Chapitre 3 : Rendez-vous.

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Driiiing. Une main me secoue.

-Hé, Avalon, le cours est fini, me souffle le type derrière moi.

Je me redresse d'un coup. Est-ce que j'ai dormi ? Mes joues virent au rouge cramoisi. Oh non, ce n'est pas la meilleure façon de se faire bien voir en début d'année. La salle est presque vide. Je remballe mes affaires et file la tête baissée direction les toilettes des filles, celles qui sont à l'extérieur. J'ai repéré hier qu'elles étaient moins fréquentées, sans doute dû à leur état. De plus, la cour est commune aux collégiens et aux lycéens, bien qu'ils ne se mélangent que très peu, et est donc accessible à Thaïs et Élisa, qui ne sont qu'en quatrième. Nous avons ainsi convenu avec mes sœurs que nous nous retrouverions là.

Je rentre dans les toilettes, la porte grinçante bouge au rythme du vent, elle semble tellement tenir à un fil que je préfère ne pas la refermer, de peur qu'elle ne me reste entre les mains.

Je fais quelques pas en évitant les flaques (dont je préfère ne pas connaitre l'origine) et les papiers collés au sol. Brrr. Il va falloir m'y faire. Le lieu semble vide mais je perçois quelques chuchotements au fond.

-Les filles ? Le son de ma voix paraît disproportionné par rapport au calme sinistre des locaux.

Heureusement, la voix d'Élie me rassure.

-On est là, au fond, dans les toilettes handicapés.

Quand je pénètre dans le boxe, une Maë mal peignée et vêtue d'une salopette en jean est assise nonchalamment sur le couvercle des toilettes, et Thaïs, debout dans un coin, joue avec ses cheveux. La lumière artificielle fait ressortir son teint pâle et ses taches de rousseur autour du nez. Avec sa robe fleurie bleu pastel, elle ressemble à une petite poupée, mais une poupée cassée, car depuis la rentrée elle affiche une mine morose qui me fend le cœur. Elie se précipite pour verrouiller la porte derrière moi.

-T'es sure que personne ne t'a suivie ? Me demande-t-elle avec un air suspicieux.

Je ne peux m'empêcher de sourire.

-Elie, on est pas dans un film d'espionnage.

Qu'est-ce que ça culture cinématographique est envahissante ! Elle a des références pour toutes les situations. Je crois qu'elle m'étonnera toujours, mais sans elle et sa joie communicative, notre famille serait bien triste.

-Bon, c'est une alerte rouge ! s'exclame Elie.

-Noah est dans le bureau de la proviseur, enchaîne Maë.

Et merde.

-Qu'est-ce qu'il a encore fait ? Ma voix est lasse.

-Aucune idée, me répond, sur le même ton, ma sœur à la crinière de lionne.

-J'ai entendu parler d'une bagarre, déclare Thaïs en sortant de son coin.

-Rien d'autre ?

Elle croise ses bras sur sa poitrine et secoue la tête.

-Tu sais que je déteste écouter les pensées Ava, je...C'est trop oppressant.

Je comprends. Il y a un blanc que je brise finalement en me tournant vers Élisa.

-Tu peux aller voir ce qu'il se passe dans le bureau de la proviseur ?

Elle acquiesce vivement.

-C'est comme si c'était fait ! 

Et elle disparaît sous mes yeux, seule la porte qui s'ouvre puis se referme m'indique qu'elle ne s'est pas dissoute dans les airs.

Eux et NousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant