16. Alésia

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La fille sortit de l’ombre et s’avança vers eux. Elle devait avoir leur âge. Elle avait de long cheveux noirs, noirs comme une nuit sans lune. Son visage était blanc comme le marbre, elle avait de sombres yeux violets, presque noirs. Au-dessous de son œil droit se tenait un petit grain de beauté noir. Elle ne laissait paraitre aucune expression sur son visage. On aurait pu la confondre avec une statue d’albâtre si elle ne s’était pas avancée vers eux.

-Qui est tu ? demanda Will.

-Wenta sertik Kal Tempuis, Wenta sertik kal tempuis, tempuis figit, tempuis stepis !!!Wenta sertik kal tempuis, tempuis figit, tempuis…

-Euh…Qu’est-ce qu’elle fait là, dit Will paniqué, tu le sais Eylis ?

-Attends, c’est du langage des dieux je traduis, laisse-moi réfléchir !

Pendant ce temps, la sorcière continuait sa lente mélopée.

-Wenta sertik Kal Tempuis, Wenta …

-Je sais, ça veut dire ; quand j’appelle le temps, quand j’appelle le temps, le temps…se fige, le temps se ...C’était quoi le dernier mot ?

-Fugit, figut, figi, quelque chose dans ce genre…

- figit, c’est ça. Le temps… s’arrête.

-Elle compte arrêter le temps ?!?s’exclama Will interloqué.

-En quelque sorte…Il faut l’empêcher de finir sa formule !

Will saisit l’Asper qui était toujours suspendu devant lui. Pendant ce temps, la sorcière continuait sa longue litanie.

Sertik kal tempuis,

Will lança son Asper de toutes ses forces vers la sorcière, Eylis fit de même avec celui qu’elle avait en main. Ils avaient réussi !

Mais la sorcière accéléra et sortit les derniers mots de sa bouche : tempuis figit, tempuis stepis !!!

Les yeux de la fille s’éclairèrent et puis, tout s’arrêta, Will et Eylis n’arrivaient plus à bouger. Les Aspers étaient figés en l’air, juste devant la sorcière. Tout était silencieux, on n’entendait plus le bruit de la ville.

La seule personne encore capable de bouger était la fille aux cheveux noir. Elle s’approcha de Will.

-Tu veux connaître mon nom ? lui dit-elle tout en lui caressant les cheveux, je m’appelle Alésia, ne l’oublie pas.

Will essayait de bouger mais il était figé. Il ne savait rien faire pour éloigner Alésia, rien du tout.

-Tu veux que je m’en aille ? lui dit-elle tout en tournant autour de lui, je suis sûre que tu me demanderais de rester si je te dis que je peux te soigner.

Eylis observait la scène, le soigner de quoi ? Elle essayait de trouver une formule pour contrer celle d’Alésia mais aucune ne lui venait en tête.

-Toi, cria Alésia tout en se tournant vers Eylis, ça ne sert à rien de chercher une formule, ta magie est trop faible. Bon je vais vous endormir, ne vous inquiétez pas, vous vous réveillerez une fois que je serais partie.

Falum der brasum ter morpheus !

Eylis s’effondra par terre, mais pas Will.

-Je sais, je ne t’ai pas endormi, j’avais encore à discuter avec toi. Où en était je, ah oui. Si jamais tu veux que je te soigne, retrouve-moi à l’auberge du « lutin cornus » dans le village de Rengell. Mon sort va bientôt prendre fin, il faut que j’y aille.

Alésia se dirigea vers la porte puis s’arrêta net et revint sur ses pas.

-J’avais oublié, prends ce collier, il te guidera vers moi si jamais tu as besoins de mon aide, il te permettra aussi de communiquer avec-moi si tu veux, il faut juste prononcer cette formule :

Alèsia sertik kal, apprentus ment

Elle lui passa un collier avec un médaillon sur lequel était gravé un A autour de son cou.

-Au revoir, mon p’tit loup. Lui susurra-t-elle à l’oreille.

Elle sortit par la porte et s’en alla. Puis Will sentit qu’il recommençait à contrôler ses mouvements. Pourtant il appréhendait le moment ou le temps reprendrait son cours il s’était figé en courant donc il tomberait par terre. Il sentit ses membres se délier et tomba mais il s’arrêta net à quelques centimètres du sol et se déposa doucement sur le sol. Il se redressait et se pinça pour voir s’il n’avait pas rêvé. La douleur était bien réelle, comment c’était-il arrêté à quelques centimètres du sol ? Il sentit une douce chaleur lui caresser le torse. C’était le médaillon qui l’avait suspendu !

« Je veille sur toi » entendit-il dans sa tête. C’était Alésia sans aucun doute !

Il arracha son pendentif et le fourra au fond de sa besace. Il n’aimait pas cette sorcière et ne lui faisait pas confiance, il ne comptait pas garder un objet lui appartenant autour du cou, si le collier l’étranglait pendant son sommeil ou pire, s’il se transformait en serpent ?

-Tu penses à quoi ? lui demanda Eylis qui venait de se lever.

-A rien, on devrait y aller, peut-être avons-nous une chance de voler les armes ?

-Oui, j’ai retenu la formule d’Alésia, je vais endormir le vendeur.

Eylis prit les Aspers et Will opta pour une épée.

Ils ouvrirent la porte et allèrent devant le comptoir où le vendeur les attendait.

-Vous avez fait votre choix ?

-Oui, ça fera combien ? lui demanda Will

-Une paire d’Asper à 20 pièces d’argent et une épée à une main à 35 pièces d’argents, ça vous fera un total de 55 pièces mais vu que je suis un honnête vendeur, je vous les fais à 60 pièces.

Le vendeur les prenait vraiment pour des imbéciles, c’était vrai que beaucoup de gens ne savaient pas compter correctement mais tout de même. Leur système monétaire n’était pas compliqué :1 pièce d’argent vaut 10 pièces de de bronze qui valent 5 pièces de cuivre. Ce qui veut dire qu’une pièce d’argent vaut 50 pièces de cuivre. Il y avait aussi les pièces d’or qui valent 100 pièces d’agent mais seuls les gens très riches les utilisent tellement elles valent beaucoup !

-60 pièces d’argent s’il vous plait. Lui rappela le vendeur.

Will fit mine de tâter ses poches pour laisser le temps à Eylis de prononcer la formule.

-Monsieur le vendeur, vous savez quoi ? interpella Eylis, faites de beaux rêves !

-Pardon ? répondit le vendeur interloqué.

- Falum der brasum ter morpheus !

Le vendeur s’écroula sur son comptoir.

-Will, dépêche-toi, on a qu’une minute ou deux, je ne suis pas aussi puissante qu’Alésia.

Ils prirent leur jambe à leur cou…

Le croisement des destinées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant