27 / «Confiance ?»

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PDV Taehyung

Après m'avoir insulté de "sale fils de pute" et menacé de revenir me péter la gueule, le camé s'est barré aussi vite qu'il était venu. Je me suis retenu de lui cracher un mollard de la taille d'une pomme à la gueule, et me suis empressé d'aller dans le salon, tout en envoyant un message à Yoongi.

« Elle est avec moi. Tout va bien. »

Pour le moment, il n'a pas besoin d'en savoir plus sur la situation. Assise dans le canapé, Yun baisse le revolver qu'elle avait laissé braqué sur Yesung pendant que je lui éclatait la mâchoire à l'aide de mes phalanges. M'installant à ses côtés, je la dévisage un instant. Ses longs cheveux ébènes sont en batailles, et sa frange plaquée sur son front par la sueur qui en émane. Sa poitrine se soulève et se baisse à un rythme soutenu, prouvant son incapacité à se calmer. De la chaire de poule vient recouvrir ses bras et son ventre mis à nu, le haut de sa robe déchiré tombe sur ses genoux. Malgré l'envie que j'ai de la prendre dans mes bras, pour la première fois je n'ose pas. Je n'ose pas, parce que je me rends tout juste compte de ce qu'elle vient de vivre.
Alors, silencieux, je contemple son visage blessé. Sa joue droite est rouge, et un fin filet rougeâtre coule de sa tempe, un autre de son arcade. Sur son cou, une trace de main violacée se dessine. Mon regard neutre se transforme petit à petit en une expression horrifiée. Malgré tout ça, Yun-Jae regarde le revolver posé sur ses genoux, juste au dessus de sa robe déchirée. Elle ne pleure pas, non.

Cette fille est forte.

Cet enculé était à deux doigts de lui faire subir le pire, mais elle ne pleure même pas. Elle encaisse, en silence.
C'est la pire des choses.

- Il va falloir m'en dire plus, maintenant.

Je dis, à voix basse, comme si j'avais peur de la brusquer. Pour la première fois depuis ce quart d'heure d'horreur, Yun lève ses grands yeux sombres, éteints, vers moi. Alors que je m'attendais à une certaine réticence de sa part, ses yeux ne quittent pas les miens alors qu'elle prononce ces premiers mots.

- J'avais 18 ans.

Silencieux, je ne dis rien. Malgré ma surprise, je ne laisse rien paraître. Ses yeux se posent de nouveau sur le revolver, avec lequel ses doigts jouent nerveusement.

- Je t'en avais parlé, mais, j'ai pas tout dis.

La brune se coupe une nouvelle fois dans son récit, prenant une grande inspiration.

- J'étais encore jeune. Yesung et moi, nous nous connaissions depuis un an déjà. Il était.. Si gentil. Si doux. Tout ce dont j'avais besoin à l'époque. Il me réchauffait le cœur. Alors j'ai cru qu'il pouvait me sauver de tout ça.

Un rire sans joie quitte ses lèvres, pendant qu'une de ses mains vient passer sur son visage encore pâle.

- Très vite, j'ai pensé qu'il s'ouvrait à moi. Qu'il me parlait à cœur ouvert de ses problèmes, de ses peurs. J'ai fait de même. Qui ne l'aurait pas fait ? Je lui ait parlé de beaucoup de choses personnelles, intimes. Et, lorsque nous sommes sortis ensemble, ces informations sont rapidement devenues un moyen pour lui de prendre le contrôle sur moi. Les premiers mois étaient parfaits. Mais au bout de notre première année passée ensemble, il est devenu violent. Il utilisait mes faiblesses contre moi, tout en me disant qu'il m'aimait.

Une nouvelle pause. Elle soupire lourdement, levant la tête vers moi dans un sourire qui me fend le cœur. Un faux sourire, triste, si triste.

- Qu'est-ce que je pouvais faire, Taehyung ?

Ma gorge se noue en croisant ses yeux brillants, pourtant sans joie. Doucement, ma main vient enlacer la sienne. Nos doigts s'emmêlent avec tendresse, et je sens à quel point elle tremble.

S T I G M A - [k.th]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant