient enfin sortir de ma bouche. Mes pensées allaient donc s’opposer à celles de Mary…
“-Alors, maintenant tu emmènes cette fille à ma place !?
-Je ne vois pas de raison pour ne pas l’emmener.
-C’était notre truc à toi et moi…
-Plus maintenant. Tu as Sirius, sinon pourquoi l’avoir emmené…
-Je l’emmène car tu ne m’avais pas proposé de venir avec toi.
-Alors c’est ma faute maintenant ?
-Oui, j’attendais ton appel qui n’était jamais arrivé…
-Non. C’est ta faute. Si tu n’avais jamais embrassé Sirius, peut-être, serais-tu avec moi en ce moment. Bien sûr que je voulais t’emmener, mais maintenant je suis avec Laure et je suis heureux avec elle.
-Je n’ai pas embrassé Sirius, c’est lui qui l’avait fait sans ma volonté…
-Et tu t’es laissée faire.
-Laisse tomber, après tout, tu ne m’écoutes jamais…
-Si, je t’écoute.
-Alors arrête d’agir comme un imbécile partout.
-Je ne suis pas un imbécile.
-Tu t’enfonces.
-Haha ! Ce n’est pas la première fois que tu me dis ça. Je ne m’enfonce nulle part.
-Arrête d’agir comme un enfant bordel !
-Alors arrête de toujours faire comme si tu me reprochais quelque chose.
-Je te reproche quelque chose.
-Dis le moi direct en face alors au lieu de toujours sous-entendre.
-A quoi bon, tu ne comprendras toujours pas, idiot !
-Mais dis !
-Non retourne avec ta Laure toi !
-OK alors. Toi aussi retourne avec ton cher Sirius.
-Sale connard…
-Pfft….
-Tu t’enfonces…
-Ntssss….
-Arrête avec tes pffffff et tes ntssss là.
-Alors arrête de dire que je m’enfonce !”
Heureusement qu’à ce moment, Laure et Sirius revinrent.
On se mit donc à manger. Seuls Laure et Sirius parlaient beaucoup. Mary et moi, nous nous contentions de dire « oui » ou « non ». Il était intéressant de constater qu’à chaque que Mary répondait, elle me regardait d’un air attristé. Cependant, même durant tout le repas, elle jetait plusieurs petits regards vers moi. Je ne savais pas comment réagir, alors je l’ai juste ignorée même si cela était dur à faire.
Le repas terminé, Laure et Sirius voulaient continuaient à faire durer le supplice qui nous animait, Mary et moi. Ils voulaient qu’on traîne encore ensemble. Je voulais passer du temps avec Laure, alors j’avais accepté quand même.
Nous avions commencé avec une partie de trampoline. C’était plutôt amusant. Je finissais même par oublier la gêne entre Mary et moi et elle aussi. Nous avions enchaînés différentes activités, et puis, nous arrivâmes à la dernière de la journée. Cette activité n’était rien d’autre que le « Blackout ». Ce jeu consistait à retrouver un objet dans le noir. Bien sûr, ce serait trop simple si on devait juste chercher, alors des monstres, qui avaient pour but de nous effrayer, étaient à l’intérieur. J’avais peur, mais comme Laure s’enthousiasmait tant, comment aurais-je pu fuir comme un lâche comme ça. On entre dans la pièce, et puis, tout d’un coup privés de lumière, la porte se ferma. Mon rythme cardiaque s’accéléra, ainsi que ma respiration. Je restais cloué sur place, en sentant le parfum de Laure et des autres s’éloignait doucement. J’étais seul, j’avais encore plus peur. Je me ruais ainsi dans cette obscurité infinie. J’oubliais peu à peu par où j’étais rentré. Je me perdais de plus en plus. J’avais l’impression de m’être fait avaler par les ténèbres. Et puis, je vis cette lumière. Je pensais que c’était une lueur d’espoir, qui m’aurait permis un jour  de sortir d’ici, mais derrière cette lumière se cachait un monstre effrayant. Je sentais ma température corporelle baissée terriblement. Je m’assis ainsi dans un coin, afin d’éviter de m’effondrer dans cette obscurité. J’étais terrifié et j’attendais juste cette main, qui viendrait m’aider comme Laure l’avait fait pour moi, sous la pluie. Je me sentais seul, jusqu’à ce que je sente un corps se coller au mien. Cette odeur était celle de Mary, mais j’avais trop peur pour penser à nos différents. C’est alors que je sentis ses mains, serrant les miennes si fort, que je savais qu’elle avait peur aussi. Elle n’arrêtait pas de murmurer qu’elle avait peur. Je lui disais que tout irait bien. Je sentis également son nez touché le mien, et ses lèvres effleurés légèrement les miennes. Mon cœur se mit à battre encore plus vite, mais cette fois ma température augmentait mais ne baissait pas.
Que m’arrive-t-il ? Je ne contrôle plus mon cœur… Pourquoi entends-je mon cœur battre si fort ? Il est sur le point d’exploser… Mon visage est attiré comme un aimant vers son visage… Non ! Il faut que je m’arrête, Mary ne ferait que me détruire… Mais… Je veux… Non… Je dois m’approcher d’elle, sentir sa chaleur encore plus près de moi… Je ne me contrôle plus… Je n’arrive plus à résister… Mon inconscient parle… Il veut assouvir ce désir auquel je n’ai pas eu droit… Ce baiser que Sirius m’avait volé… Je vais le reprendre…
C’est à cet instant que mes plans changèrent. Ce n’était pas mon visage qui s’approchait du sien, mais le sien qui se rapprochait du mien. Ses lèvres se collèrent complètement aux miennes…
Laure avait trouvé l’objet, alors l’activité se termina là, comme la journée également.
Je repense encore à ce baiser dans le noir avec Mary. Mais le sommeil me gagne, alors je m’endors.

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