Le sauvetage

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Aimé

Les jours qui ont suivis la révélation de Constance, je l'ai regardé, complètement démunis, aller de plus en plus mal. J'en ai même parlé à Peter, c'était dire l'état dans lequel elle se trouvait.
L'épisode "Marco" semblait avoir servi de déclencheur à une dépression sans fond.

Peter était en train de boire une énième bière pendant que je servais les mamies bigoudis qui nous envahissaient tant que la place n'avait pas retrouvé son charme.

— Je sais pas quoi te dire Aimé, elle refuse de me parler.

— Mais comment tu as pu enterrer sa mère sans elle ?

— Administrativement parlant ? Je t'accorde que cela a été compliqué.

Putain ! Il est débile ou il se paye ma tête ?

Il se penche et met cinq centimes dans le cochon à pourboire...

— Tiens mon brave, pour t'aider à améliorer ton amabilité.

—T'es radin ou tu admets que je suis déjà super sympa avec toi ?

— Non c'est à la hauteur de l'estime que je te porte.

— Fais pas le con Peter ! J'ai consigné des bouteilles que j'ai tout à coup très envie de briser sur ta gueule de jet setter aviné.

Il me jète un regard peiné et je remarque du coin de l'œil que Hervé n'en peut plus de se retenir de rire. Je l'envoie balader propre et net mais il se défend.

— Non mais Aimé... vous êtes tellement idiots quand vous êtes ensemble !

Merci le pote !

Peter se détend et lance un pouce approbatif en direction de Hervé.

— Il a pas tord le pilier de bar !

Le dit "pilier de bar" rit tout à coup beaucoup moins et retourne dans sa traduction en grognant alors que Peter se revient vers moi.

— Ecoute, j'ai fais ce qui me semblait juste, j'ai oublié de prévenir sa grand-mère et alors ? Ça fait quoi ... deux ou trois mois que Constance est là et elle n'a rien dit non plus ! C'est facile de s'en prendre à moi.

— Mais on s'en fiche de toi, je te parle de Constance, elle souffre !

Il soupire, agacé.

— Elle traverse une phase d'acceptation que je vais me garder d'interrompre, je vais attendre.

— Je croyais que tu rêvais de la récupérer ! Et tu refuses d'aller la voir ?

— On a parfois besoin de toucher le fond pour remonter la pente.

— T'es devenu psy ?

Narquois j'ai croisé les bras sur ma poitrine, on est censé aimer la même femme mais on l'exprime visiblement de manière très différente.

— Ecoute Aimé, elle fait le deuil de sa mère - une sacrée emmerdeuse si tu veux mon avis... Bref, qu'elle t'en ai parlé est significatif, elle passe un cap. Tu crois que ça aiderait que le mec qu'elle tient responsable de tout ça se pointe et lui raconte en détail la cérémonie ?

Je hoche la tête, c'est exactement ce que je crois. Tout plutôt que de la voir ainsi. Trois événements ont détruit sa vie ce jour-là et il détient la clef de l'un.

Tout ça pour ça (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant