L'eventail des possibles

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Constance

Quelques jours avant noël, nous installons Peter dans la maison voisine de celle d'Hervé. Je me tue le dos sur un meuble se Drusilla lui a donné. C'est un très vieux buffet qui, loin d'être "indémodable" comme il veut me le faire croire, est très certainement "inusable" tellement il est solide. Le comble, c'est que je me retrouve seule avec Vanessa pour le porter pendant que les hommes réfléchissent à la disposition de la pièce, c'est le monde à l'envers.

— Dite-nous si jamais on derange ! Lance Vanessa, rouge d'efforts.

J'adore cette fille, c'est la copine sincère que je n'avais encore jamais eu.
Elle me jète un coup d'œil par dessus le bois vernis et rigole.

— Tu vois, si tu te décides à tomber enceinte, c'est à peu près la tronche que tu auras quand il faudra pousser pour expulser bébés Aimance et Consté !

Beurk, quelle horreur, jamais je ne mixerais nos deux prénoms !

Déjà avec Peter je m'étais fait la réflexion que Petance et Conter ce n'était vraiment, mais alors vraiment pas possible.

— Avec les tablettes de chocolat de Noël qu'on s'enfile à la clinique c'est surtout un bébé papillote que j'attends !

Charles est assit dans un fauteuil et guide son père. La première opération s'est bien passée et en grand bonhomme courageux, il a géré admirablement sa douleur mais je sais qu'il morfle, je connais chaque expression de ce visage que je façonne.

Il nous a tous surpris en nous annonçant qu'il voulait rester ici. Puis il nous a déroulé son projet professionnel et nous avons souris. On s'y attendait en quelque sorte. Tout naturellement et sans surprises, il va faire sa convalescence ici où personne ne pleure après lui et le traite différemment, puis il entrera en apprentissage de maçonnerie auprès de Marco.
Son père et sa mère ont évidemment tempêté, crié, pleuré mais abdiqué.

Aujourd'hui, seul son père comprend vraiment son choix et a accepté de venir l'aider à s'installer dans la maison des ménages avec Marco et Mamé. Quand la maison principale sera finie, il ira avec Mamé et Marco gardera la dépendance pour lui seul. Ainsi je suis sûre que Mamé ne sera que rarement seule. Je la soupçonne de toute façon de faire venir son amoureux Henri tant qu'on y est.

— Oh ! Tu crois qu'on va rester là comme ça ?

Vanessa m'attend, de plus en plus rouge. C'est dommage parce que je ne crois pas qu'entre elle et Peter, cela ne va pas coller, j'ai trop critiqué mon ex auprès d'elle lors de nos pauses à la clinique. Et puis, j'ai tellement envie de croire qu'il peut changer mais si peu confiance pour le recommander à une copine !
En tout cas, après leur premier rendez-vous manqué, ils ont décidé de ne pas aller plus loin pour le moment, en ça je sais que je ne suis pour rien dans la décision.

Je pose le buffet contre le mur et m'avachie dessus.

— Bon sang, ce truc pèse plus qu'un âne mort !

Ma copine relève le nez et émet un vague grommèlement. Sans que je comprenne pourquoi, elle se redresse, piquée au vif.

— Au fait, tu ne m'as toujours pas dit si tu allais accepter le poste à la clinique ? On a monté les paris, nous.

Beldari et le vieux directeur de la clinique sont parvenus à un accord étrange pour me proposer un poste tout aussi étrange, je dépendrais officiellement de la clinique de Beldari mais j'exercerais à Saint-Jean... Ne me demandez pas pourquoi ils sont aussi tordus, je n'en sais rien

— Tu as parié que je dirais oui ou non ?

Je chuchote car je n'ai pas encore parlé de la proposition à Aimé.

Tout ça pour ça (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant