Cendrine se leva à nouveau de bonne heure et se prépara. Cette fois-ci elle revêtit une robe magenta et noua ses cheveux en un chignon compliqué. Lorsquelle sapprêta à sortir afin de rejoindre le fiacre qui lattendait, elle sentit se jeter sur elle. La jeune reconnut alors Antoinette. Celle-ci semblait vraiment être devenue folle. Ses yeux étaient injectés de sang, et ses cheveux longs noirs étaient épars sur ses épaules. Elle était loin de la coquette quavait connu Cendrine.-Antoinette ?, sexclama-t-elle. Mais que tarrive-t-il ?
-Jean, voilà ce quil marrive !, réussit à articuler la jeune femme en seffondrant.
Cendrine la força à se relever. Cela risquait de la mettre en retard. Sans compter quelle devrait expliquer à Lanvais comment sa femme en était arrivée à venir délirer sur son perron. Elle soupira.
-Cesse donc de pleurer, reprends-toi un peu !, tansa-t-elle Antoinette. Inspire profondément et dis-moi clairement ce qui se passe.
Sa demi-sur sexécuta. Lorsquelle eut recouvert ses esprits, elle sécha ses larmes.
-Cest mon mari, commença la jeune femme. Il a complètement perdu la tête et je ne comprends pas pourquoi, il ne veut pas men parler. Il a retourné tout le salon hier, détruit les fauteuils, renversé les tables..
Cendrine retint un bâillement. Elle nétait pas psychiatre, avait-elle envie de dire. Décidément, revenir à Paris était une mauvaise idée.
-Et quand jai voulu aller le voir pour clarifier tout ça, poursuivit Antoinette, il ma hurlé dessus. Je ne sais pas quoi faire
-Moi je sais, répondit Cendrine. Je vais te ramener chez toi et après jaurais une petite discussion avec ton mari.
-Non !, protesta la brune. Je refuse ! Pas avant que tu ne maies répondu en tout cas. Je veux savoir ce quil sest passé entre Jean et toi. Je suis persuadée quil y a quelque chose. Je ne suis pas aveugle. Il na pas voulu me répondre.
Cendrine écarquilla les yeux. Ainsi, cétait ça la vraie raison de la venue de sa demi-sur ? Elle aurait dû sen douter. Puis, elle se mit à rire. Elle rit tellement quelle en pleura. Cela irrita Antoinette.
-Enfin, je ne vois ce quil y a de drôle !, semporta-t-elle.
-Moi si, répliqua Cendrine. Tu viens me voir pour ça ? Très bien, dans ce cas je vais te répondre, mais inutile de te remettre à pleurer, parce que je ne sais pas si je vais le supporter. Lanvais et moi avons eu une liaison un peu avant ton arrivée à Paris. Et nous devions nous marier. Il ma plantée sans men avertir, le jour où vous vous êtes unis. Rien de bien grave, et je nai eu aucun mal à loublier, ton Jean.
Antoinette plaqua la main sur sa bouche et retint un hoquet. Elle secoua vivement la tête.
-Non, cest impossible, dit-elle à voix basse. Il naurait jamaisTu mens !, cria-t-elle.
-La vérité fait mal ?, la railla Cendrine. Si je mens, pourquoi de nouvelles larmes apparaissent-elles sur ta joue ? Puisque tu as ta réponse à présent, tu vas être gentille et me suivre dans le fiacre.
La brune laissa Cendrine la remettre debout et lentrainer dans la voiture vers son manoir. Elle ne dit rien de tout le trajet, se contentant de regarder la vitre. Cendrine ne chercha pas non plus à engager la conversation. Elle sen fichait après tout. Cétait leurs affaires de couple. La diligence sarrêta. Elles descendirent, Cendrine menant Antoinette comme on guide une aveugle. Le majordome des Lanvais ouvrit de grands yeux.
-Madame ? Nétiez-vous pas dans votre chambre ?
-Non, puisquelle est venue jusque chez moi afin de pleurer sur mon épaule et chercher des réponses que son mari, apparemment ne lui communique pas, répliqua Cendrine en remettant Antoinette au majordome. Vous feriez mieux de la coucher, la journée va être dure.
-Bien, fit le vieillard. Autre chose ?
-Oui, acquiesça la jeune femme. Jai rendez-vous avec monsieur Lanvais pour la société Childs Trap.
-Monsieur est en haut, dans le petit salon.
Cendrine sy rendit à grands pas et entra sans toquer. Lanvais était là, à siroter tranquillement son Earl Grey. Cendrine le prit par le collet.
-Toi, siffla-t-elle entre ses dents, la prochaine fois que vous vous embrouillez avec Antoinette, évite de me lenvoyer dans les pattes après parce quelle est venue me harceler jusque chez moi. La prochaine fois
-Ravi de te revoir, Cendrine, la journée dhier sest-elle bien déroulée ?, répondit-il.
Elle le lâcha et le toisa avec dégoût.
-Change donc de sujet si ça tarrange, fit la jeune femme. Ça te rattrapera bien un jour, quoique tu fasses. En attendant, je tiens tout de même à tinformer quAntoinette est souffrante.
-Eh bien, jai dautres affaires plus urgentes à traiter, répondit simplement Lanvais. Et si nous parlions de celle qui nous concerne ?
-As-tu bien considéré le contrat ?, demanda Cendrine qui avait laissé tomber le vouvoiement.
Lanvais la regarda un temps. Cette fois-ci, pas de manteau. Pas de distance froide. Seulement du mépris et de la colère. Cétait peut-être pire. Et ses cheveuxDepuis quand était-elle aussi distinguée ?
-Oui, mentit-il. Etje refuse.
-Quoi ?
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Cendrillon 2
Historical FictionCendrine revient enfin d'Angleterre mais elle a changé. Son comportement alarme Louis-Henri : pourra-t-il réparer le coeur de la belle blonde ?