Prosopopée

Altruisme

« Grand-mère, peux-tu me parler de quelqu'un de bien ce soir ? Je ne veux pas faire de rêves noirs. »

Les rêves noirs étaient pour l'enfant les cauchemars. Prosopopée voulut que sa petite-fille pense à un monde coloré et qu'à cet homme elle tente de ressembler.

« Très bien ma douce. Laisse-moi te conter l'héroïsme d'Altruisme.

Altruisme était un grand homme, assez vieux, avec une barbe blanche et toujours souriant. Il était toujours là pour les autres. Nous l'opposions souvent à Égoïsme qui était un petit homme plutôt jeune mais qui ne pensait qu'à lui. Ce dernier ne s'intéressait qu'à sa propre personne et s'en fichait royalement d'autrui.

Altruisme était d'une telle bienveillance, qu'il aidait quiconque était en détresse avec vaillance et souvent empreint d'allégresse. Même si nous ne ressentions pas le besoin d'avoir de l'aide, il venait nous épauler. Si nous ne comprenions pas quelque chose, il nous l'expliquait. Il nous soutenait toujours lorsque cela n'allait pas. Lorsque quelqu'un trébuchait, il le relevait. Il nous donnait de l'argent s'il nous en manquait. Altruisme était d'une solidarité sans égale. Je l'appréciais beaucoup pour cette aide qu'il apportait avec bonne humeur.

Constamment tourné vers les autres et pour les autres, Altruisme était aimé de tous. Nous avions besoin de lui. Qu'aurions nous été sans Altruisme ? C'était lui qui faisait que nous nous entendions si bien et nous aspirait à faire comme il faisait, à nous entraider.

Toutefois, certains s'inquiétaient un peu pour lui. Comme Altruisme n'agissait que pour les autres, il ne faisait rien pour lui. Il ne pensait même plus à lui, à son bien-être, à sa santé, à son bonheur. Ce qui comptait pour lui était le bonheur des autres, qu'importe si lui-même l'était. Alors nous nous étions concertés et nous avions décidé de l'aider. À notre tour, nous lui sommes venus en aide. Nous avons été là pour lui, nous l'avons incité à se confier, à nous dire si quelque chose n'allait pas bien dans sa vie, nous lui rendions simplement la pareille. Tout reposait sur la solidarité qu'Altruisme avait initiée. Sans le vouloir il encourageait tout le monde à faire de même et secrètement, il voulait qu'on s'aime les uns les autres.

Je l'aimais beaucoup. Je voulais lui ressembler. Altruisme qui aimait ce contact avec les autres, ne cherchait pas de la gratitude. Il ne recherchait pas l'admiration ou les remerciements ; ce qui était sa plus grande qualité. Malheureusement, on semble l'oublier.

— Merci, murmura la petite le sourire aux lèvres qui s'endormit. »