Partie 12

8 0 0
                                    

Je me réveille, allongée sur mon banc, les muscles engourdis. Il fait encore nuit. La lune m'éclaire, haut dans le ciel et les étoiles m'appellent. Les arbres frissonnent sous la brise du vent d'hiver et le coucou des chouettes berce les autres animaux du parc.

Je me soulève et appuie mon dos contre le dossier en bois. Je reste là sans bouger pendant quelques minutes, laissant le rythme de mon cœur battre lentement avec la nature endormie.

Je finis par me lever et commence doucement à déambuler dans les allées vides du parc. La lumière des réverbères m'offre à la vue de tous et me cache dans l'obscurité suivant la marche de mes pas. Des cosmos jaunes et bleus longent le bord du lac et je confectionne un bouquet. Il me rappelle celui de la vieille femme qui me souriait gentiment. Je m'assoie dans l'herbe humide et m'en façonne une couronne que je porte à ma tête.

Je reprends ma route et m'arrête dans l'aire de jeux pour enfants. Je m'assoie sur l'une des balançoires et fait grincer le cordage. Je me balance doucement d'abord, puis de plus en plus vite, de plus en plus haut, tentant en vain d'attraper les étoiles.

Dans ma lancée, j'observe d'étranges tâches noires couvrant le sol près des buissons. Je m'arrête et descends de la balançoire, marchant vite en direction de ces tâches. Elles couvrent le sol d'une couleur pétrole effrayante. Pourquoi est-ce que je n'ai pas vu ces tâches hier ? Peut-être que les bêtes sont revenues pendant mon absence. Observant de plus près, je remarque que le buisson est aussi couvert de ce noir. Fuyant la peur qui m'anime, je traverse les branches et tente de passer de l'autre côté. Les branches déjà cassées par les nombreux passages m'aident à me faufiler. Une fois les buissons traversés, je m'arrête net. Une énorme flaque d'encre noire couvre tout le sol autrefois boueux.

Et sur l'arbre à côté de moi, une énorme tâche noire en forme de main.

Je pose ma main gauche sur la tâche formée sur le tronc de l'arbre. Elle paraît minuscule à côté, presque un dixième de la taille de l'encre. Le noir déversé sur le sol semble avoir été mélangé, comme-ci quelqu'un s'était roulé dedans dans tous les sens et en avait peinturé la terre.

J'entends encore le cri des hiboux qui semble me retenir d'avancer, comme s'ils tentaient de m'avertir d'un danger.


 N'écoutant que mon instinct, je décide quand même de m'approcher de plus près. Je tends lentement le bras en direction de la tâche et tente d'en effleurer les bords de ma main. Mes doigts se rapprochent de plus en plus, frôlant presque le sol de son épiderme, quand quelque chose, ou quelqu'un, me pousse sur le sol. 

Le BancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant