J'arrivai au commissariat à cette heure-ci et j'aperçus un groupe de collègues assemblé dans le couloir autour de Marjorie. Chacun son tour, on lui posa des questions. Ils semblèrent tous intéressés par ma nouvelle partenaire.
- Bon les gars, j'ai du travail, moi, fit remarquer Marjorie amicalement. On se reverra plus tard.
Le groupe partit en lui faisant des signes puis Marjorie se retourna vers moi avec un grand sourire.
- Comment allez vous ? me demanda t-elle.
- Bien, répondis-je. Au travail. On doit aller interroger Les Leroux.
On se mit en route. Marjorie accepta tout de suite pour conduire. Il eut un silence entre nous deux comme hier. J'étais dans mes pensées dont Johann en faisait parti. Je le revoyais avec son sourire, assis au volant en me racontant sa jeunesse, ses bêtises.
Marjorie pila tout à coup à cause d'un véhicule qui reculait sur la chaussée. Elle me sortit de mes pensées quand elle hurla :
- Ce n'est pas vrai ! Mais quel idiot, celui-là ! Vous l'avez vu ?
Non, hélas. Je pensais à Johann comme d'habitude. Je ne répondis pas à sa question et quelques larmes coulèrent sur mon visage. J'essayai de les cacher. Parfois c'était difficile lorsque Marjorie tournait la tête. Je semblai ridicule de me comporter de cette façon mais je refusai l'aide et la pitié. C'était comme ça, on ne pouvait pas me changer.
Marjorie remarqua que je l'ignorais alors elle n'insista pas sur son danger public sur la route. Elle savait que j'avais la tête ailleur et elle devinait exactement à qui je pensais. Inutile pour elle de me poser des questions car je n'y répondrai pas. Elle avait parfaitement raison.
Il eut un embouteillage sur la route. On n'était pas prête d'arriver chez les Leroux. Ce silence dans la voiture finit par me souler alors il fallait bien que je le casse. Je me lançai :
- Hier, j'ai eu la visite d'une amie...
Je laissai un blanc pour me laisser le temps de retrouver la suite de ma phrase dans ma tête. Marjorie profita de l'embouteillage et de l'immobilisation du véhicule pour me regarder sans me lâcher une seule fois des yeux. A mon avis, elle fut surprise par ma prise de parole et encore en plus par le début de ma phrase déballant ma vie.
- Cette amie vous connaît, poursuivis-je. Elle vous a tout de suite reconnue.
- Qui est-ce ? demanda Marjorie.
- Faustine Steller.
- Ah ! Faustine ! Ca fait longtemps que je ne l'ai pas vu. Qu'est ce qu'elle devient ?
- Elle vit dans le centre équestre de son copain. Elle s'occupe de l'administration des écuries et elle aide aux enfants à s'occuper des poneys.
- D'accord.
- Elle souhaiterait vous revoir, annonçai-je.
- Moi aussi, ajouta Marjorie avec un sourire.
- Je lui ai donné votre adresse et je pense qu'elle débarquera bientôt.
Les voitures commencèrent à avancer. Ce n'était pas trop tôt. Marjorie se concentra à nouveau sur la route. Et le silence recommença entre nous deux. J'essayai de le re-casser encore une fois en trouvant une question :
- Vous connaissez le chef ?
Marjorie mit du temps pour répondre. Avait elle entendu la question ou faisait-elle exprès de l'ignorer ? Voyant que j'attendais ma réponse, elle finit par répondre :
- C'est un ami !
Point final. C'était la première fois qu'elle me parlait sur un ton sec que j'en fus surprise. Un troisième silence régna dans la voiture. Et cette fois-ci, il semblait sans fin.
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Je te vengerais
Mystery / ThrillerKarine Rey vient de perdre son équipier. Elle n'a qu'un seul but, c'est de retrouver l'assassin de Johann. Elle fait la connaissance de Marjorie Rousseau, sa nouvelle partenaire. Toutes les deux partent sur l'enquête. Karine n'est pas la seule à vou...