mardi, 01 novembre 2016, 04h38_
Alors qu'on fouille dans toute la ville depuis une heure environ, le troisième et dernier clown, celui à la perruque sang, nous intercepte au bout d'une ruelle non éclairée.
Armé de sa tronçonneuse qui ne le quitte jamais, il reste planté face à nous, nous dévisage d'un air vainqueur. La peinture blanche qui couvre son visage déformé luit d'un étrange éclat sous le puissant rayon de lumière blanche que promène mon iPhone devant ses yeux ronds aux paupières brûlées.
Nous reculons de quelques pas, terrorisés, mais il ne bouge pas. Il sourit. Cet affreux rictus qui te glace le sang comme je sais pas quoi, qui reste figé, bien large, pour laisser ses dents limées luire dans l'obscurité. Ses yeux nous fixent sans nous quitter avec envie.
Il lâche un nouvel éclat de rire. Il rit fort, et son rire torturé résonne dans la nuit.
Puis il met en marche sa machine meurtrière, et s'élance vers nous en courant à toute allure.
Nous détalons aussi vite que nous le pouvons malgré notre état lamentable. Tomma halète comme un animal blessé et ne tarde pas à me distancer. Il a pas intérêt à me lâcher ! Pas lui, pas maintenant ! Il n'y a que dans les films d'horreurs bien clichés que ça se passe comme ça !
Un tintement métallique attire soudain mon attention.
Je me risque à tourner la tête derrière moi. Une sorte de petit pendentif argenté vient de tomber de la poche de la veste déchirée de notre poursuivant fou.
Je faillis m'arrêter net sous le choc, mais le vrombissement assourdissant de la tronçonneuse qui se rapproche me pousse à accélérer.
Je parviens finalement à rattrapper mon retard et à rejoindre Tomma. On court encore longtemps, un instant j'hésite à abandonner et à m'arrêter, mais Tomma me tire brutalement le bras et m'entraîne à nouveau derrière lui.
Si seulement quelqu'un pouvait nous tirer de cette merde ! Mais qui ? Personne ne croirait un seul mot de notre folle histoire. Et les flics ? Je pourrais les appeler et leur décrire les événements, en exliquant que nos traqueurs complètement tarés sont des cas psychiatriques échappés d'asile. Ce serait sûrement plus crédible qu'un trio de clown à tronçonneuses...
Tomma me sort de mes réflexions en me secouant gentiment l'épaule. On a semé le clown. On s'arrête, pliés en deux à cracher nos poumons. On pourrait se féliciter, se serrer dans nos bras, mais il y a plus important à faire, et surtout plus grave.
Je connais le pendentif et le reconnaîtrais entre mille. Et je suis sûr que Tomma ne l'a pas remarqué, quand il est tombé par terre.
C'est un bijou représentant une petite tête de loup, dont les yeux ont été remplacés par de minuscules opales.
C'est le pendentif que Tomma a offert à sa sœur jumelle pour son dernier anniversaire...

VOUS LISEZ
Coulrophobe
Aksi«Actualité : Qu'est-ce que la "coulrophobie" ? La coulrophobie désigne une peur exagérée des clowns. Un phénomène qui prend de l'ampleur, depuis que des personnes déguisées en personnages de cirque; vêtus de costumes excentriques et bari...