24 / «Hate myself.»

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PDV Yun

Putain, putain.
Le bruit de mes bottines à talons claquent sur le sol aux pavés mouillés de la rue sombre d'où j'essaye de m'enfuir. Ce mec me suit, je le sais. Certes, il titube, mais sûrement moins que moi. L'adrénaline m'a fait réagir plutôt rapidement, mais les effets de l'alcool sont toujours plus ou moins présents. C'est terrible d'entendre ses pas rapides derrière moi, en rythme avec les miens. Je ne peux pas m'empêcher de m'engueuler toute seule intérieurement, du genre : "Yun, qu'est-ce qui t'as pris, t'es totalement écervelée, putain."
Je me rends compte que j'utilise beaucoup trop de fois le mot "putain" dans mes phrases. Laissez-moi avoir peur pour ma putain de vie, d'accord ?
Je me faufile de ruelle en ruelle, ce qui n'est certainement pas une bonne idée au vue de l'heure qu'il est. On ne sait pas quel psychopathe peut se cacher entre deux poubelles. Le pire dans tout ça, c'est qu'il ne me lâche pas. Je grommelle, continuant de courir aussi vite que je le peux tout en évitant de me prendre je ne sais combien de panneaux en pleine figure. Derrière moi, j'entends l'homme pester lui aussi, et après un bref regard en arrière, je confirme que si ça continue, il va me rattraper.

Bien. Il ne me reste plus qu'une solution.

Sans réfléchir, je fais volte-face, me retrouvant directement en contact visuel face à celui qui me poursuit depuis une bonne demie heure. Il s'arrête, comme surpris de me trouver face à lui, immobile. L'homme s'avance d'un pas sûr, un sourire carnassier qui me dégoute au visage.

Beurk. Immonde.

Oui, j'ai peur des hommes.
Ils me dégoûtent, me font peur et sont les raisons de mes nombreuses crises d'angoisse.
Mais jamais je ne me laisserais faire quand l'un d'entre eux me prend pour un bout de viande.
L'alcool donne du courage.

Une fois arrivé suffisamment près de moi, l'alcoolique tend sa main vers mon bras, comme si il voulait m'attraper. Je respire un bon coup, et, sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit, je lui envoie un coup de poing magistral en pleine mâchoire. Il vacille, m'insultant de, je cite, "salope". Une main posée sur la joue, cet immonde énergumène me jette un regard meurtrier.

- Ramène ton cul, sale con !

Je beugle, sans me rendre compte que ma voix est tout simplement ridicule à cet instant.
Oui, l'alcool donne du courage, mais l'alcool fait aussi paraître con. Sachez-le.
Malgré tout, lorsqu'il revient vers moi, je lui assène un second coup de poing au visage, qui ne le fait pas broncher, cette fois. Il répond à son tour, d'un coup de le ventre, qui manque de me faire vomir mes tripes directement sur le goudron.
Je recule, quelque peu prise de court, une main posée sur mon estomac endolori.

- 'spèce de fils de pu--..

Et cette fois, c'est moi qui n'ait pas le temps de renchérir. Après m' avoir balayée dans les règles de l'art, c'est un coup de pied qu'il m'envoie de nouveau en plein dans le ventre, m'arrachant une plainte douloureuse. S'en suit une vague d'insultes à mon égard, telles que "pute", "salope", "fille de chienne", "catin", et j'en passe.

Ça me met dans une colère folle. C'est la deuxième fois que je me fait tabasser sans rien pouvoir faire, par un homme. Je me sens si misérable. Si nulle. Si inutile. Je ne veux plus me laisser faire. Je veux protester, je veux lui faire bouffer le trottoir, à ce connard.

De nouveau sans réfléchir, j'attrape sa jambe et m'y accroche comme je peux, la secouant de toutes mes forces. J'essaye de faire abstraction de la douleur qui me tiraille le corps suite à tous les coups qu'il m'a asséné. Je profite de l'incompréhension que lui provoque mon "attaque" pour me redresser avec difficulté. Et, sans plus attendre, je lui assène un coup de tête directement dans le front. Ce connard de pervers hurle de douleur, s'écrasant misérablement sur le sol. Je me précipite sur lui, lui attrapant le col d'un main.

S T I G M A - [k.th]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant