CHAPITRE 1

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Cette oeuvre de fiction est inspirée des romans de Tess Gerritsen et de la télésérie de Janet Tamaro intitulée "Rizzoli & Isles". Afin de rendre la lecture plus crédible, quelques recherches sur les méthodes médicaux légales, d'investigations et les lieux visités ont été nécessaires. Bonne lecture.


« Tel est pris qui croyait prendre » (Proverbe français)

Le bruit habituel des interpellations, des grommèlements et autres moyens de communications oraux dans les locaux du laboratoire de médecine légale pris brutalement fin. Susie Chang, l'une des techniciennes responsables de l'équipe de recherche, s'était figée, incertaine sur la conduite à tenir en un tel moment. Au travers de la double porte vitrée, Chang suivait des yeux le manège inconsidéré de l'inspectrice Jane Rizzoli. Affublée d'un débardeur grenat et d'un pantalon en toile foncé, la représentante de la loi avançait accroupi le long du couloir du laboratoire. Elle venait de s'arrêter devant les portes battantes de la salle d'autopsie et semblait indécise, le téléphone collé à l'oreille. Susie déposa l'éprouvette et fit un pas, aussitôt interrompu par le geste de Rizzoli. Il ne fallait pas qu'elle aille plus loin. D'un moulinet gracieux, Jane l'exhorta à oublier cet incident.

« Ton employé me prend maintenant pour une folle. Merci Maura, grinça l'inspecteur, vérifiant par le biais de la lucarne insérée dans la porte que le champ était libre. Tu es sûre au moins de ton coup ? Ou alors... tu l'as déduit ? »

À la simple idée que le médecin légiste, Maura Isles, se rabaisse à « conclure » sans preuve une quelconque situation, le moral de Jane en fut tout ragaillardi. Elle souriait d'un air entendu malgré les protestations de son amie à l'autre bout de la ligne. Personne dans la salle d'autopsie sinon le cadavre de Steven Harris toujours étendu, la peau parcheminée distendue par la décomposition, le cheveu plus rare que jamais. Une horrible odeur de putréfaction émanait à présent de son corps.

« Merde, il n'a même pas commencé à l'examiner. Oh, Maura ! Pourquoi tu as accepté d'aller à ce truc machin à Montréal. T'es plus qualifiée que tous ces clowns réunis alors reviens et aide-moi à résoudre ce meurtre.

- Je suis flattée que tu m'accordes une aussi grande expertise, mais, étrangement, je suis loin de connaître toutes les nouvelles réformes que le Québec applique au niveau de la médecine légiste. Tiens par exemple, l'un des conférenciers s'est penché sur la toxicologie actuelle et...

– Maura ! » Jane venait d'arriver en face du bureau du médecin légiste. La porte était fermée, mais la grande fenêtre, qui donnait sur la pièce, avait les stores relevés. Le Dr Pike, substitue par forfait du Dr Isles, devait se prélasser dans le fauteuil de l'absentée, savourant un moment de détente absolu. C'était du moins l'avis de Maura qui avait envoyé Jane en reconnaissance. « Bon, je fais quoi au juste. »

Exécutant l'ordre de son amie légiste, Rizzoli ouvrit la porte du bureau en grand et cria d'une voix haute et intelligible : « Dr Pike, nous avons un sérieux problème à régler. »

L'effet provoqué chez le sexagénaire dégingandé fut foudroyant. Ayant étendu ses pieds sous le bureau et croisé ses mains sur son ventre, le fanfaron heurta son genou de plein fouet avec le rebord du meuble si bien qu'il dut se frictionner la jointure tout en adoptant une attitude digne face à sa visiteuse visiblement hilare.

« C'est Maura, elle veut vous parler. »

Et sans plus de cérémonie, Jane tendit le téléphone au médecin qui, la mine basse, se fit copieusement invectiver par sa supérieure. Il manquait à son devoir et cela serait consigné dans son dossier. La menace de Maura était on ne peut plus sérieuse. Le Dr Pike la prit néanmoins comme telle et, redonnant à Jane son appareil, il courut plus qu'il ne marcha en direction de la table d'autopsie. Les analyses allaient enfin débuter.

« Allez, dis-moi comment tu l'as su pour Pike ! Tu l'as déduit avoue ! décréta l'inspectrice en s'installant à son tour dans le fauteuil vacant.

- Jane, lève tes fesses de là, répondit simplement Maura avec, dans le ton de sa voix, un sourire au bout du fil.

– Merde, comment tu fais ? » Et d'un regard inquisiteur, Jane fit un tour d'horizon. Son regard se fixa sur une minuscule diode bleutée qui colorait légèrement la tranche d'un livre d'anatomie. « Ne me dis pas que t'as installé une des caméras de Frost dans ton bureau ?! » Jane tendit la main pour vérifier si l'objet circulaire était bien d'une nature électronique. Sans nul doute possible.

« Je savais que Pike ne résisterait pas à l'appât d'un fauteuil vide alors j'ai laissé Frost jouer au petit espion. C'est bien utile quand tu es à quelques milliers de kilomètres du lieu tentateur. Ceci dit, je vais te laisser tranquille, la réunion recommence. On s'appelle plus tard ?

- Oui, d'ici là, ton alter ego masculin aura résolu le mystère du meurtre de Harris.

- Ah, tu crois ? demanda Maura dubitative.

- C'est beau de rêver non ? » Et Jane coupa la communication.

RIZZOLI & ISLES : en eaux troublesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant