Et Prosopopée

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Après plusieurs histoires, le petite fille se mit sous sa couette comme tous les autres soirs mais cette fois-ci elle regarda sa grand-mère dans les yeux et lui demanda :

« Et toi Prosopopée ?

— Moi ? répéta celle-ci interloquée.

— Oui, toi. Tu me parles de tes amis mais tu ne m'as pas encore parlé de toi.

— Oh. Eh bien, j'imagine que je peux bien te conter qui était Prosopopée » dit-elle hésitante.

La grand-mère s'assit timidement sur le lit à côté de sa petite fille, se tint les mains, réfléchit un instant et après une longue inspiration, débuta son épopée :

« Prosopopée était une jeune fille de ton âge avec des cheveux blonds qui un jour étaient lisses et un autre jour étaient bouclés, un dos qui peinait à rester droit, des yeux bleus qui viraient au gris, une peau pâle qui rougissait sous le soleil, un tout qui faisait d'elle ce qu'elle était, Prosopopée.

Prosopopée était différente. Elle ne ressemblait pas du tout à ses amis. Bien qu'elle soit unique comme eux, elle en était d'autant plus singulière. Prosopopée était chacun d'eux. En effet, elle n'avait pas un seul caractère, un seul défaut, une seule qualité, mais en elle se trouvaient toutes ces allégories. Elle était Maladresse, elle était Timidité, elle était Orgueil, Gourmandise, Altruisme, Flemme, Docilité, Dynamisme, Honnêteté, Jalousie, Audace. Et encore, je ne t'ai pas raconté toutes les histoires des personnages qui se cachent en elle.

Prosopopée était tout ça à la fois. Elle était un peu de tout ça. Elle n'était pas que de la timidité ou même seulement de l'honnêteté, elle était en réalité un mélange de toutes ces personnalités. Prosopopée avait des défauts et des qualités. Ses qualités pouvaient être des défauts et ses défauts des qualités. Certains se complétaient, certains la complétaient. Elle se disait même qu'il n'y avait pas de mal à avoir plusieurs caractères, c'était d'ailleurs peut-être mieux ainsi. Elle n'était pas aussi extrême que ses amis les allégories. Elle voyait cela comme une palette de peinture où chaque allégorie était une couleur et où Prosopopée en était la toile. C'étaient ces mélanges qui faisaient qu'elle était unique et toute colorée.

Prosopopée riait, pleurait, dansait ou restait dans le canapé et c'est sans doute tout ceci qui faisait d'elle un être humain ravie.

— De tous les personnages, Prosopopée est ma préférée, sourit la jeune enfant.

— C'est sans doute parce qu'elle est tous ces personnages. Ce que je t'ai raconté ma douce enfant, ce sont les différentes parties de moi. Je suis celle qui donne vie à mes caractères, à ces allégories. Je les fais parler et les raconte ainsi.

Je suis Prosopopée.

Et tu sais quoi ma douce ?

Soit qui tu es.

Soit colorée. »

ProsopopéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant