Partie 9

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Je me réveille sur mon banc, le seul endroit où je suis à l'abri, le seul endroit où je me sens bien.

Mais je n'ai pas envie de rester assise aujourd'hui. J'ai envie de bouger, de marcher, de changer quelque chose. Alors je me lève de ce banc protecteur, et je pars à la découverte de l'inconnu. Parce que je n'ai pas peur, parce que seul les fous ont peur. Ou bien c'est l'inverse. Peut-être que les fous n'ont peur de rien au final. Parce que je n'ai plus peur depuis bien longtemps, et il paraît que je suis folle.

Je me lève et me met à marcher dans les allées fleuries de ce parc que je pense si bien connaître. En plein mercredi après-midi, les enfants courent et s'élancent dans le parc de jeux. Ils se balancent aux branches, et ils jouent tous ensemble, comme s'ils se connaissaient depuis des années. Tout est toujours si simple quand on est un enfant. On en rencontre un autre, un inconnu, et en quelques secondes il devient notre meilleur ami. Les enfants ont tout compris. Ils ont compris que vivre était le plus important, vivre de façon insouciante, vivre pour le plaisir, de façon simple, sans penser aux conséquences. Je voudrai redevenir une enfant. Je voudrai que tout redevienne simple.

Et d'un seul coup, le ciel commence rapidement à s'assombrir et perd toute sa beauté, comme si la nature ne souhaitait plus que je sois là. Des éclairs éclatent au milieu des nuages et brisent le calme. Les feuilles volent dans tous les sens et tourbillonnent, le vent souffle violemment et nous chasse. Les enfants courent se réfugier dans les bras de leurs parents, et ils s'enfuient tous en courant. Des enfants tombent, ils crient, ils hurlent. Une petite fille aux cheveux bruns laisse tomber sa poupée sur le sol boueux et tente de retourner la chercher, mais son père la prend dans ses bras et s'enfuit avec elle. Le parc se vide en quelques secondes, ne laissant que les traces d'un chaos dévastateur.

Ils arrivent, ils viennent encore tout gâcher. Ils reviennent détruire mon monde, le monde que j'ai construit. Je ne les fuirai pas cette fois, je dois savoir qui ils sont, je dois savoir à quoi ils ressemblent. Je ne peux pas me battre indéfiniment face à l'inconnu. Je me suis trop de fois enfuie, j'ai déjà trop de fois failli à ma tâche. C'est à moi de les protéger, tous ces gens. Sans moi, ils n'existent plus. Sans moi, ils ne sont plus que néant et poussière.

Je les entends, j'entends leur souffle tout près de moi, un souffle chaud et désagréable qui me parcourt la nuque. Je sens leur regard se poser sur mon corps, et leurs cris me transpercent les oreilles. Un cri de bête sauvage, un cri de rage et de colère. Ils m'en veulent, je le sens, ils n'en ont qu'après moi. Mais pourquoi ?Je ne sais pas, je ne comprends pas.


 Je sens des branches se froisser derrière moi et je fais volte-face. Les buissons bougent, de plus en plus rapidement, de plus en plus violemment. Et là, deux yeux, deux yeux jaunes me transpercent. La bête se jette sur moi, je hurle et ferme les yeux.

Le BancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant