Nuits Pâles

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Un soir.
Elle s'était couché épuisée.
Elle avait beaucoup travaillé ce jour-la. Aussi, elle avait rit avec ses amis, elles étaient sorties en ville. Elle avait mangé à la cantine, elle avait tenu bon, puis elle s'était rendue au club. Elle faisait du karaté, ça l'aidait à se défouler. Et celà avait beau être difficile, d'affronter tous ces gens, cet endroit lui était familier, et cela l'aidait à affronter ses peurs.
"Pas plus de 3 secondes pour une saisie", stipulait par ailleurs le règlement.
Cette règle la sauvait souvent.
Enfin, ça avait éte une belle journée, difficile mais heureuse. Épuisée, apaisée, l'adolescente s'était laissée sombrer dans un sommeil qu'elle espérait sans rêves.

Espérait.

Azul ouvrit les yeux.
Elle se trouvait dans un jardin, celui de ses grands-parents maternels. Un havre de paix dans son enfance. Un paradis de douceur, de soleil et de verdure. Elle souriait, adossée contre le mur, lorsque soudain, elle la vit.
Elle était là.
Elle était seule cette-fois, l'autre n'était pas avec elle, ce qui étonna la jeune fille. Elles comptaient toutes deux autant à ses yeux. L'inverse était faux.

S'avançant avec précautions, Azul s'approcha de la petite blonde, qui la fixait de ses yeux clairs, insondables.
"Salut..." murmura-t-elle.
L'autre ne dit rien, se contentant de la regarder intensément.
"M-max?"
Alors,
Silence. Silence de mort.
"Écoute, je suis désolée, je suis tellement désolée...
-TAIS TOI! TAIS TOI, J'EN VEUX PAS DE TES EXCUSES! RIEN NE SERA JAMAIS COMME AVANT!" s'écria brusquement l'autre.
La jeune fille fronça les sourcils. Le visage de Max était rouge, à bout de souffle. Si elle continuait de crier ainsi, elle allait...
"Écoute, Max...
-TAIS TOI!"
La voix abîmée de l'adolescente débordait de rage, ses yeux rayonnaient, fulgurants.
Ses yeux bleus, d'un bleu si clair...
Le même bleu que les miens...
Elle lui jeta un regard triste, mais c'étaient trop tard. L'autre se jeta sur elle. Elle brandissait un pot-de-fleur. À l'intérieur, une fleur, une seule, qu'elle reconnaîtrait entre milles.
Un coquelicot.
"Désol..." murmura-t-elle encore, avant que le pot ne s'abatte violemment sur sa tête.
Lorsque les éclats de céramique se brisèrent contre son crâne, elle mourut.


Azul ouvrit les yeux brusquement. 4 heures 30, lui indiqua son horloge fluorescente, qui pâlissait dans l'obscurité. Elle savait qu'elle ne se rendormirait pas, mais la jeune fille haussa les épaules. 4 heures passées, ce n'était pas si mal. Elle avait l'habitude des insomnies. Et surtout, c'était de sa faute.
Max et Héloïse...
Elles.
Les deux filles qui avaient éclairé ses jours, et qui assombrissaient désormais ses nuits pâles.
Elles lui manquaient tellement...
Son coeur se creva un peu plus lorsqu'elle songea à la fleur.
Et la poupée...
La putain de poupée coquelicot...

"Sais-tu pourquoi les coquelicots sont le symbole de la guerre, chez les Anglais?" lui avait raconté sa mère.
Oui...
"Parce que c'était la seule fleur qui poussait sur les champs de bataille."
Conneries...

Les coquelicots ne poussaient pas sur lez champs de bataille. Ils n'étaient pas espoir, ils n'étaient que souvenirs.
Ils n'étaient que douleur.

AzulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant