13 / «Désespoir.»

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PDV Taehyung

Ce matin-là, je me suis levé très tôt. Trop tôt. Je n'avais pas le choix, j'avais des choses à faire, et je n'avais pas de temps à perdre. La route pour me rendre jusqu'à mon lieu de rendez-vous risquait d'être longue, et elle s'est avérée l'être.
Je me suis donc habillé en vitesse, prenant les premiers vêtements qui me passaient sous la main, à savoir un t-shirt noir, un simple jean et une veste à capuche, également noire. J'ai mangé tout aussi rapidement, et suis sorti dehors. J'ai vissée ma capuche sur ma tête, ait attrapées les clefs de la voiture de mon père, et je suis parti dans le centre ville.

Une fois arrivé, j'ai saisit le sac qui se trouvait à l'arrière du véhicule, et je suis sorti. Je suis entré chez un petit commerçant, qui avait l'habitude de m'acheter une bonne partie de ce que je lui amenait, sans jamais me poser de questions. Là, il s'agissait des objets que j'avais volé il y a peu, dans la boutique du vieux.
En tout, j'ai réussi à collecter pas mal d'argent avec cette seule et même vente. Alors, je suis de nouveau monté dans l'épave qui sert de voiture à mon géniteur, et j'ai commencé à rouler, jusqu'à mon fameux lieu de rendez-vous. La route a été longue, silencieuse. Le silence qui régnait dans l'habitacle était parfois interrompu par des sons de notifications provenant de mon portable, auxquelles je ne faisait pas attention. J'avais mieux à faire.
Cela devait faire au moins une bonne heure et demi que je roulais, avant de finalement arriver.

Et maintenant, me voilà face à elle. La maison de mon enfance, celle où j'ai grandi, sa maison.
La maison de la vieille. De ma génitrice. De l'égoiste. De ma mère.
Je suis comme.. Bloqué devant sa porte. Je n'y arrive pas, je n'arrive pas à toquer contre cette putain de façade en bois. C'est comme si je voulais moi-même m'empêcher de la revoir, me protéger de cette femme que je déteste tant.
Et pourtant, je le fais. Je toque à sa porte, assez fort pour qu'elle puisse l'entendre, de sa chambre moisie dans laquelle elle passe la plupart de son temps. Quelques secondes passent, avant qu'enfin, la porte ne s'ouvre. Ma respiration se coupe, mon cœur s'accélère, mes mains se crispent.
Elle se tient devant moi, un sourire tout ce qu'il y a de plus faux ornant ses lèvres fines et fripées. La vieille me prend dans ses bras, me serrant contre elle avec sa force quasiment inexistante. Je ne réagis pas, je ne dit rien. Parce qu'il vaut mieux que je me taise, cette conne pourrait faire un infarctus. Est-ce que ce serait vraiment une grande perte, dans ce cas ? Ah, quel connard je fais de penser ce genre de choses envers ma mère.

- Taehyung.. Je suis si heureuse d'enfin te revoir..!

Ses mains sont posées sur mes épaules, tandis qu'elle me regarde dans les yeux, avec un grand sourire aux lèvres. On pourrait presque discerner de l'émotion dans son regard. Mais si je ne la connaissait pas si bien, je serais assez dupe pour la croire, pour penser que je lui ai vraiment manqué. Je me contente de l'observer dans les yeux, aussi froid et silencieux qu'une tombe. Je vois bien qu'elle attend que je dise quelque chose, mais je n'ai rien à lui dire, enfin, rien qu'elle souhaiterait que je lui dise. Au bout d'un moment passé dans le silence, ma génitrice tousse quelque peu, avant de me regarder d'un air bien plus sérieux, toute trace d'émotion ayant quitté son regard.

- Dit-moi.. Tu as ce que je t'ai demandé, rassure-moi ?

Ma gorge se noue presque instantanément. Évidemment, c'est pour ça qu'elle est "si heureuse" de me revoir. Je ne m'attendais à rien d'autre venant d'elle, de toutes manières.
Toujours dans un silence glaçant, je fourre ma main dans ma poche, en sortant une liasse de billets, que je tends à ma mère, dont le visage semble s'illuminer de nouveau. Et à partir de là, elle ne me porte plus aucune intention.
Je bouillonne intérieurement.

Elle compte soigneusement ses billets, un par un, comme si je comptais l'arnaquer. Je n'ai pas que ça à foutre, déjà qu'aller faire tout ça pour.. Elle était une perte de temps..
Elle n'est rien d'autre qu'une putain d'avare. Comme si elle en avait réellement quelque chose à foutre de son fils. Néanmoins, je ne dit rien, me contentant de serrer mes poings pour tenter de calmer cette vague de colère qui menace de s'emparer de moi sous peu. Je détourne le regard, n'ayant pas envie de regarder ma mère ne serait-ce qu'un instant de plus.

S T I G M A - [k.th]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant