Chapitre 2 : 12 mai 2010 à 11 h

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Marjorie gara la voiture juste devant la grille de la villa de Mme Bignet. Elle arrêta le contact puis on descendit du véhicule. Et c'était là que je remarquai la taille de ma collègue. Elle était plus grande que moi. Je lui arrivai au menton comme à Johann.
J'arrêtai de regarder Marjorie et je secouai la cloche de la grille. Des rideaux bougèrent et la porte d'entrée s'ouvrit. Mme Bignet nous fit entrer dans sa maison. La dernière fois que j'avais vu ces pièces c'était le jour du meurtre de Johann. J'étais plongé dans mes souvenirs à tel point que je n'arrivais pas à commencer l'interrogatoire. Et ce fut Marjorie qui prit la parole comme si elle avait commencé l'enquête depuis le jour du crime.
- Madame Bignet, dit elle soigneusement. Nous souhaitons ré éclaircir l'enquête. Pour cela, nous avons besoin de votre aide. Il y a certains éléments qui auraient pu nous échapper. Pourriez vous nous raconter encore une fois votre mésaventure du 12 avril 2010.
Mme Bignet regarda ma collègue de la tête aux pieds. Elle avait vu des tas de flics depuis ce crime mais jamais elle n'avait remarqué cette personne. Elle me regarda à mon tour comme si elle voulait une présentation. J'ouvris enfin ma bouche :
- Ma nouvelle collègue attend votre réponse.
Mme Bignet s'installa sur une chaise car elle fatiguait d'être debout. Et je l'avais un peu brusqué avec mon ton autoritaire. Marjorie se rapprocha de la dame.
- Je suis désolée de vous embêter avec ça. Mais c'est très important pour nous de retrouver l'assassin, dit elle avec douceur.
Avec une telle douceur que j'en fus surprise. Et j'avais envie de lui dire que c'était encore plus important pour moi de retrouver l'assassin puisqu'il avait tué mon propre équipier. Il m'avait enlevé mon meilleur ami. L'être humain avec qui je passais mes jours.
Mme Bignet rassurée par Marjorie souffla un bon coup et commença à raconter ses souvenirs :
- Je regardais tranquillement la télévision. Il faisait chaud ce jour là alors j'avais laissé la fenêtre ouverte. Tout paraissait si calme dehors. Je m'endormis presque dans mon film.
En même temps qu'elle racontait, j'observai Marjorie. Celle-ci était plongée dans son histoire. Elle s'était accroupie au même niveau que la dame et elle prenait des notes.
- J'ai entendu un énorme bruit, continua Mme Bignet sur un ton élevé. J'ai sursauté un gros coup. ça ne fait pas du bien au cœur ce genre de réaction.
Entre temps, Marjorie me regarda pour vérifier si j'étais encore là. Elle se doutait que je n'aimais pas entendre ses souvenirs. Mme Bignet aussi me regardait. Elle s'était arrêtée de parler. Je lui fis signe de poursuivre.
- Je me suis levée et j'ai entendu cette fois-ci, un coup de feu, raconta la vieille dame avec de gros yeux. Je suis sortie de ma maison. Et j'ai cherché tout partout. Quand je suis arrivée à la hauteur des poubelles, j'ai vu le corps de ce policier baigné dans son sang. Il clignotait encore des yeux. J'ai appelé une ambulance. Mais le temps qu'elle arrivait, le pauvre homme était parti. Les voisins sont arrivés par la suite. Ils rentraient du restaurant.
Je revoyais en image mon équipier au pied des poubelles. Des larmes coulèrent sur mon visage. Marjorie demanda encore quelques renseignements.
- Avez vous vu un véhicule dans le coin à ce moment là ? Ou bien une silhouette ? demanda t-elle.
- Non. Je ne peux pas vous aider, répondit Mme Bignet.
- On interrogera les voisins cet après midi.
Je sortis de la maison pour m'isoler dans la voiture. Marjorie salua la dame et me rejoignit. Elle me tendit un mouchoir. Je la remercia sans prendre le temps de la regarder. J'avais honte de me comporter comme une femme très faible devant elle. Et contrairement à elle, je n'avais pas mené l'interrogatoire alors que je n'étais pas nouvelle.
- Si vous voulez m'en parler, je serai prête à vous écouter, me dit Marjorie en douceur.
- Allons manger. Il est midi, lâchai-je sur un ton sec. Cet après midi, nous avons du travail.

Je te vengeraisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant