Shoot nine

1.4K 210 25
                                        

Depuis la dernière fois, beaucoup de choses s'étaient passées. Ce jour-là, j'avais appris que nous devions partager une chambre à deux, et il se trouvait que mon collocataire s'avérait être le soit-disant "Happy Virus". Ce dernier se révèlait assez froid et distant avec moi. Il refusait catégoriquement de m'adresser la parole sans qu'un supérieur ne nous y soumette. Chanyeol gardait toujours deux bons mètres de distance, comme si je pouvais lui transmettre une maladie contagieuse, et cela m'affectait. Me trouvait-il à ce point repoussant? Je n'avais eu aucune réponse jusqu'à maintenant, et aucun indice ne s'était présenté à mes yeux. J'en concluais donc qu'il ne me trouvait simplement pas à son goût. Quel dommage. Moi qui étais si impatient de rencontrer celui qui m'avait ouvert la voie du mannequinat. Ma propre idole me détestait et j'ignorais encore à ce jour, le pourquoi du comment.
Étrangement, ces derniers temps, je me perdais un peu trop longtemps dans mes pensées. Mon esprit vaguait vers cet homme, et il m'était impossible de me l'ôter de la tête. Il y a certain jours où la joie me sourit, et d'autre où la réalité me ramène sur terre. Je jonglais entre les deux camps, sûrement pour me faire choisir entre ces deux-là: un rêve indéterminé, ou une réalité cruelle. Beaucoup de personnes prendraient le premier choix, mais ils ne savaient pas à quel point cela pouvait être douloureux de vivre dans un mensonge, constituant tout le vécu. Après tout, j'étais comme ceci autrefois.

La tête dans les nuages, un sourire niais au visage, et les yeux pétillant, je prenais diverses poses devant les objectifs de ces messieurs, le bonheur se transmettant de part mon expression. Du moins, j'étais. Une fois bien monté au ciel, et avoir pris un avant-goût de la gloire et du paradis, il me bascula tout les projets et me détruisit l'honneur que je portais haut dans mon coeur. Je n'avais plus de fierté ou de dignité, puisque ceux-là m'avaient été volés. C'était un soir comme les autres, après mes heures de travail. Je sortais du studio pour rejoindre ma salle afin de me vêtir correctement. Et seulement quelques secondes s'étaient écoulées alors que je réalisais ce qu'il se passait, pendant que l'individu étant entré en trombe ne se mette à me ruer de coups, et me renverser au sol. La joue collé au parquet froid de la pièce, la peur me tiraillant, je savais désormais ce qu'il se tramait derrière mon dos et ma vue troublée par mes larmes. Il n'y avait plus une seconde de perdue, et l'homme, à priori saoûl au vue de la forte odeur d'alcool qu'il dégageait, avait commencé à me déshabiller maladroitement, tout en gardant sa main glaciale sur mes lèvres. Les mots me restaient coincés dans la gorge. J'avais beau geindre, hurler et pleurer, ma main à la recherche d'une quelconque aide demeurait vide. Je n'avais pas ce droit, et il me l'avait fait clairement comprendre. Je ne comptais plus les minutes qui passaient lentement sous les fines aiguilles de l'horloge murale, tandis qu'il insérait son organe en moi. J'étais impuissant. Impuissant, vulnérable face à ce qu'il m'arrivait. C'était comme s'il me déchirait de l'intérieur, et la douleur m'était atrocement insupportable. Je sentais tout mon corps se tendre et se braquer et mes muscles exploser. Haletant comme un animal en chaleur, l'inconnu me faisait basculer d'avant en arrière, faisant bien attention à garder mon bassin à l'air et mes genoux à terre. Ses coups étaient puissants, son poids m'écrasait, me rendant la respiration difficile, et mon corps tout entier refusait d'oublier les frissons d'horreur qu'il m'avait fait subir. En un dernier souffle, il s'était répandu en moi, me laissant enfin l'espoir de quitter ces lieux. Mais la vie en était tout autre. Elle n'était pas aussi douce que l'on était avec elle. Ce petit jeu avait continué pendant deux bonnes heures, jusqu'à ce que je ne puisse plus lutter, et que Morphée ne vienne m'accueillir à bras ouverts. C'était avec un réconfort infini que j'avais sombré dans un long sommeil.

Je n'avais pas pu porter plainte, l'effroi me menaçant de sa lame sous le cou. J'étais oppressé et je n'osais y désobéir. La sensation de brûlures aux endroits où ses mains m'avaient touché me rappelaient horriblement son sourire narquois, ses yeux emplis de noirceur et à quel point j'étais faible. Moi qui souhaitais aller de l'avant, je ne faisais aucun effort et m'apitoyais sur mon sort, tel un enfant gâté par sa maman.

Baekhyun.., me ramena une voix douce. Je ne pris pas la peine de tourner ma tête, sachant que c'était Kyungsoo. Tu veux une part de gâteau? C'est moi qui l'ai fait!, me fit-il la remarque gaiement. Je souris légèrement.

- Non merci, Kyungsoo.

- Tu peux m'appeler 'Soo, il s'assit sur le siège à ma droite et me prit la main, attirant quelques regards de la salle. C'est pas vraiment le grand amour avec Chanyeol, n'est-ce pas?

- Pas du tout..》, répondis-je en baissant la tête.

La honte me montait au nez rapidement, et je me sentais embarrassé au fur et à mesure où ses yeux tentaient de me chercher du regard. L'ambiance était pesant jusqu'à ce qu'il lâche un "hmm" taquin. Je ne pris le risque de m'abrutir davantage et gardai mon regard vers le bas.

Ce n'est pas grave, tu sais. Il est peut-être distant, mais il suffit simplement d'apprendre à le connaître pour qu'il s'ouvre à toi. Je suis sûr que si tu te fixais ça pour objectif, il finira par t'accepter. Faut pas te laisser abattre par son attitude grincheuse, Baekhyun.

- Pourtant, ça à l'air d'un cas impossible. Il est beaucoup trop différent lorsqu'il s'agit de moi.

- C'est pour ça que tu dois apprendre sur lui. Il y a forcément une raison, me conseilla Kyungsoo en me tapotant l'épaule.

- On dirait que.. Tout le monde sait déjà pourquoi il est ainsi.., me confiai-je.

- Ça, tu le sauras plus tard.

Il me laissa sur cette piste en cessant ce sujet et en commençant un autre, rendant cet homme plus mystérieux qu'il ne l'était déjà. Kyungsoo me guida jusqu'à la cuisine en me tenant la main et me coupa une part de son gâteau, qui me laissait sans voix. Il avait l'air exquis et l'odeur qui s'en échappait excitait mes papilles d'avance.

Kyungsoo-ah, t'as fait un gâteau?, demanda un brun d'une voix enjouée, en entrant subitement dans la pièce. Ah.. Bonjour, Baekhyun.

- Bonjour, Chanyeol.

- Ah non! Vous n'allez pas recommencer! Prenez-vous dans les bras ou je sais pas quoi, mais ne restez pas plantés là comme je ne sais quoi!, hurla Kyungsoo en nous tirant tout les deux par le col. Ce qu'il en avait de la force! "Un câlin" je vous ai dit!

- Ah, mais lâches-nous!

- Pas avant d'avoir vu un progrès entre vous deux!

Il ne nous laissa aucunement le choix, et nous imposa une étreinte forcée. Pendant une fraction de seconde, je crus apercevoir une légère teinte rose sur les joues de Chanyeol, mais ne fit pas plus attention que cela, puisque je me retrouvai dans ses grands bras à la seconde suivante. Étrangement, je ne me plaignais plus, et me laissais bercer par l'odeur masculine de son pull. Il ne me faisait plus peur, et ne semblait pas aussi froid qu'il ne l'était au départ. Je raffermis ma pris autour de sa taille, alors qu'il refermait tendrement ses bras autour de mes épaules.
.

.

Si seulement le temps pouvait s'arrêter.

Anorexia -CHANBAEK-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant