Shoot seven

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Junmyeon avait sa main sur les lèvres de Kyungsoo, les scellant afin que je ne puisse pas continuer à écouter la suite de sa phrase. Dommage.

Ha! Il pèse maintenant quarante-deux kilogrammes, hurla Luhan, n'ayant même pas remarqué l'intervention du pourpre. Il leva son poing en l'air en repliant trois doigts, pour faire ressortir son "V" de victoire, gaiement. 

- Luhan!

- C'est plus vraiment un secret, tout le monde peut le voir, rétorqua-t-il, un air coupable sur le visage et tripotant ce qu'il restait à mon ventre. Mais tu es tout de même aussi sexy que mon ancien professeur de mathématiques. Un vrai fragile, haha!

- Eh.. Je ne suis pas un fragile, tentai-je de me défendre bien que peine perdue. Il n'avait pas tord. Je m'étais tant détesté de m'être livré à mes faiblesses.

- On te croit tous, Baekhyun.

- Ce n'est pas bon de mentir, Junmyeon.

- Taisez-vous, grogna Kyungsoo avant de regarder derrière Luhan et moi. Monsieur Park est là.

Tout le monde se tut subitement, sachant le respect qu'ils devaient au vieil homme qui avançait dans le hall, faisant résonner son talon sur le sol verni. Il toussa difficilement une première fois et se saisit d'un dossier que le pourpre lui tendait, un genou à terre, tandis que tout les autres gardaient une expression sérieuse qui me fit réaliser l'énorme différence creusée entre cette agence et mon ancienne agence dirigée par Monsieur Kim.

Voici les deux nouvelles recrues, Monsieur.

Il éclaircit sa voix une seconde fois, et releva le paquet de feuilles dans sa main, faisant croire qu'il commençait déjà à lire les papiers, pour finalement l'abattre sur le haut du crâne du futur employeur de l'agence. Ce dernier gémit de douleur sous la force du coup, puis releva ses mirettes vers Monsieur Park. D'une voix enrouée et grave, il avertit son second, lui lançant au même moment un regard mauvais, néanmoins abritant une bienveillance sans égales.

Appelles-moi "père", Junmyeon. Combien de fois faut-il que je te le répète?

Le jeune homme ayant reçu un coup cligna plusieurs fois des yeux, un sourire se dessinant petit à petit sur son visage, réalisant sûrement de la chance que le destin lui avait offert.

Oui, père.》, souffla-t-il, le visage baigné d'une joie timide.

Un lien indescriptible les reliait, et d'un côté, j'enviais cette complicité. Ils n'avaient pas le même sang, ni le même nom, mais il restait tout de même un lien familiale entre ces deux-là. Mon passé me rattrapait, et les souvenirs m'envahissait, tel un ouragan refaisant surface, essayant de me noyer dans mes malheurs. Dans mes pensées, je ne remarquai pas que Monsieur Park me fixait désormais de son regard pétillant, attendant impatiemment que je ne le remarque.

Byun Baekhyun, prononça-t-il d'un soupire, une fois que nous rentrâmes en contact visuel.

- Oui, Monsieur, me courbai-je respectueusement. C'est un honneur de vous rencontrer.

- Ne sois pas ainsi. Mets-toi à tes aises. Nous sommes une grande famille après tout.

- Exactement, mais je crois que votre fils va en faire autre chose, haha!

Toutes les personnes présentes se mirent à glousser devant la remarque de Luhan, tandis que je ne comprenais rien à rien.

Ne t'inquiètes pas, il ne va rien te faire. Normalement.

D'un ton joueur, Monsieur Park me dit cette phrase comme un enfant voulant taquiner son ami. C'était assez adorable, et je ne pouvais nier que cet homme me mettait en confiance dès la première rencontre. Sa présence était délicieuse à côtoyer, et les mots qu'il choisissait minutieusement étaient d'une douceur paternelle. La nostalgie m'envahissait, et mon esprit devenait trouble petit à petit, me faisant replonger dans l'obscurité, suite à cet arrière-goût revenant me hanter. Luhan m'agrippa soudainement le bras, se chamaillant bruyamment avec Kyungsoo à mon propos, et les problèmes disparaissaient lentement. Je n'avais pas le temps de penser négativement. Il fallait seulement que je ne corrige cette sombre perception, afin de devenir digne de pouvoir me tenir aux côtés de ces personnes.
Une fois les présentations faites, accompagnées de calembours et de rires, Monsieur Park et Junmyeon nous amenèrent à un dortoir, pour que l'on puisse se reposer dès que nous terminerions nos heures de travail. Quoi de mieux? Nos affaires étaient déjà dans les chambres sans que nous le sachions, et notre futur employeur nous prévint que nous étions surveillés de près, au niveau du poids. Je me retournai vers Luhan, et l'enlaçai aussi fort que je ne le pus. Les émotions m'envahissaient me poussant à lui répéter un million de fois ces mots.

Merci. Merci pour tout, Luhan.

Il renchérit sa prise sur ma taille, et posa sa tête délicatement sur le haut de mon crâne, me partageant sa douceur et sa chaleur aussi gentiment que la personne qu'il laissait transparaître. J'humais l'odeur rassurante de mon ami jusqu'à ce que la porte ne s'ouvre, et qu'un visage n'apparaisse. Grand, une chevelure brune aux reflets bleus, une peau légèrement halée, de grandes oreilles lui accordant un charme étrange, et une expression de surprise qu'il abordait sur son visage. Il était d'une beauté que je ne me serais jamais imaginé, et m'infligeait une douleur qui m'était encore inconnue. Nos yeux se croisèrent malencontreusement, et nos pupilles restèrent accrochées les unes aux autres. Nous nous observions mutuellement, une certaine attraction planant entre nos deux corps, tandis que je me perdais un peu plus à chaque seconde dans son regard profondément vaste. Je ne saurais décrire ce qu'il m'arrivait lorsque je me mettais à le scruter, et on ne me laissa pas plus de temps pour y réfléchir puisque Luhan me tira hors de mes réflexions en soufflant à mon oreille. Un cri m'échappa contre mon gré, et un rire grave sortit d'entre les lèvres de cet homme.

Eh bien, ça ne perd pas de temps pour se bouffer des yeux, fit-il en retenant un gloussement, faisant remonter malgré lui, un sourire taquin.

- J-Je..

- Pas besoin de me chercher d'excuses, mon chère ami, haha!

Je me plaçai derrière le dos du blond, essayant de cacher ma teinte rougeâtre aux yeux du plus grand. Comme cette voix qui avait parue au téléphone, je ressentais à nouveau ces palpitations au creux de mon ventre, et la faim n'en était pas la cause pour une fois. Ce n'était pas une douleur comme toutes celles que je tentais tant bien que mal de supporter autrefois. Celle-ci semblait beaucoup plus douce, un peu comme une caresse printanière. Il n'y avait aucune souffrance et aucun sentiment de haine ou de dégoût. Je débordais de quelque chose, et je me mettais à sourire inconsciemment. 

Anorexia -CHANBAEK-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant