S T I G M A - [k.th]

17 / «Sentiments.»

PDV Taehyung

Lorsque je me redresse, dans la pénombre, je ne réalise pas tout de suite qu'on m'observe. C'est lorsque des picotements viennent assaillir ma nuque de toutes parts que je me retourne, les sourcils quelque peu froncés.
J'ai toujours été méfiant.
Une silhouette sombre, féminine, se tient à quelques pas de moi. Je ne peine pas à deviner de qui il s'agit, et entreprend de marcher à sa rencontre. Mais la demoiselle me devance, venant se planter devant moi, un sourire étirant ses lèvres rosées, ses cheveux ébène venant se balader de parts et d'autres sur son visage pâle.

- C'était beau, lance-t-elle, d'un calme surprenant.

Un soupire quitte mes lèvres contre ma volonté. Mes épaules s'affaissent lentement, tandis que mes yeux fuient ceux de Yun, toujours postée face à moi.

- Je sais.

Un silence règne entre nous durant quelques secondes, comme si ni elle ni moi ne savions quoi dire.
Pourtant, j'en aurais, des choses à dire.

- Tu as une belle voix. Tu devrais chanter plus souvent.

Mes yeux viennent de nouveau rencontrer ceux de Yun, dans un échange de regards calme, silencieux. Je devrais être flatté par tant de compliments, surtout venant d'elle. Mais non. Je me sens surtout étrangement mal, et il est hors de question que je le fasse paraître. Alors j'esquisse un rictus, faible, comme à mon habitude lorsque je daigne sourire.

- Merci. J'essaierai.

Je déteste mentir.
Mais j'ai l'impression que je n'ai pas le droit de refuser. C'est comme si le sourire de Yun me poussait à ne pas penser qu'à moi. C'est tellement rare qu'il soit si sincère, si lumineux. Elle a toujours cette pointe de tristesse dans le regard, et ce faux sourire auquel elle souhaite qu'on croit.
Cette fois, je ne pense pas être en droit de refuser.

- Génial ! Je pourrais venir t'écouter ?

Presque malgré moi, je hoche la tête sans en dire plus. Yun sourit davantage, tentant de garder son sérieux malgré tout. Je la regarde un instant, toujours aussi neutre, avant de me mettre à marcher en direction de l'échelle.

- On rentre ? Il fait froid.

J'entends que la demoiselle me suit, alors je poursuis ma marche, descend de l'échelle, passe par la fenêtre, et rentre finalement dans la chambre. Une fois au chaud, je décide de me laisser tomber sur le lit près de celui de Yun, les yeux clos. C'est peu de temps après que j'entends le corps de ma colocataire s'écraser de façon des plus élégantes sur le matelas voisin. Un silence règne un instant entre nous, où seul le bruit apaisant du vent, accompagné par moments de celui des klaxon des voitures, se fait entendre.

- La dernière fois, quand tu es tombée du toit, tu avais vraiment l'intention de te.. Suicider ?

Je brise enfin ce silence devenu gênant en quelques secondes, gardant les yeux paisiblement fermés. Quelques secondes passent avant que la brune ne se décide à répondre.

- Non. Je ne suis pas encore au stade de suicidaire.

- Comment ça, pas encore ?

- Je suis pas dépressive ou quelque chose du genre. Y'a aucune raison que je veuille mettre fin à mes jours.

- Sûrement.

- Tu t'inquiètes ?

Là, c'est à mon tour de me taire l'espace d'un instant. Inquiet, moi ? Non. Je ne dirais pas être inquiet. Je veux juste.. Me renseigner.

- Les personnes les plus en détresse n'en parlent jamais, dis-je finalement, me décidant à rouvrir les yeux.

- Oui, c'est vrai, soupire Yun, allongée à quelques centimètres de moi, les yeux également ouverts, observant le plafond blanc immaculé.