Nathan vivait dans une maison basique, un peu vieillotte. J'ai vu deux chats en arrivant, dont un auquel il manquait une patte. A l'intérieur, des objets et des souvenirs un peu partout. Nous montons au grenier. Trois-quatre matelas gisaient de part et d'autre de la pièce. Au centre, une petite table avec une lampe et quelques packs de bière. Il ne faisait ni chaud ni froid. Nathan nous demande d'aller fumer aux fenêtres si on doit fumer. Il nous tend deux cendriers - un pour chaque fenêtre. Thibault vient d'arriver. Je prends mon médicament pour la tension et prie pour ne pas tomber ce soir. Nous avons commencé à boire à dix-sept heures trente.
***
Je suis celle qui tient le mieux l'alcool. Math a l'air plutôt bourré, Nathan rigole beaucoup donc je suppose qu'il a pas mal bu pour arriver à ce résultat. Ils sont tous les deux allongés sur un matelas à l'autre bout de la pièce et répondent une fois sur deux quand on leur parle. Alex, Thibault et moi, on regarde Game Of Thrones, et on boit à chaque mort ou chaque apparition de femme nue. Shot si notre personnage préféré meurt, ou si quelqu'un meurt décapité. On a beaucoup bu mais on n'est pas assez motivés pour que ça nous fasse un bon effet. La seule chose que ça nous provoque, c'est de la fatigue et la tête qui tourne excessivement.
La mère de Nathan monte au grenier quelques minutes contrôler si tout se passe bien. Nathan se lève pour la rassurer, puis dès qu'elle redescend les escaliers, il s'effondre sur le matelas derrière moi. Je m'y laisse tomber à mon tour. Le sol n'a jamais été si instable. Sur le matelas d'en face, Math ronfle déjà. Alex s'allonge à ma gauche et à ma droite, Thibault fait rouler Nathan vers moi. Nous nous reposons tous, nous parlons doucement de tout et n'importe quoi. Nous sommes tous terrassés par la fatigue et par l'alcool alors qu'il n'est même pas minuit.
Thibault se lève pour éteindre la lampe. Juste avant d'appuyer sur le bouton, il annonce:
« Je tiens juste à préciser que la première personne qui osera toucher à Morgane, sous alcool ou non, pendant qu'elle dort ou à n'importe quel autre moment d'une prochaine soirée, aura affaire à moi ok? C'est notre pote à tous, personnellement je la respecte énormément, et personne n'a intérêt à déconner à un seul moment parce que c'est la seule meuf. »
Alex et Nathan rient doucement avec l'air de penser que c'est évident qu'aucun de nous n'aura jamais un geste déplacé envers moi. Je remercie Thibault en lui témoignant à quel point je trouvais ça gentil de sa part. Et je le pense sincèrement. Il éteint la lampe.
Nathan parle avec Alex et rigole toutes les deux minutes. Je ne comprends pas grand chose parce que je m'endors déjà un peu. Jusqu'à ce que ces deux abrutis décident de se faire un câlin, sauf que je suis au milieu. Je suis compressée l'espace de quelques secondes et je leur fais cyniquement remarquer que je suis là, et que s'ils veulent exprimer leurs pulsions homosexuelles tranquillement, je peux éventuellement changer de matelas. Ils arrêtent leur câlin en se moquant gentiment de moi et en faisant semblant de se déclarer mutuellement leurs sentiments. "Oh mon Dieu Alex comment vais-je survivre une nuit sans être en contact avec ta douce peau de chinois!" Pendant une fraction de seconde, en repliant ses bras vers lui, la main de Nath frôle mon épaule. J'en ai des frissons. Son rire résonne dans ma tête. Je peux me remémorer son sourire, ce sourire si doux qui n'appartient qu'aux personnes gentilles, ces personnes timides et réservées, qui rigolent beaucoup quand elles ont bu.
Nathan, pitié, la prochaine fois que tu riras, la prochaine fois que tu auras trop bu, regarde-moi droit dans les yeux. Je ne pourrais rien avoir de mieux qu'un sourire de ta part. Il parait que quand ils rient, les gens ont tendance à regarder automatiquement une personne qu'ils aiment.
Je commençais vraiment à m'endormir, quand j'ai senti Nathan, dans mon dos, se rapprocher de moi. Il pose ses mains à ma taille dans un geste que je sens hésitant, puis finit par me prendre doucement dans ses bras, me ramenant contre lui. Je peux sentir son souffle dans ma nuque. Mon cœur bat vite et je prie pour qu'il ne le remarque pas. Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe mais ça ne me dérange pas le moins du monde.
Soit il m'aimait en retour, soit il était juste attiré vite fait par moi, soit il voulait expérimenter de manière un peu désespérée ce que c'était d'avoir une copine. Je ne sais pas.
Son souffle m'apaise et me berce.
Quand je finis par penser qu'il s'est endormi, sa main gauche se déplace. Il la pose sur ma hanche, puis la ramène à nouveau vers le haut, comme une caresse. Il fait glisser ses doigts sur mes côtes, je peux le sentir à travers mon haut. Heureusement qu'il ne passe pas sa main sous le tissu d'ailleurs. Non seulement ce serait parfaitement déplacé, mais surtout, et ce qu'importe l'endroit, si nos peaux venaient à être en contact, j'en mourrais tant mon cœur bat vite. Je retiens ma respiration pour la forcer à se calmer. Il vient de poser délicatement sa main sur mon sein. Je bouge mon bras tout en continuant à faire semblant de dormir pour la faire dégager dans mon mouvement. Il retire directement sa main. Je me rapproche d'Alex pour m'écarter de lui. Quelle déception. Il est juste en train d'analyser le corps d'une fille en mode pervers. N'importe quelle nana à ma place aurait fait tout aussi bien l'affaire. Quel con. Je suis à deux doigts de me lever, de le gifler, et d'aller dormir près de Math. Mais Nathan passe son bras droit sous mon cou, et prend mon bras gauche avec l'autre.
Il me retourne délicatement face à lui. Alors il se rapproche à nouveau de moi, et me serre fort dans ses bras, comme une excuse. Il passe son index sur mes lèvres avant de m'embrasser doucement. Je finis par répondre à son baiser. C'est maladroit, et ça se sent qu'il n'a jamais embrassé personne, mais il embrasse bien malgré tout. Il finit par calquer le mouvement de ses lèvres sur les miennes. Il m'embrasse passionnément, me ramène vers lui, se met au-dessus de moi et m'embrasse, Nathan m'embrasse, Nathan est en train de m'embrasser et il n'a rien à prouver à un groupe de mecs autour de lui, m'embrasse comme s'il avait besoin d'oxygène, comme si j'étais son oxygène. Pendant une dizaine de minutes, nous nous embrassons.
Finalement, il reste interdit, les bras tendus au-dessus de ma tête. Ils tremblent. Je croise son regard qui luit dans l'obscurité qui n'est pas totale. Il me décoche son merveilleux sourire, et un regard enjoué. Il pose un dernier baiser alcoolisé sur mes lèvres et reprend sa place à côté de moi. Nous nous repositionnons l'un face à l'autre, mais nous ne nous enlaçons plus. Nous sommes juste heureux de partager le même oxygène. Et nous nous endormons.
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Tu m'a(b)imes.
Fiction généraleUpdate novembre 2020 J'ai écrit tout ceci il y a quelques années, il y a pile 3 ans en réalité, et je l'avais posté. Je l'avais ensuite retiré. Je n'ai rien relu avant de reposter. J'ai pas envie de modifier ce que j'ai pu écrire. PS: Le titre est n...