Point de vue Ethan

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Un trait de plus, un jour de plus marqué sur le béton effrité. Un trentième trait et je suis toujours là. J'ai froid, j'ai faim mais c'est le prix à payer. Je dois y arriver, pour ma famille, je leur ai promis. Une promesse doit se tenir. Je suis recroquevillé dans un coin sombre, j'ai peur. La lumière presque inexistante, ne passe que par les quelques écarts entre les lattes au-dessus de ma tête. Le soleil ne me réchauffera pas. J'imagine mille scénarios, dont peut-être aucun ne se produira. Le jour et la nuit ne se distingue que par l'absence de luminosité mais dans les jours nuageux on si perd un peu. Je perdrai la notion du temps si je ne gravé pas chaque jour à côté de moi.

Et un jour de plus. Il fait toujours aussi froid. Une tempête a apporté l'humidité en plus grosse quantité. J'ai encore plus soif, plus faim à chaque minute qui passe. J'ai de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts. J'ai peur de ne pas y arriver, mais je ne peux pas me permettre d'échouer. Mes paupières sont lourdes, c'est de la torture. Du bruit ! Je me fais tout petit dans mon coin sombre et je reste aux aguets. Je peux les voir, ils sont deux

- Le gosse s'est enfui ! râle le premier

- S'il en parle à la police, on est vraiment dans la merde, continua l'autre sur la même lancé

- Non, je ne pense pas qu'il le fera, on a dû lui faire assez peur, le assura-t-il sûr de lui

- Soit, il faut tout de même qu'on change nos plans, affirme-t-il un peu rassuré

- J'en ai marre, on rame. Il faut qu'on se bouge, qu'on aille plus vite, s'énerva-t-il

Ce dernier donna un coup de poing dans des caisses qui se fracassèrent sur le sol humide, me laissant voir de belles contrefaçons. La porte de la calle se rouvrit, une femme d'âge moyen apparu dans l'entre bâillement de la porte d'un air agacé et fatigué. « On va arriver, ramener vous tout de suite ! » Annonça celle-ci d'un ton autoritaire. Ils s'exécutèrent immédiatement en trainant des pieds. Quand la porte se referma enfin une question me vint en tête : sur quel bateau ai-je bien pu tomber ? C'est gens n'ont pas l'air d'être très net a en jugé par leur commerce de contrefaçon et leur discussion.

Il fait nuit. Depuis plusieurs heures nous sommes à l'arrêt. Nous avons dû arriver à destination. Je vais sortir. En fait, je crois que ça va bientôt être l'aube. Je me lève avec beaucoup de difficulté. Chaque pas est un supplice. La faim me tiraille l'estomac. La soif me brule la gorge. Le froid m'engourdi les membres. J'avance lentement vers la sortie, vers la liberté. J'ouvre la porte, l'aube se présente à moi m'éblouissant et me brulant ma peau gelée. Je descends du pont pour rejoindre la terre ferme. Quelle magnifique paysage s'ouvre à moi. J'ai fini par y arriver, j'ai tenu ma promesse. C'est bon je peux lâcher prise. « L'aigle est mon sauveur » chuchotai-je

Héros de l'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant