Azul

Bonjour

Bonjour la nuit.
Elle est noire, ce soir, avec plein de lumières fausses, rougies, éblouissantes. Elles jettent des ombres pâles, et des nappes ensanglantées sur les murs des maisons. Il fait froid, ça sent l'hiver et l'essence. Joyeux Noël...
Bonjour, la nuit.

Bonjour les fleurs.
C'est l'hiver de toute façon. Elles devraient toutes être mortes, il a neigé plusieurs fois, d'une neige sale et blanche comme une chambre d'hôpital, elles devraient être mortes. Elle le sont presque toutes, d'ailleurs. Mais il y a quelques coquelicots, maigres, frêles, sur le vieux chemin que je n'emprunte presque plus. C'est fragile, pourtant, un coquelicot. Le notre l'était, en tout cas.
Bonjour, les fleurs.

Bonjour l'hiver.
Il fait froid, il fait froid et je crois que je vais mourir de froid. La glace est là, intense, leurs fantômes se glissent dans chacune de mes veines. Elles font battre mon coeur au rythme de leur absence. Elles me manquent. Je ne leur dirai pas. De toute façon, Max et Héloïse, ce n'est même pas leur vrai prénom, parce que tout en moi est faux, tout en moi n'est que mensonge.
Donc je n'irai pas les voir. Je n'irai pas leur dire que je souffre et que je saigne et qu'elles ont tatoué leurs mots sur mon coeur qui bat de travers. Qui bat à l'envers. Je n'irai pas les voir, non. A la place, je dirai bonjour aux choses, à tout ce qui est beau, a tout ce qui me tue.

Bonjour, l'hiver.

Azul.