1 / «Prendre sur soi.»

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En média : Yun.

Encore enroulée dans ma couette, c'est en grognant que j'accueille les premiers rayons de soleil passant au travers de mon volet, venant me chatouiller le visage. Ce n'est que quelques secondes plus tard que mon réveil se met à sonner, d'un "bip bip" irritant. Je glisse ma main hors de ma couette, envoyant valser cet infâme objet de torture à l'autre bout de ma chambre, ce qui a le mérite de le faire taire. Finalement, je sors hors de mon lit, ce qui est sûrement la séparation la plus difficile de la journée à mes yeux. Je m'empresse de saisir mon plaid rose bonbon, le mettant sur mes épaules tout en grimaçant lorsque mes pieds nus touchent le parquet glacé de ma chambre.
Malgré tout, je crois que j'apprécie l'hiver uniquement pour pouvoir passer mes journées sous ce plaid. C'est la seule et unique raison.

Je passe devant le miroir de ma chambre, m'observant durant quelques secondes, esquissant une légère grimace.

Mes longs cheveux noirs sont en bataille, des cernes se dessinent sous mes yeux tout aussi sombres que ma chevelure, et j'ai clairement l'air d'une grand-mère en dessous de mon plaid, du haut de mon mètre soixante-trois.
Maman, je suis désolée, mais ta fille ne risque pas de trouver quelqu'un dans cet état. Puis de toute façon, qui a dit que je voulais me trouver qui que ce soit ?
Je lâche un soupir, comme à chaque fois que je songe à quelque chose d'exaspérant. Je me dirige vers la cuisine, dans le but de me faire couler un chocolat chaud, tandis que mon chat commence à me faire son cinéma habituel pour sortir. J'ouvre la fenêtre, il connaît très bien la suite.
Une fois mon rapide petit déjeuner englouti, je file sous la douche, manquant de m'endormir sous cette dernière, l'eau chaude m'apaise peut-être un peu trop.
J'enfile ensuite un jean noir à trous, un t-shirt Nirvana, ainsi qu'une paire de basket quelconque, trouvée au fin fond de mon placard à chaussures.

Et ma première journée de torture commence.

***

J'ai passé une bonne demi-heure à tourner en rond dans le parc en face de chez lui. Je n'ai pas compté le nombre de fois où je me suis juré de rebrousser chemin, et de planter mon job une bonne fois pour toute. Pour au final, me retrouver là.

Je soupire, les mains dans les poches, mes yeux parcourant lentement la porte métallique se trouvant face à moi. Je toque contre cette dernière, attendant quelques secondes avant que ladite porte ne s'ouvre.
Et c'est à ce moment-là que je regrette amèrement de m'être levée ce matin.
J'aimerais qu'on m'explique pourquoi je prends sans arrêt des décisions de merde. C'est vrai, pourquoi est-ce que j'ai toqué à sa porte ? Oui, c'est mon travail, je suis au courant. Mais sérieusement. Lui. Veiller sur un abruti de la sorte, ça me fout hors de moi. Actuellement, j'ai simplement envie de lui en coller une, pour me défouler, rien de plus.

Taehyung se tient face à moi, en jogging et en sweat. Je me retient de soupirer de nouveau, et croise mes bras contre ma poitrine, l'observant avec calme dans les yeux. Même si, au fond, je n'ai vraiment aucune envie de lui parler, je décide de prendre la parole, histoire de mettre les choses au clair directement.

- Bon, Taeh-..

C'est sans me laisser le temps de finir ma phrase qu'il me claque la porte au nez, sans aucune explication supplémentaire.
Ce mec.
Se fout.
De moi.
Je serre les poings, fronce mes sourcils, bien décidée à ne pas le laisser tranquille.
J'ai un boulot. Je ne passe pas mon temps à déglinguer les devantures des boutiques en pleine nuit, contrairement à lui.
Grognant je ne sais quelle insulte, je frappe alors plusieurs fois à sa porte, sans réponses.
Je continue, durant plusieurs minutes. Sans succès.

Ma mâchoire se contracte. C'est un échec.
Je ne vais pas passer ma journée à lui courir après, j'ai d'autres choses à faire. Mais je risque de me faire sacrément engueuler quand on apprendra que ce qui était censée être ma première journée avec lui n'a pas eue de suite.
Je tourne alors les talons, rebroussant bel et bien chemin, cette fois-ci.
Un soupir quitte une fois de plus mes lèvres.
À quoi je m'attendais ? Aucun d'entre nous n'a envie de rester en compagnie de l'autre.
Peut-être qu'ils ont raison, après tout.

S T I G M A - [k.th]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant