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Comment vit-on notre dernière journée ? Un peu comme n'importe laquelle. On se lève, on se douche, on mange un peu, on suit notre routine avec en tête des rêves et des projets d'avenir, ou alors la pensée d'en finir. On se met à courir pour ne pas être en retard, on arrive au lycée, on se sent tout petit face à la foule d'élèves qui chahutent, on essaye de se fondre dans la masse alors que l'on voudrait juste fuir.

Ma dernière journée aura commencé d'une manière tout aussi banale. Comme toi je me tenais au milieu d'un couloir, comme toi je me faisais bousculer par des élèves un peu trop pressés, comme toi j'avais peur, comme toi je me demandais ce que je faisais là.

Dire que tu "suivais les cours tel un zombie" serait bien en dessous de la réalité. Tu ne suivais rien. C'était déjà un miracle que tu ai réussi à te traîner jusqu'à l'établissement ! Ton corps se déplaçait de salle en salle, tandis que ton esprit s'égarait dans des pensées toutes aussi sombres les unes que les autres, des pensées de mort, de cadavres, de pendus et de sang, un monde morbide qui t'appelait, te susurrait à l'oreille de le rejoindre. La Paix se présentait donc à toi sous forme d'Enfer ? C'était étrange, mais qu'importe : tu te foutais bien de l'aspect que pouvait avoir la Mort. Tant qu'elle t'offrait une liberté, rien d'autre ne comptait.

Tu t'en voulais d'avoir placé toute ta confiance dans un garçon à peine rencontré. Voilà ce qui arrivait lorsqu'on passait du temps avec toi : on te lâchait et te trahissait. Tu devais vraiment être quelqu'un d'ignoble pour que l'on te punisse ainsi. Ça devait être mérité. Tu étais trop faible, trop inutile pour ce monde.

L'appel de la Mort résonnait de plus en plus fort, tu tendais tes bras vers elle.

Il n'y aura pas de lettres d'excuses ou d'adieux, juste ce tête à tête avec ta liberté, juste ce rendez-vous avec ces pilules. Un dernier après-midi, un dernier trajet jusqu'à chez toi, une dernière humiliation, un dernier repas, une dernière porte qui se ferme. Une dernière heure qui passe.

Une dernière larme qui coule, pour venir s'évanouir avec ta conscience.

Je hurle.

×××

Il abandonnait une seconde fois avec toi.

Destruction『 tome 1』Où les histoires vivent. Découvrez maintenant