Chapitre 11.1 (NV)

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Nous arrivons au bureau ensemble, sous le regard étonné de la blonde. Elle tente à nouveau de lui parler, mais il l'ignore encore une fois. Je me mets à sa place, elle doit mal le prendre. Je lui fais un signe que j'arrive après. Il hausse un sourcil avant de pénétrer dans l'ascenseur.

Je me dirige vers la dame d'accueil blonde. Elle fait alors comme si elle ne me voit pas. Je me mets devant elle pour la forcer à me faire face. Son regard hautain se pose sur moi.

— Bonjour, commencé-je.

Je n'ai pas de réponse. Elle se contente de prendre un air amusé.

— Je vois bien que notre patron vous ignore, continué-je. Si je peux lui faire parvenir quelque chose...

Elle se penche vers moi avec un air soudainement méchant.

— Ne croyez pas que j'ai besoin de vous, ma pauvre. Il vous utilise pour coucher avec vous. Quand vous partirez, j'aurais enfin le poste d'assistante personnelle. Ce n'est pas parce que vous arrivez en moins de deux semaines et que vous gagnez le bureau en face du sien, que je n'abandonnerais pas. Faites-moi confiance, je vais vous pourrir la vie si vous ne lâchez pas votre...

Je plisse un œil. Elle a été la seule à savoir que je suis remontée pour chercher Morgan. Je l'observe alors, voulant savoir pourquoi elle a eu besoin de l'aide d'un pompier.

Elle se rend compte que je ne l'écoute plus. Elle racle sa gorge. Je lève mes yeux pour l'observer.

— Désolé, m'excuse-je. Mais... je n'ai pas peur de vous.

Ses lèvres s'étirent pour former un sourire. Un sourire que je commence déjà à détester.

— Pourtant, vous devriez.

Je m'écarte d'elle confuse. J'ai l'impression de comprendre ce qu'elle insinue. Je fronce des sourcils avant de m'apprêter à monter au dernier étage.

— Oh, d'ailleurs, j'ai exactement fait ce que Matthew m'a demandé de faire, m'annonce-t-elle.

— Très bien, merci.

La conversation terminée, je gagne le bureau de mon patron. Quand j'entre, il est déjà assis dévêtu de sa veste. Plongé sur des papiers, il ne semble pas faire attention à mon entrée. Je me mets le plus vite à ma nouvelle place.

Nous n'avons pas reparlé de ce que nous nous sommes dit le matin même dans la chambre d'hôtel. J'éprouve un certain soulagement. Mais en même temps, je me demande pourquoi il fait comme si rien ne s'était passé. Nous avons échangé quelque chose de profond. Maintenant, moins d'une heure et demie après, il fait comme s'il a tout oublié. Vu la façon dont il me regarde et me parle, il semble s'en moquer. Oui, il se fout de ce que je lui ai dit. J'en suis sûre. Il tente de ne pas mêler sa vie privée et vie professionnelle.

Soudainement, Monsieur Morgan se met à crier mon prénom. Je relève la tête vers lui, étonnée. Jamais il n'a été en colère.

— Bordel de merde ! s'écrie-t-il en tenant une feuille dans sa main. Mais qu'avez-vous foutu ?

Il lâche des yeux la feuille pour les poser sur moi. Ses traits sont tirés. Je compris alors qu'il n'est plus malade. Dommage, il était cent fois plus agréable... Peut-être qu'un autre accident le rendrait encore plus aimable...

— Vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ? continue-t-il.

Je n'ose pas prendre la parole de peur qu'il me dise de la fermer.

— La réunion que vous deviez prendre pour demain, vous l'avez mise ce matin. Résultat ? Je n'étais pas au courant et n'y suis pas allé ! En plus à cette heure-là ! Bordel !

Mes nerfs sont en train de lâcher. Je sais très bien que je n'ai commis aucune faute. Je cherche sur mon bureau la copie du mot que j'ai envoyé à la dame d'accueil. Une fois trouvée, je l'apporte à mon supérieur, d'un pas déterminé.

— Je n'ai fait aucune erreur, me défends-je. J'ai donné ce message à la blonde de l'accueil comme vous me l'aviez demandé. Elle m'a confié pas plus tôt que tout à l'heure qu'elle s'en était chargée.

Il lut le mot et fronça ses sourcils. Il me tend sa feuille. Il y a effectivement marqué que le rendez-vous a eu lieu une heure de cela. Sauf que je n'y suis pour rien. Je n'ai pas changé les horaires.

— Vous savez ce que mon père ferait s'il était à ma place ?

— Il... commencé-je.

— Laissez-moi finir ! Il vous mettra à la porte, car vous êtes la nouvelle. Ou pire encore ! Il vous donnera le poste plus bas de son entreprise !

Je baisse la tête, honteuse. Oui, je suis la petite nouvelle. Oui, je n'ai pas l'habitude que l'on me crie dessus. Mais je n'ai pas fait d'erreur. Il est injuste qu'il me vire pour quelque chose que je n'ai pas commis.

— Et vous savez ce que je veux ?

Immédiatement, j'imagine qu'il va me demander de coucher avec lui pour garder mon emploi.

— Ne pas lui ressembler, répond-il à sa question.

Je relève la tête, intriguée par ce qu'il vient de me confier.

— Pour vous racheter... je vous ordonne de m'embrasser. Et maintenant.

Il va donc s'amuser avec moi pour obtenir ce qu'il veut en échange de garder mon poste. J'ai donc vu faux, la dame de l'accueil avait raison. Il va attendre que je craque et me jette sur lui.

Je dois trouver un moyen de lui faire comprendre qu'il se trompe. Que je ne suis pas ce genre de femme.

— Vous ressemblez à votre père, lancé-je. Et je le comprends maintenant...

Ce que je fais est méchant. Mais d'un autre côté, soit il va comprendre pour son père ce qui veut dire qu'il est au courant, soit il ne comprendra pas. Là, je serais donc dans la merde.

Ses yeux deviennent ronds. Il se lève de son siège pour venir se placer devant moi. Ses mains se posent sur le bois, tandis qu'il se penche au-dessus de moi.

— On y vient enfin... souffle-t-il. Qu'a dit mon père ?

Je soutiens son regard furieux. Mes doutes viennent de s'envoler. Il n'est au courant de rien. Je suis dans la merde.

— Répondez immédiatement ! exige-t-il sévèrement.

— Quand nous avons parlé... avant... enfin... il pense que vous n'êtes qu'un enfant. Que vous n'êtes pas capable de gérer une entreprise telle que la sienne. Et je commence à penser comme lui. Vous vous permettez de m'utiliser pour obtenir ce que vous voulez. Vous ne vous souciez pas que vos employés sont humains et ont des sentiments. Vous... vous...

Je me tais, à court d'arguments. Il y a tellement de choses que je veux lui dire. Mais je risque ma place. Je sais déjà que s'il va parler de cela à son père, ce dernier me fera virer. J'ai donc dit ce que son père m'a avoué pendant notre première entrevue, pendant que je signais son énorme document. Qu'il n'avait pas vraiment confiance en son fils. Est-ce une énorme erreur que je viens de faire ?

— Je me disais aussi, grogne-t-il. Pourquoi m'ont père vous a-t-il dit ça ? Et je ne vous permets pas de penser quelque chose d'aussi stupide. Vous n'êtes pas à ma place. Je me suis battu pour avoir mon statut de directeur général. Ce n'est pas pour laisser des enfants tout foutre en l'air avec leurs conneries.

J'ai la sensation qu'il parle de moi. Qu'il me prend pour une enfant, car je suis plus jeune que lui.

— Je n'en sais rien, avoué-je. Il me l'a dit. Si je me permets de vous juger, c'est que... vous m'avez... vous... êtes à la fois professionnel et enfantin...

À nouveau, je ne sais pas comment m'y prendre pour lui dire ses quatre vérités.

— En quoi suis-je enfantin, je vous prie ?

My Boss' Love T1 Ancienne Version (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant