4.

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Se relaxer et adhérer ! 

À la vue édénique qu'avait Arielle, il était clair qu'elle s'était trompée sur toute la ligne. Cette chambre n'était pas une chambre. Elle était immense. Il y avait un salon bien meublé : piano noir luisant, une table basse en bois avec un joli pot de fleurs rouges, carrelage scintillant. Les grandes baies vitrées donnaient sur la grande terrasse rectangulaire où une table avait été prédisposée avec des bougies dessus et on pouvait admirer la vue de la plage étant donné la proximité entre l'hôtel et la plage de Santa Monica.
- Une suite présidentielle ! s'époumonna-t-elle en plein enthousiasme.
Elle déposa son sac à main par terre et piqua un raisin dans la grappe montée sur une pyramide de fruits installée sur un plateau en argent. Le buffet lui était si tentant qu'elle se serait bien lâcher dessus. Mais elle était trop subjuguée par la classe du salon dans lequel elle pénétrait à cet instant.
Mia, était assise sur le canapé et était appuyée contre le bras du sofa crème. Elle écoutait de la musique sur son iPod et quand elle aperçut son amie, elle bondit sur ses pieds et pirouetta vers son amie. Ses boucles brunes valsèrent dans l'air parfumé de l'endroit.
- Ça déménage hein ?
Arielle souleva un coquillage univalve sur un guéridon en hêtre noir et passa les doigts sur la surface lisse du bord extrême.
-Tu m'étonnes, siffla Arielle époustouflée et le sourire jusqu'aux oreilles. Cette suite est superbe !
Amber fit apparition, hilare. Ses amies semblaient aux anges. Et ça lui faisait plaisir, elle s'était jurée de leur offrir le meilleur possible. Surtout après les atrocités vécues par Mia. Elle habitait une partie pas très luxueuse à Chicago, là où crimes et drogues cohabitent. La veille, une altercation avait mobilisé les services de police et Amber après avoir reçu l'appel SOS de Mia n'avait pas pu rester tranquille après que son amie l'ait annoncé qu'un gars s'était fait tuer à l'arme blanche en plein dans sa ruelle. Amber avait insisté sur le fait qu'elle viendrait la chercher, mais Mia avait tout de suite poser son veto. Mais rien qu'à l'idée de laisser son amie dormir dans ce two flat hideux où sa mère adoptive, Gretchen, la cinglée de service dans la vie de Mia lui pourrissait la vie. Alors c'était hors de question qu'elle reste passer la nuit seule après le drame survenu. Dix minutes après, Mia avait vu Arielle et Amber rappliquer. Ensemble, elles ont bouclé les valises de Mia et se sont barrées du quartier dangereux de voyous et de crèves-la-faim direction Oak Brook, le quartier résidentiel d'Amber dans la BMW de Mr. Jackson trop tape à l'oeil au goût de  Mia.
La main sur la hanche, elle prit la pause contre le chambranle en bois blanc qui séparait le salon de sa chambre.
- Et oui ! Dîtes « merci à la carte de crédit de papa ! »
- Merci à la carte de crédit de papa ! chantèrent Arielle et Mia en se laissant tomber sur le sofa plein de coussins mous.
Un fou rire se propagea dans la pièce tandis qu'Amber se précipitait vers les filles en sortant un carré de papier froissé dans la poche de sa robe débardeur blanche où les ficelles bleu clair de son maillot étaient nouées derrière son cou. Elle déplia la feuille et l'étala sur la table basse. Mia et Arielle se redressèrent lentement. Le sourire d'Arielle se fit plus court et Mia leva les yeux vers Amber, qui éclatait de joie. Un sourcil levé, elle frôla le plan de la ville de Los Angeles où des cercles rouges mal gribouillés couvraient la carte.
- Qu'est-ce que c'est ? Fit Arielle, intriguée.
- Pendant que je m'ennuyais dans l'avion, j'ai entouré au stabilo tous les endroits à découvrir, sourit-elle en large en attachant ses longues mèches blondes d'une pince.
Mia s'agenouilla sur la moquette pour s'approcher de la table basse.
- On aura le temps de tout explorer ? s'inquiéta-t-elle en comptant les ronds.
Elles n'avaient pas encore déjeuné et elle sentait que la journée allait être très longue et cela n'arrangeait pas la fatigue du voyage en avion. Elle s'était quand même levées à cinq heures du matin pour arriver à six heures pétantes à l'aéroport de Chicago. 
- Évidemment ! assura Amber. C'est moi qui vous le garantis, entre la visite au musée et la petite escapade en boîte de nuit, cette journée sera tout sauf ennuyeuse à mourir.
Arielle haussa les épaules. Elle se leva pour aller prendre son mini short en jean et son bustier dans son sac à l'entrée.
- Je suis partante. Quand faut y aller, faut y aller, non ?
Amber leva les bras en l'air en signe de victoire.
- J'adore ton était d'esprit !
- Boîte de nuit ? répéta Mia, sur le qui-vive.
Cette phrase eut l'effet de baisser le moral d'Amber. Elle se renfrogna et lança un regard blasé à son amie.
- Oh, non, Mia ne joue pas la sainte-nitouche maintenant, je t'en prie ! C'est un très mauvais timing. Ce soir, on va siroter des margaritas et danser sur du Beyoncé, alors, je t'en prie, dis pas non.
Arielle pétait déjà le feu. Il suffisait de prononcer le mot « danser » pour qu'elle sautille comme une puce.
Mia se leva de la moquette avec son haussement d'épaule habituel. Elle croisa les bras sur sa poitrine en soupirant.
- Je dis pas non Amber, je dis peut-être.
- Désolée, mais pour moi la différence est très mince. Tu viens de me refuser une proposition très alléchante.
Arielle se campa près d'Amber qui avait les coudes appuyés sur la table du piano.
- Mia... hasarda Arielle. Je sais pas...ça pourrait être une bonne occasion de se défouler un peu et de se vider la tête.
Amber opina de la tête et s'approcha de Mia avec un sourire touchant. Elle prit les mains de Mia et les balança doucement entre elles.
- Alleez, bouda-t-elle. On vient juste d'être diplômées et à part la petite fête organisée par les parents d'Arielle, on a pas officiellement fêté l'évènement. Dis pas non, dis pas non. Accepte, je t'en conjure. Ça pourrait être chouette.
Mia regarda Arielle approuver d'un signe de tête derrière Amber. Même son amie qui se montrait prude tout le temps voulait faire cette soirée de dingue. Elle ne savait pas trop... Elle avait un mauvais pressentiment. Ou peut-être ne voulait-elle pas faire la fête comme ça, d'emblée.
- Ou pas chouette, se contenta-t-elle de répondre à Amber.
Celle-ci abandonna les yeux de biche et écarta gros les yeux :
- Mia.
Mia s'humecta les lèvres et laissa pousser un soupir. Quand elle observa ses amies tour à tour, c'était tracé d'avance, elle devait dire oui. Amber était au bord de l'excitation, Arielle faisait des zigs zags avec ses sourcils, l'air de dire : « Alors ? Alors ? ». Elle ne pouvait pas refuser une soirée entre copines à se détendre avec des margaritas. Elle lâcha les mains d'Amber et secoua la tête, impuissante.
- Ok, va pour les margaritas.
Puis Mia se boucha les oreilles au cri de joie d'Amber qui sautait à son cou.
- Et les beaux gosses, corrigea Arielle en se laissant aller contre un fauteuil. Les beaux gosses et les margaritas. Je sens que ça va être l'éclate totale, ce soir.
Amber partit d'un rire tandis que Mia lançait un regard craintif sur Arielle. C'est fou comme la transition entre États avait changé Arielle ! Elle se lâchait enfin et c'était anormal.
- Tu commences à me faire peur, tu sais. Littéralement. C'est la plus grosse trouille de ma vie juste après les araignées.
- Oh, je t'en prie ! râla Arielle.Y'a pas de mal à ça ! Les garçons ne sont pas des sortes d'allergènes ou des maladies virales à éviter. Ils t'ont fait du mal ou quoi ? Parce que je ne me rappelle pas qu'au lycée t'étais traitée de traînée ou de « je ne sais quoi».
- Au contraire, sourit malicieusement Amber. Elle était la reine du rock'n'roll. La meneuse du Glee Club.
- C'est  pas une critique, au risque que tu le prennes mal, continua Arielle. C'est juste une simple observation d'une amie qui se fait du souci pour toi.
Puis Amber reprit les commandes en disant sur un ton tellement grave, tandis que Mia bouillait de colère.  
- Elle a raison. Une fille normalement constituée aimerait les garçons.
Elles allaient sincèrement lui faire une scène, là, maintenant ? Juste pour des margaritas et des mectons ?
- Je n'ai pas dit que je les détestais.
- Mais t'as pas dit le contraire, non plus.
Mia n'en croyait pas ses oreilles.
- Tu te fais du souci pour moi parce que je ne suis pas intéressée par les gars ? se pointa-t-elle, un doigt sur le cœur. Et ne cherche pas ton thermomètre pour moi Arielle, je vais te faire le plaisir de t'annoncer que je vais à merveille. Désolée de vous décevoir les filles, mais contrairement à certaines personnes, je n'ai pas besoin de copains pour vivre.
- Moi si, souffla discrètement Amber des étoiles dans les yeux.
Comme si avoir un copain était un trésor inestimable au monde. Après des escarpins Prada. Évidemment...
- Amber... fit Mia en lui coulant un regard redoutable.
- Bon vite ! dit Amber d'un air pressant. Mia, prends les lunettes de soleil sur la table et Arielle, n'oublie pas...
Arielle se leva pour attraper le Nikon sur la table sous un tableau d'art.
- L'appareil photo, oui, t'en fais pas chef. Je gère. Je prends le paquet de Reese's ?
Mia se retourna aussitôt vers son amie.
- Manger de l'industriel, c'est...
Amber la coupa.
- Whaou, on va aller en taule pour avoir mangé des bonbons, maintenant ? lança-t-elle  entre deux rires. (elle posa une main sur l'épaule de son amie) Mia, relaax. S'il te plaît. Tu plombes l'ambiance. Un bon petit rouquin ne te ferait pas de mal. Sérieux, faut que tu t'actives à te trouver un mec, je meurs. Et tu sais combien c'est fatidique que le monde continue à tourner sans Amber Jackson, étira-t-elle un majestueux sourire.
Elles sortirent de la suite et la porte claqua derrière elle, dans un cliquetis signalant la fermeture automatique.
- Un roux ? fit Mia, quelques minutes après, comme si elle n'avait retenu que ça. Oh, t'as pas pu trouver mieux ?
Amber plongea son téléphone dans son sac à main en paille. Elle était habillée de façon très décontractée. À croire qu'elle avait mis ses vêtements les plus courts au cas où un gars viendrait les arracher sauvagement.
- Elle irait bien avec un roux aux yeux verts, pas vrai, Arielle ? interrogea Amber à son amie en lui enfonçant gentiment le coude dans les côtes.
Arielle fixait son téléphone avec une tête effroyable. Une vraie tête de déterrer. Elle venait d'avoir un SMS de sa mère, elle avait débloqué son téléphone en espérant qu'elle n'aurait plus avoir à faire avec de méchants textos, mais apparemment non.
             On viendra, Arielle, c'est moi qui te le dis, on viendra te chercher. Et ce que tu vas entendre va pas te faire plaisir comme ça ne me fait pas plaisir que tu te sois enfuie à Los Angeles. On viendra.
- J'en sais rien... répondit-elle sans grande conviction. C'est dur de chercher le mec parfait à Mia.
Elle leva les yeux, un chat coincé dans la gorge. On aurait dit que sa mère venait de se transformer en tueur à gages.
- Bah suffit qu'à pas chercher ! reprit Mia. Sérieux, les filles. Les mecs, c'est naze. Ça te fait souffrir avant de te faire sourire. Et quand ils te larguent, tu te vois forcer de te lamenter derrière ton coussin pour pleurer le décès d'une relation sans succès. C'est pitoyable.
- Oh, c'est donc ça ! soupçonna Amber alors qu'elles arrivaient à l'entrée de l'hôtel où la fontaine du rond-point de l'allée circulaire faisait jaillir ses eaux toujours et toujours plus haut.
- C'est donc quoi ? se méfia Mia.
Arielle se mêla à la conversation en mettant le texto de sa mère dans la case « oubliettes » de son cerveau.
- T'as peur.
Mia secoua la tête, confuse.
- Peur de l'amour ?
- De la rupture, déclara Amber en lui coulant un regard content. Tu ne t'engages pas parce que ta n'as pas envie d'avoir le cœur brisé...C'est chou.
- Non, c'est pas vrai, je vous jure, je...
Arielle pensa à son ami électronique.
- Ça me rappelle quelqu'un subitement, c'est bizarre... lança-t-elle d'une voix pensive.
- Oui, quelqu'un de coincer ! rigola Amber. Comme notre très chère amie, ici présente. Tu veux bien nous faire plaisir ?
Elles longeaient le long couloir où de grands palmiers serpentaient les abords de la nationale.
- Euh... Oui, dit-elle en tentant de cacher son inquiétude.
Amber s'arrêta en plein sur le trottoir, les mains dans les poches de sa robe.
- Cet été, tu vas nous laisser jouer les entremetteuses. On va te trouver quelqu'un, c'est décidé.
- Je sais pas trop, répliqua directement Mia en reprenant le chemin de la plage qui était à quelques kilomètres tout juste.
Amber caressa Arielle du regard avec imploration, comme si elle était son dernier recours. Alors Arielle joua son rôle de meilleure amie.
- T'as pas à savoir, Mia. T'as même pas à décider, c'est nous qui décidons. Tu vas sortir, ce soir. Et t'éclater.
Mia fit volte-face vers ses meilleures amies. C'est vrai qu'avec les examens, elle s'était mise sous pression pour décrocher son diplôme. Entre sa peste de Gretchen et sa sortie de l'Illinois sans autorisation, Mia était un peu à cran ces derniers temps. Peut-être bien qu'un mec et une virée en boîte lui feraient le plus grand bien.
- Très bien, très bien ! décida-t-elle après mûre réflexion. Mais « je » choisis ma tenue !
Arielle et Amber éclatèrent de rire. Amber prit la main de Mia et la pressa, enchantée. Elle était ravie que son amie ait pris cette décision qui était à son avis, une très bonne idée.
- Comme bon vous semble, Mlle Copperfield !
Mia éclata de rire et fit quelque chose d'idiot. Elle courut comme une gamine en enlevant son chemisier à carreaux qui était noué sur son nombril. 
- À nous la plage ! 
Arielle et Amber étaient bouches bée. Mais très vite, elles s'étranglèrent de rire en rattrapant leur amie dans sa course. Mia se déshabilla et laissa son maillot transparaître à la vue de tous les passants qui la dévisagèrent. Mais... Elle s'en foutait ! Le soleil pointait haut dans le ciel, elle n'avait pas à s'en faire, elle était accompagnée de ses amies et elles allaient passer une journée de folie ! 

Alors oui, Mia s'en tamponnait le coquillard !

California LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant