Les retrouvailles

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Alexandre

Des bips, un bruit lointain de bips réguliers et une douleur, une effroyable douleur dans la tête voici ce que j'entends et que je ressens à cet instant. Je suis comme étouffé par un brouillard dense, je ne vois rien mais je ressens tout et j'ai mal, mal partout, la sensation qu'un bulldozer m'a roulé dessus. J'essaye de bouger mes bras ou mes jambes, mais rien mon corps reste inerte et endolori.

Je ne sais pas où je suis, et j'ai trop mal à la tête pour réfléchir, le sommeil m'appelle, je veux lutter mais je ne peux pas, il est plus fort et je repars, je m'enfonce dans la nuit...

Je reviens à moi et j'entends toujours ces bips lointains, mon corps est toujours meurtri et ma tête refuse de bouger, et mes yeux sont si lourds que je n'ai pas assez de force pour les ouvrir, mais j'entends des voix proches de moi, d'hommes et d'une femme sanglotant. Je me concentre pour essayer de comprendre ce qu'ils disent.

— Maxwell, je...je t'en supplie dis-moi qu'il va s'en sortir... dis-moi... que mon fils est hors de danger. Dit la femme entre deux sanglots.

C'est ma mère, je la reconnais c'est elle, elle est là mais pourquoi ?

— Agathe, tu connais le métier, on ne peut pas dire aux familles des patients ce qu'ils veulent entendre, ce serait leur mentir, mais ce que je peux te dire, c'est que ton fils reçoit les meilleurs soins, tu connais notre hôpital mieux que qui qu'onques, laisse nous faire.

— Mais...mais pourquoi ne se réveille-t-il pas, il est dans le coma ?

— Le corps d'Alexandre a subi de nombreux traumatismes, il n'est pas dans le coma, son cerveau fonctionne normalement malgré son traumatisme crânien, mais son corps est trop faible pour le moment, cela va prendre un peu de temps, il faut le laisser récupérer.

— Quelles sont ses blessures exactes ?

— Il a plusieurs côtes cassées, les bras lacérés par les débris de verre de la voiture, des ecchymoses qui recouvrent une bonne partie de son corps, une cheville de foulée et aussi un traumatisme crânien.

— Oh mon dieu ! Thomas tu entends...dit-elle à son mari. Oh mon dieu...

J'entends un cri étouffé suivi de pleur et mon père...Il est là aussi..., mais mon cerveau réclame le silence...je me sens de nouveau basculé dans cette obscurité qui m'enveloppe...

De nouveau je me reconnecte aux bruits, toujours c'est bips régulier, j'essaye de bouger mais toujours rien, et cela m'agace, j'ai qu'une envie c'est de bouger, parler, crier, mais toujours rien, par contre je sens une pression sur ma main, une sensation douce et chaude et une voix me parvient, une douce voix que je ne connais que trop, c'est la voix de ma mère :

— Mon chéri...Alexandre je t'en supplie réveille-toi, Il faut que tu te réveilles, trouve la force, bas-toi mon garçon.

Malgré mon envie, toujours rien, aucun membre ne bouge, et pourtant dieu sait que j'en ai envie, j'ai une telle rage en moi, mais mon corps reste impassible à ma demande.

J'entends aussi une voix grave, celle d'un homme, mais pas n'importe lequel, mon père :

— Agathe, tu dois te reposer, tu...

— NON ! Thomas je ne bougerai pas d'ici avant qu'il se réveille, je veux être là pour lui.

— Agathe...dit-il en soupirant. Moi aussi je veux être là mais tu dois quand même te reposer et prendre des forces, tu ne voudrais pas être faible lorsqu'il se réveillera, Je ne te demande pas de rentrer à la maison, mais tu pourrais aller dans ta chambre de garde, au moindre changement je te fais prévenir, promis.

le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant