Chapitre 12 : Les tueurs

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 — Tenez mademoiselle.

Me reconnectant brusquement à la réalité, je me retrouvais dans ce vaste amphithéâtre, un tableau en face moi, et ce professeur qui me tendit un stylo prêt à l'emploi.

Il fallait à présent que je plonge dans mes souvenirs pour sortir les réponses convenables, je suis certaine de l'avoir lu il y a quelques jours, ou peut-être la veille ? Les commentaires annotés étaient si bien expliqués, comment ai-je tout oublié ?

Mon stylo-feutre longeait les lignes inscrivant ce qu'il traversait ma mémoire, mais j'avais du mal à contenir ma concentration. Et cette fois-ci ce n'était ni le groupe ni ce beau brun derrière moi, mais cette marque. Elle prenait littéralement feu en moi, brulant jusqu'à mes os de douleur.

Dos à l'ensemble de l'amphithéâtre, je pris un moment pour fermer les yeux, cherchant à contenir l'agonie qui montait en moi. Je me concentrais sur mes lentes respirations, tentant de retrouver un semblant de calme. Pourtant, la chaleur oppressante de la salle augmenta encore, étouffante, comme un étau se resserrant autour de moi. Un vertige puissant s'empara de moi, menaçant de me faire vaciller. Mon stylo échappa à ma main tremblante, heurtant le sol dans un léger bruit métallique.

Dans un ultime réflexe, je me rattrapai de justesse au rebord du tableau, sentant mes doigts se crisper sur le bois froid. Des gouttes de sueur perlaient et glissaient lentement le long de ma tempe, tandis que la douleur irradiait, figée en moi comme une onde brûlante qui parcourait mes membres. L'intensité de cette souffrance grandissante me laissait immobile, chaque fibre de mon corps tendue sous l'assaut de cette sensation écrasante.

Tout le monde s'était figé dans ses actions, leurs regards incrédules et intrigués fixés sur moi. Les murmures et le léger bourdonnement de la salle se dissipèrent rapidement, laissant place à un silence pesant qui accentuait chaque battement frénétique de mon cœur. Je m'inclinai respectueusement devant mon professeur, un geste maladroit d'excuse, tandis que son visage trahissait une incompréhension totale de ma réaction soudaine.

Sans plus attendre, je me retournai et sortis en trombe de la salle, mes pas précipités résonnant dans le couloir désert. Les murs semblaient se resserrer autour de moi à mesure que je courais, la lueur fluorescente des néons vacillant légèrement, ajoutant à la sensation d'urgence et de confusion. L'air était lourd, presque suffocant, et chaque respiration devenait un effort.

Finalement, j'atteignis les toilettes et m'y engouffrai, fermant la porte derrière moi d'un geste brusque. Je pris une profonde inspiration, essayant de calmer mon cœur affolé, puis je relevai la manche de ma chemise avec des mains tremblantes. À ma grande stupeur, le tissu était brûlé, noirci autour de la marque que je portais. Comment cela pouvait-il être possible ? Les contours de la brûlure semblaient encore chauds, pulsant légèrement, comme si l'énergie qui les avait créés était encore présente.

J'allumai le robinet à toute vitesse, laissant l'eau froide couler sur ma peau. Je mis mon bras sous le jet, espérant que le contact glacial soulagerait l'ardeur insupportable de la brûlure. Mais je ne sentais rien ; l'eau semblait glisser sur ma peau sans effet, ne parvenant pas à apaiser la douleur croissante qui envahissait mon bras. Mes paupières se fermèrent fermement, un réflexe face à la douleur aiguë qui me faisait grincer des dents.

Des jurons étouffés franchirent mes lèvres, si je me présentais à l'infirmerie dans cet état, ils seraient tentés de m'interner, convaincus que je m'étais gravé moi-même cette marque dans la chair avec un scalpel.

Alors que j'étais plongé dans ma douleur, les yeux fermés, j'entendis le grincement léger de la porte des toilettes qui s'ouvrait. Une personne entra, ses pas résonnant doucement sur le carrelage froid, et s'arrêta juste devant moi.

Le secret des Enfers ( En cours )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant