Chapitre 1 : Genoux à terre

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Nous étions en train de fouler les feuilles mortes au beau milieu de la forêt à la recherche de provisions pour la Colline. J'étais accompagnée de Pablo, un gentil gars qui a un léger accent hispanique. Pas très grand, à peine une tête de plus que moi, pas le plus courageux d'entre nous, mais un ami de grande valeur. Il a en lui ce qu'on aimerait retrouver dans l'humanité entière : un cœur pur et sincère. Cette qualité manque de plus en plus, depuis que cette tragédie a commencé. Les morts, les rôdeurs, ou encore les charognes ont beaucoup de surnoms, et se trouvent à peu près partout. Et pourtant, malgré ce danger permanent autour de nous, on a malheureusement été témoins de cruauté si sévère de la part d'humains que les morts ne sont même pas la pire menace que nous ayons à craindre. Avec nous, Francine, une grande femme de peau mâte et d'allure athlétique, dont les longs et épais cheveux noirs ondulaient jusqu'au bas de son dos. Je la taquine souvent à propos du fait qu'elle devrait les couper, pour éviter d'y trouver tous les insectes de la forêt le soir en rentrant de nos chasses, ce à quoi elle me répond toujours avec tendresse de bien me mêler de mes fesses.

Francine - On peut pas toutes faire comme toi, Alicia. Avoir les cheveux au dessus des épaules et rester une bombe.

Voilà ce qu'elle me disait, parfois accompagné d'un clin d'œil. Cela me touchait. Je lui trouvais un charme fou, et j'adorais qu'elle me complimente ainsi, en me souriant puis en déplaçant les mèches de ses cheveux. Si elle n'était pas déjà avec quelqu'un, j'aurais probablement essayé de la séduire. Mais quelque chose me disait qu'elle n'aimait que les hommes. Dommage. On aurait cru qu'être bi permettait d'augmenter ses chances de trouver l'amour, mais c'était sans compter sur ma malchance lunaire. Même avant cette apocalypse, je n'ai jamais rencontré beaucoup de succès amoureux.

Enfin, avec nous marchait Jésus. Paul de son vrai nom, mais il demande lui-même à ce qu'on l'appelle plutôt Jésus. Après tout, son apparence justifiait ce surnom. Je le soupçonnais d'avoir des vues sur Pablo. J'ai déjà pu voir quelques regards perdus en sa direction, ou une attitude légèrement plus timide quand il lui parle, mais rien de bien concret pour que je puisse confirmer cette pensée. Mon seul indice à peu près pertinent pour le moment était que d'habitude, il ne chassait pas ou peu, et encore moins en groupe. Jésus avait plutôt tendance à vadrouiller seul. Il est probablement le meilleur de mes amis, mais il est très secret sur ses histoires personnelles. Il faudrait qu'il apprenne un jour à se confier. En proie au doute, j'ai déjà pu penser qu'il ne me voyait pas comme une amie, ce qui m'avait peinée. Mais j'ai rapidement chassé cette idée. Jésus est quelqu'un sur qui j'ai déjà pu compter des tonnes de fois, et j'ai toujours fait en sorte de lui rendre la pareille. Nous sommes amis. Pas aussi proches que je ne l'aurais souhaité, sans doute, mais amis quand même.

Nous sommes sur le chemin du retour pour rentrer à la Colline avec de belles prises, ce qui nous rend fiers de nous, et plutôt sereins. Une biche, deux lapins et un furet, de quoi accompagner nos légumes habituels. On se permettait quelques échanges de blagues, d'anecdotes et quelques rires. Le soir tombait, et nous avions éliminé quelques charognes en cours de route. Nous étions cependant allés un peu plus loin que prévu. Il devait nous rester environ une heure de marche. L'atmosphère me paraissait paisible, jusqu'à ce que Jésus nous fasse signe silencieux de nous arrêter de marcher. Il était raide, et manifestement en alerte. Nous tendions l'oreille, à la recherche d'indices d'une présence animale... Ou hostile. C'est là que j'ai perçu de légers craquements au loin. Je jette un regard inquiet vers Pablo, qui tenait la biche sur ses épaules. Il avait d'abord l'air confus, mais voir ce soupçon de panique dans mes yeux lui a transmit mon stress. Je le voyais à la manière dont sa mâchoire s'est crispée. J'ai ensuite regardé Francine. Elle tenait notre furet et avait les deux lapins dans son sac à dos. Elle avait sans doute entendu aussi le même bruit de pas que moi. Elle restait silencieuse, concentrée, et le souffle court. Ses yeux étaient écarquillés, et ses sourcils étaient froncés. Puis j'ai voulu chercher un signe qui me rassurerait auprès de Jésus, mais il était dos à moi, toujours aussi figé, ce qui pour moi, n'était pas une bonne chose. Peut-être avait-il ressenti un danger que nous ne percevions pas encore. Cette idée faisait monter en moi un sentiment d'angoisse, que je tentais à tout prix de maîtriser. C'est là que nous avons entendu d'autres craquements, plus proches. Puis un sifflement. Deux notes, l'une moyenne, et l'autre, plus basse. D'autres sifflements ont suivi, d'à peu près les mêmes notes. Cela ne me disait absolument rien qui vaille.

[FR] Walking Dead Fanfic - DarylOù les histoires vivent. Découvrez maintenant