C'est son fils !

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Constance

J'ai accepté de sortir dîner chez Salim et Fatima avec la bande, j'ai l'impression de traîner ma carcasse depuis une semaine, j'ai des hauts et des bas, et ce soir c'est plutôt un bas.
Aimé a posé une main protectrice dans mon dos et me pousse, plus qu'il ne me soutient, vers la porte d'entrée.

— Ça va te faire du bien !

Derrière nous Marco soupire, on a fait voiture commune et je le sens tout aussi motivé que moi par l'idée d'une soirée entre amis.

— Comment tu sais si elle aimer ! Conneries.

J'ai oublié de préciser que les relations entre eux s'empirent de jours en jours. La remarque de Marco arrache un soupir de contrariété chez Aimé qui lui lance, mauvais :

— Je remarque que ton français s'améliore nettement quand il s'agit de me balancer des vacheries.

Fatima nous ouvre, rayonnante, elle nous prend chacun dans les bras avant de nous entraîner vers le salon.

— J'espère que vous ne m'en voudrez pas j'ai invité un petit nouveau, Salim a sympathisé avec lui au garage.

Un frisson d'appréhension me parcours et j'entends le rire horripilant de Peter emplir la pièce. À mes côtés, Marco et Aimé se figent.

C'est génial !

Au fond de moi, je pense sincèrement que si Marco ne peut pas encadrer Peter, Aimé l'apprécie car je le vois se reprendre rapidement et aller serrer la main de mon ex avec un plaisir évident. Ce qui ne l'empêche pas de le tacler au passage.

Fatima se glisse à côté de moi.

— Il le connait ?

— C'est mon ex, je lâche laconique.

— ... Oh !

Ouais ... Oh ... Super soirée en perspective n'est-ce pas ?

Et durant le dîner, je regarde le spectacle "Peter" partagée entre amusement et consternation. Salim et lui s'entende vraiment bien, j'avais rarement vu Peter entretenir des relations amicales sans arrières pensées, c'est fascinant !

À un moment, Fatima discute avec Marco de son ex-femme et demande où en est son divorce, mais il corrige rapidement, en rougissant.

— On est pas marie et femme, elle ne croire au mariage... à l'église.

Fatima enchaîne, loin de s'arrêter là même si elle doit bien percevoir le malaise de Marco.

— Et toi tu y crois ? À un Dieu ?

Je l'entends à peine répondre que Peter, les larmes aux yeux, s'écrie.

— Bien sûr qu'il y croit ! C'est son fils.

Je reste interloquée par ce qui suit, Peter en pleure de rire et Aimé se cache dans sa serviette mais pas avant d'avoir "topé" dans la main de Peter. C'est quoi leurs problèmes ?

Marco est furieux, je le comprends ! Il se lève et sort de table en se dirigeant vers le jardin. Meme s'il fait un froid de canard, je le suis. J'entends Peter préciser à Salim "Tu trouves pas qu'il ressemble à Jésus ?" Et même Salim et Fatima sourient alors.

Dehors, des flocons de neiges tombent, ils se posent sur mon ami, s'accrochant à ses cheveux, sa barbe et même ses cils.
Je me tasse contre lui.

— Comment ça se fait que tu n'ai jamais froid.

— Je n'ai pas jamais froid... Quand tu as dormi dehors, tu deviens juste plus résistant.

Je le dévisage, ébahie.

—Marco ! Tu parles super bien.

Il penche la tête vers moi.

— Je ... prends des cours avec Valentin Et Consoline, une mamies bigoudis. Je vouloir...

Il réfléchi et se corrige tout seul.

— Je voulais te faire surprise.

— C'est réussi. Je suis super fière. Non admirative ! Fière, c'est si j'avais eu une quelconque part de responsabilité là-dedans.

Il passe son bras par dessus mon épaule et on regarde un instant en silence les flocons tomber.

— Tu sais, Peter est juste con quand il s'y met. Et d'après ce que j'ai compris, il trouve que tu ressemble à Jésus.

L'ombre d'un sourire s'ébauche sur ses lèvres.

— Ça est un compliment ?

— "C'est" un compliment pour lui je crois.

— Constance. Si tu veux que je faire des efforts... fasse des efforts avec lui, je ferrais.

Je hausse les épaules.

— Surtout pas, il est bête, qu'il assume. Allez je rentre, je suis congelée.

*

Aimé

Au regard noir que Constance me lance, je songe immédiatement que le seul à avoir gagné des points ce soir c'est Marco. Je risque de râmer pour récupérer ma brunette. Jésus lui n'a pas vraiment l'air à sa place parmi nous, certaines fois il me fait l'effet d'un lion en cage, une bête sauvage qu'on essayerait de dompter. Je m'interroge sur son côté "pompier volontaire" ... Ça ne lui ressemble pas trop, il n'est pas sociable pour deux sous. Je veux dire qu'on l'imagine plus en Hulk qu'en Captain America... je secoue la tête qu'est-ce qui me prend ! Ça, c'est parce qu'avec Constance on s'est regardé les Avengers, ça ne me réussit pas du tout. Tout ça parce que j'avais été choqué en l'entendant me demander qui était Iron Man, perdue dans contemplation d'une illustration du couloir. Non mais sérieux ... qui est Iron Man ? C'est une vraie question ? Ça vaut Aya qui m'a demandé si Elton John était un Avengers.

Elle m'émeut cette femme qui est passée à côté de tout pendant la moitié de sa vie et a manqué tant de choses. Non pas que pour moi ce soit un passage obligé de la vie d'adolescent à l'âge adulte mais tout de même, ne pas connaître les Marvel, c'est triste.

Jésus-Hulk me parle et je me concentre sur ce qu'il me dit.

— Peter, tu pourrais me passer sel ? Por favor ?

Peter s'offusque avant moi.

— Attend tu trouves qu'on se ressemble ?

J'avoue ! Il a fait exprès de m'appeler Peter ? En plus il affiche son mauvais sourire.

— Ceci dit, c'est flatteur pour moi. Réfléchit Peter à voix haute.

J'ai un sourire quand j'aperçois tout à coup le tee shirt qu'arbore Peter, c'est un de ceux qui avaient été édité pendant les heures de gloire de mon père. Basile Bastien, boxeur émérite.
Quelque part, ce geste me touche, cet emmerdeur a été jusqu'à trouver un tee shirt collector de mon père.

Constance me regarde avec inquiétude jusqu'à la fin du repas. Dans la voiture, l'ambiance est un peu pesante, je m'excuse auprès de Marco pour l'attitude que j'ai pu avoir. J'y ai bien réfléchi et je ne me trouve pas d'excuse au comportement que j'ai avec lui. Je suis jaloux et alors la belle affaire ! J'ai en face de moi un homme blessé par la vie qui se reconstruit petit à petit... Et c'est un homme bon à défaut d'être sociable. Il me pardonne, je le lis dans son regard et le devine dans sa poigne.

Quand on se couche Constance et moi, elle me dit d'une petite voix.

— Aimée fais attention avec Peter, il ... est charmant et amusant, son caractère singulier le rend hypnotique.

— Qu'est ce que tu me fais là ?

Elle soupire et me sert contre elle.

— J'essaie juste de te prévenir. Je vois bien qu'il manigance quelque chose. Je ne suis même pas sûre qu'il veuille me récupérer, j'ai l'impression que ça l'amuse de nous diviser.

Entre sommeil et rêve je lui avoue qu'il essai de me rendre jaloux de Marco et je l'entends juste rigoler.

— C'est sûrement qu'il a au moins compris que lui n'avait plus aucune chance.

Sa réponse ne me satisfait pas vraiment mais les petits baisers dans mon cou m'empêchent rapidement de réfléchir.

Tout ça pour ça (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant