Préface.

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Il est là, face à moi, assis sur une chaise piteuse, à m'observer dans les yeux sans jamais me lâcher du regard.
Ses yeux noisettes suivent chacun de mes mouvements. Je fais les cent pas de mon bureau jusqu'à la porte qui nous garde enfermés tout les deux, une main posée sur mon menton, pensive.
Cet air froid, blasé, ne quitte pas son visage depuis son arrivée ici.
L'atmosphère est tendue, l'air est électrique.
Nous attendons patiemment que l'un prenne la parole.

Soudain, je m'arrête de marcher comme un lion qui tournerait dans sa cage, et ma tête se tourne vers lui. Comme je l'avais prédit, ses yeux noisette n'ont toujours pas changé de direction. Il n'a qu'une cible en tête : l'incapable.

Je m'approche du bureau derrière lequel il est assis, soutenant son regard avec tout autant de détermination que lui. Mes mains se posent calmement sur la surface glacée qui nous sépare, pendant qu'un soupir las quitte mes lèvres.

- Qu'est-ce que tu faisais devant la devanture de ce magasin, à trois heures du matin ?

Je le questionne, mes yeux noirs s'opposant aux siens. Il met un certain temps avant de répondre, cet échange de regard provocateur entre nous a l'air d'accaparer son intention bien plus que la question que je lui ai posée.
Et, c'est sans baisser les yeux qu'il me répond.

- Mes courses.

Je tique. Je tique car sa réponse m'agace, et ça n'échappe en rien à ses yeux noisette. Il esquisse un sourire en coin tout aussi provocateur que son attitude.
Je ne répond rien, reportant mon attention sur le dossier posé sur le bureau, sûrement le sien.
Je m'en empare, commençant à le feuilleter sans réel grand intérêt, avant de le jeter de manière disgracieuse là où je l'avais pris.

- Eh bien, je vois que faire ses courses à 3 heures du matin est une habitude, hm ?

Son regard pétille, et il redresse légèrement la tête vers moi. Et une fois de plus, ses yeux plongent dans les miens, et notre échange tenace de regard reprend là où nous l'avions laissé.

- C'est de famille. J'ai pas pour habitude de ne pas respecter les vieilles coutumes.

Lors de sa réponse, je hausse un sourcil désabusé.
Je croise mes bras contre ma poitrine, demeurant silencieuse durant quelques secondes.

- Quel jeune homme respectueux tu fais, Kim Taehyung.

Cette fois, il ne me répond pas. Même si il continue de me fixer avec son sourire provocateur en coin, son regard semble plus sombre, et se fait plus insistant.

- Et quelle femme professionnelle tu fais, Yun-Jae.

Là, je tique sévèrement. Je fronce mes sourcils, et serre la mâchoire. Mes yeux se baissent sur le badge que je porte à la poitrine, avant de se reprendre mon échange de regard avec ledit Taehyung, plus férocement cette fois-ci.

- Alors, c'est comme ça qu'on traite un homme plus âgé ?

Continue-t-il de me charrier, en souriant de son éternel air narquois.
Ce sale gosse a 23 ans, en effet. Et moi, je n'en ai "que" 21.
Et il est clairement hors de question que je respecte un gars tel que lui.

- La ferme. Ici, si il y a quelqu'un à qui tu dois le respect, c'est bien à moi.

Le réprimande-je, l'air sévère. Je m'assois ensuite face à lui, la mine fermée.
Comme depuis le début, nos yeux ne cessent de se croiser pour se défier une fois de plus.

- Maintenant, tu vas me dire ce que tu avais l'intention de faire.

Il est hors de question que je ne lâche l'affaire concernant ce mec. Nous l'avons régulièrement au poste, et d'habitude, ce n'est pas moi qui l'interroge sur ses méfaits.
Ce soir, c'est moi qui m'en charge, alors que je ne fais même pas réellement partie de la police. Je suis plus là pour les "tâches secondaires", ou pour surveiller de près les détenus.
Et plus je passe de temps avec ce "Taehyung", et plus je me rend compte que je n'aurais jamais du accepter cette proposition.
Je suis en charge de m'occuper de Kim Taehyung, de le surveiller jour et nuit durant 6 mois.
6 putain de mois, et j'en ai déjà marre de lui au bout d'une heure de discussion.

Vous voyez ce qui se passe, lorsque la police ne souhaite plus s'occuper d'un mec récalcitrant ?
C'est aux gens comme moi de s'en occuper, lui et son putain de mauvais caractère.

Et ce n'est que le début de l'interrogatoire.

S T I G M A - [k.th]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant