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Deux jours plus tard

Il pleuvait. Neil était resté dans sa chambre, sous sa couette, et regardait en silence l'eau qui tombait dehors, en faisant un bruit continu et mélancolique sur les carreaux de sa vitre. Il ruminait ses pensées. Ils n'avaient rien découvert de plus, et cela le frustrait. Ils avaient passé en revue toutes les images subtilisées mais la plupart étaient juste des images de la Terre banales et de mauvaise qualité. Ils avaient fouillé le fond du parc du vaisseau en espérant trouver une entrée secrète, mais ils n'avaient rien trouvé. Ils étaient donc bloqués. Et de plus, ils auraient aimés retourner discrètement au vaisseau caché dans les montagnes, mais les seuls véhicules capables d'aller dans les montagnes sans caler ou se retrouver bloqués dans les cailloux étaient les énormes voitures des chasseurs, anciennes voitures militaires, au nombre de huit. Le problème , c'est que ces voitures sont connectées au vaisseau via l'unique satellite geostationnaire situé sur Feris, et que s'ils partaient, le Mayflower verrait immédiatement où ils seraient. Ils n'avaient donc rien à faire. 

Neil s'étira, et fit jouer ses muscles pour les détendre. Une fois de plus, il s'assit sur son lit, et sans bouger, il fit flotter un caillou, posé sur son étagère. La pierre se maintint un moment dans les airs, puis se reposa doucement. Sa propre ignorance frustra grandement le garçon. Comment était-il seulement possible qu'il fasse des prodiges comme ça? Il voulait tellement le montrer à quelqu'un; son frère, Hélène, ses parents... Mais un profond pressentiment au fond de lui l'en empêchait, le mettant en garde. Il aurait bien aimé trouver une explication, quand même. Était ce une mutation due au fait qu'ils n'avaient pas vécus sur Terre? Où qu'il avait traversé l'espace en étant nourrisson? Mais dans ce cas Seren devrait aussi avoir des modifications, non? A moins que lui aussi ne garde son secret...

Neil se redressa, et vit alors qu'il avait reçu un message sur son ordinateur, posé sur son bureau. Il s'en approcha, et vit que c'était de Hélène. 
Hey! J'ai eu une idée! Demain, un robot minier part pour les montagnes, et passe a deux kilomètres du lac. On pourrait l'utiliser, sous prétexte d'une mission de terrain pour moi, comme un projet géologique, et en descendre au moment où l'on passe à coté du lac, histoire de faire un tour et d'aller voir le vaisseau!
Ce à quoi Neil répondit immédiatement: 
Je suis partant. On te rejoins quand?
La réponse ne se fit pas attendre:
Demain, huit heures? On arrivera vers quatorze heures, et il faut encore compter la marche. Un autre robot repassera vers dix neuf heures, j'ai regardé. 
Ca nous laisse un bon créneau. A demain.

Ils avaient de la chance, il ne pleuvait plus. Ils se retrouvèrent à l'heure convenue, devant le grand hangar du Mayflower. Un mécanicien vint leur expliquer rapidement le fonctionnement du robot, qui était une énorme machine d'acier armée de deux foreuses repliés sur le coté, tractée par des roues immenses.
-La machine est totalement autonome, donc ne touchez à rien. Elle ne s'arrêtera pas, donc tachez de descendre au bon moment, en sautant, elle ne vas pas trop vite en montée. Et puis ne loupez pas celui qui repassera au même endroit, à dix neuf-heures pile, sinon vous êtes dehors pour la nuit. Vous avez de quoi vous défendre et de quoi manger?
Les jeunes acquiescèrent en montrant leurs armes et leurs provisions. 
-Alors bon voyage. Amusez vous!
Ils montèrent l'échelle qui leur permettait d'accéder au cockpit de la machine, qui surplombait tout de cinq mètres. C'était un endroit assez grand, avec quatre sièges, et un tableau de commande composé de milliers de cadrans et boutons. Il y avait de grandes baies vitrées, ce qui offrait un panorama assez plaisant. 
Quelques minutes plus tard, Neil vit le mécanicien actionner la machine depuis un poste de commande, puis un vrombissement parcouru le cockpit. Puis le véhicule se mit en route, et se dirigea vers les montagnes. Il était un peu plus lent qu'une voiture, mais n'avait pas à se soucier du relief et allait quasiment en ligne droite vers les montagnes. 
-Bon, bah on n'a plus qu'à attendre, soupira Hélène. On a de la chance, il fait beau. Profitons du paysage!
-C'est ca, fit Neil. Moi, je vais faire un petit somme. 

La machine continua, imperturbable, à travers la montagne. Elle avançait tant bien que mal, surement dans un fracas épouvantable, mais la cabine était insonorisée et stabilisée, alors le voyage n'était pas trop désagréable, juste ennuyeux. Ils discutèrent de pas mal de choses pour s'occuper, et dormirent beaucoup aussi. 
Peu avant quatorze heures, l'alarme mise par Hélène sonna, et ils se préparèrent. 
-Il faudra descendre en marche, dit la fille. On attendra qu'il s'engage dans la montée la bas, il ralentira. On y va!
Ils prirent leur affaires et ouvrirent la cabine. Le véhicule faisait un effet un sacré bruit, et ils durent crier pour parler. 
-Je passe en premier! dit Seren.

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