Audace

48 21 12
                                    

Prosopopée entra dans la chambre de sa petite-fille et la vit faire des acrobaties périlleuses. L'enfant manqua de tomber alors la grand-mère s'exclama :

« Mais qu'est-ce que tu fais, c'est dangereux de faire ça ici ! Tu aurais pu te fracasser le crâne !

— Je m'entraînais pour la gym !

— Je veux bien que tu t'entraînes mais pas ici voyons. À la gym tu as des tapis pour amortir les chutes, ici c'est du parquet ! Tu as le goût du risque ?

— Un peu, je crois, admit-elle.

— Va sous ta couette, c'est l'heure de l'histoire. Tu m'as inspirée. »

La jeune enfant obéit et se glissa dans son lit.

« Je vais te parler d'Audace, commença Prosopopée.

Audace était un homme d'une quarantaine d'années. Il était musclé, athlétique, fort. Il avait des cheveux brun foncé un peu longs et une barbe bien taillée. Il portait toujours de grosses chaussures bien solides et des bretelles pour se donner du style. On peut être baraqué et être élégant !

Audace n'avait qu'un but : accomplir des choses difficiles, réussir une mission considérée comme impossible. Plus il y avait de la difficulté, mieux c'était. Où était l'intérêt sinon ? Cela lui importait peu qu'il y ait des risques ou qu'il mît sa vie en péril. Audace préférait d'ailleurs prendre des risques pour prouver sa valeur, son courage, sa détermination, son sang-froid, sa hardiesse. Il jouait le tout pour le tout !

Audace n'attendait pas qu'on lui donnât une mission, il adorait aussi prendre l'initiative, de se donner lui même un rôle. Pour lui, sa fonction était de s'entreprendre dans des situations risquées, hasardeuses, avec de l'assurance et en sortir vainqueur. Ce qui m'impressionnait chez lui était le fait qu'il ne semblait avoir peur de rien ! Il n'éprouvait aucune crainte et chérissait plutôt le danger. Il m'avait confié qu'il adorait ressentir l'adrénaline, que cela lui faisait l'effet d'une drogue. Il ne se contentait pas des petites victoires ou mêmes des gros succès, il voulait aller toujours plus loin que les autres, les surpasser et se surpasser.

Toutefois, si Audace ne ressentait pas la peur, je peux t'affirmer que nous la ressentions pour lui. Toutes ses entreprises me terrifiaient ! Je craignais qu'il ne lui arrivât quelque chose, qu'il se fît mal, ou pire encore ! Quelque fois je le trouvais égoïste parce qu'il s'en fichait de nous faire des frayeurs. Je tenais à lui, je l'admirais aussi. Cependant cela n'était pas le cas de tout le monde. Les autres trouvaient parfois que son comportement était osé, qu'il se permettait de dépasser les limites de la bienséance sous prétexte que c'était courageux de sa part. Le courage, la hardiesse n'excusent pas tout. Il faut aussi faire attention aux conséquences de ses actes alors qu'Audace faisait parfois preuve d'imprudence.

— Je suis un peu comme Audace alors.

— Si tu es vraiment comme Audace, veille à ne pas agir sans réfléchir. Tu me le promets ?

— Je te le promets.

— Merci. Et je te demande pardon de t'avoir disputée, c'est juste que je me suis inquiétée.

— Faute partagée » sourit l'enfant en prenant sa mamie dans ses bras.

ProsopopéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant