10 février 2017
J'ai pleuré, en première heure de cours, je me suis effondrée.
Un an aujourd'hui que je vivais avec ces terribles souvenirs, flashbacks trop précis, et toutes les conséquences que ça entraînait. Je n'ai plus jamais fait de soirée avec eux. J'ai préféré être sans amis qu'avec eux. Et Nathan a toujours nié. C'est trop, c'est beaucoup trop.
Ma prof m'a emmenée à l'écart quand elle a vu que j'étais inconsolable. Un an après, j'ai osé parlé, j'ai expliqué, oui, un élève de l'école m'avait violé, non pas dans l'enceinte, non j'ai jamais pu rien faire, rien dire.
Elle m'a considérée, choquée, en me disant que c'était grave, qu'elle était désolée, elle m'a mise en contact avec une asbl d'aide aux victimes.
Plus que jamais, je voulais mourir, d'ailleurs pourquoi je ne l'étais pas encore merde, j'aurais du réussir ma tentative de suicide il y a quelques mois.
J'emmerde ce monde.
Je n'ai jamais pu demander à ce que Nathan soit puni, étant donné qu'il ne s'est jamais souvenu de rien. Enfin, à ses dires. Beaucoup m'ont dit que s'il avait été capable de faire ça, il s'en serait souvenu, que s'il avait été arraché au point de faire un black-out il n'aurait jamais été en état de faire ça, physiquement. Je n'ai jamais su qui croire. L'alcool n'est pas une science exacte.
Un an que je vivais avec ces blessures, qui ne se refermaient pas, et tu sais quoi, encore aujourd'hui, ça fait bientôt deux ans, et ça ne passe pas, ça ne passera jamais, je fais encore des cauchemars, je le vois partout, je hais le vin rouge, des chansons, des mots...
Je suis allée devant chez lui, l'attendre, après un an à l'éviter, j'en avais besoin, quand il est arrivé, je lui ai demandé s'il se souvenait de ce qu'il s'était passé il y a un an, il a encore souri, en me demandant ce qu'il s'était passé il y a un an. J'ai commencé à le frapper, Thibault nous a séparé, et j'me suis barrée.
J'ai essayé de me venger à ma façon, dans un accès d'émotions, tu sais, les moments où tu devrais juste rester sur ton lit et éviter de faire empirer la situation.
J'ai pris un crayon gras, j'ai inscrit un peu partout dans l'école que Nathan était un violeur, que les gens devaient faire attention, en larmes. J'étais si énervée. J'avais envie de le pousser au suicide. Même si c'est horrible. Je refusais que lui le vive bien quand moi, j'avais mon âme qui pourrissait chaque jour. Je voulais qu'il aie aussi mal que moi.
Mais c'est moi qui ai eu des ennuis, évidemment. Des accusations graves, des profs qui ont même tenu à me faire la leçon devant tous les autres élèves.
J'ai été traitée en paria, et c'est moi qui devait être remerciante, parce que les parents de Nathan ne portaient pas plainte contre moi. Mes parents ont du aller à la police, et ces connards n'ont rien trouvé de mieux à dire que si je n'avais pas gardé une culotte, ou n'importe quelle trace ADN, ils ne pouvaient rien pour moi. Un an après, bien sûr.
Mes parents évitent d'en parler. Je sais qu'ils me croient à moitié. Je sais très bien qu'ils doutent parce que déjà à ma première expérience sexuelle, j'avais dit être traumatisée, et ils ont l'impression, je ne sais pas, que je suis stupide, que j'aime avoir des problèmes, ou de l'attention, ou les deux. J'ai aussi du droit aux "ce sont tes maladies mentales qui t'ont fait croire tout ça".
Aujourd'hui, je suis adulte.
Et pourtant, je ne me suis jamais sentie autant démunie, j'ai l'impression d'avoir perdu toutes mes certitudes, tout ce que j'avais réussi à me construire. Je suis complètement défaite.
Je suis tombée en anorexie, j'ai atteint le stade des 45kg pour 1,70m. Depuis je me soigne, mais à tout moment, je veux retomber là-dedans, quand mon corps était informe, pas attirant, d'ailleurs Tim avait dit qu'on ne pourrait pas rester ensemble si je perdais trop parce qu'il n'aimerait plus mon corps, puis au final je l'ai quitté Tim, et lui aussi a dit que j'avais inventé toute cette histoire, alors que je l'avais appelé en larmes une semaine après les faits parce que je voulais mourir, qu'il a été le premier à qui j'ai tout raconté, il a aussi dit que j'avais inventé toutes mes maladies mentales, et tant d'autres choses.
Avec toutes ces conneries, je ne suis même plus sûre d'être une bonne personne, j'ai l'impression qu'ils ont tous raison et que j'ai mérité tout.
Je n'avais aucune idée de comment clore cette histoire, et ça m'a pris d'ailleurs beaucoup plus de temps que prévu. Finalement j'ai pris 2h, j'ai laissé courir mes doigts et mes émotions.
Je suis désolée si c'est décevant.
Mon but fut seulement de lâcher tout ce que j'avais sur le cœur, des années durant, je n'ai jamais cherché ni compassion ni succès, j'avais besoin de tout écrire, hurler sur mon ordinateur.
M'enfin, toute histoire a une fin, celle-ci y compris, elles ne peuvent pas toutes être heureuses, celle-ci encore moins.
Merci de votre lecture.
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Tu m'a(b)imes.
General FictionUpdate novembre 2020 J'ai écrit tout ceci il y a quelques années, il y a pile 3 ans en réalité, et je l'avais posté. Je l'avais ensuite retiré. Je n'ai rien relu avant de reposter. J'ai pas envie de modifier ce que j'ai pu écrire. PS: Le titre est n...